49ème CONGRES DE LA CGT : DECLARATION DU SYNDICAT CGT DU CONSEIL GENERAL DU NORD : SYNDICAT DE TERRITOIRE = SYNDICAT DE PERMANENTS
En avril dernier, le syndicat Cgt du CG 59 a envoyé une déclaration au Secrétaire Général et aux membres du CCN. Nous y dénoncions l'abandon des luttes, l'étouffement de la colère du mouvement social et la dérive droitière de notre Confédération.
Les faits n'ont pas cessé de nous donner raison. Les 400 000 suppressions d'emplois pratiquées par les entreprises nationales ou non dans notre pays, prouvent que le patronat sait retourner ses dysfonctionnements à son avantage. Les actionnaires de Molex, Conti, Goodyear, Philips, Electrolux, Nexan ne connaîtront pas l'angoisse du lendemain.
A défaut d'avoir rédigé une motion sur le texte préparatoire du 49ème congrès, texte que nous avons lu sans problème de décodage et déchiré aussitôt avant de retourner sur le terrain, le bureau de notre syndicat réuni le 3 décembre a décidé de publier notre déclaration d'avril qui rend bien compte de notre façon d'analyser cette triste année 2009.
"Syndicat CGT Avril 2009
des Personnels du Département du Nord
Au Secrétaire Général
Aux Membres du Comité Confédéral National
Cher(e)s Camarades,
Nous vous adressons sous forme de déclaration, la position de notre syndicat sur l'organisation des luttes par notre Confédération depuis le début de la crise financière puis économique de novembre 2008. En désaccord avec les positions prises «à la tête», les membres de notre Commission Exécutive réunie le 24 mars dernier ont tenu à rendre public leur désaveu et à faire connaître leurs positions.
DECLARATION
Au lendemain de la victoire contre le CPE, nous pensions que la poursuite du mouvement en faveur de la suppression du CNE aurait été victorieuse. A l'automne 2007, nous étions convaincus que la convergence des luttes autour de la défense des régimes spéciaux de retraite – et par voie de conséquence des régimes de retraite en général - aurait pu aboutir à un nouveau décembre 95. Les volontés et les forces en présence étaient suffisantes. Un appel téléphonique d'un seul homme, notre Secrétaire Général, au Président de la République le plus haï par les militants, a mis prématurément terme à un mouvement prometteur.
L'histoire balbutie et se répète et depuis décembre 2008, nous en sommes au vaudeville de bas étage, avec portes qui claquent, déclarations de matamores et grévistes cocufiés.
Pourtant, depuis novembre 2008, nous assistons à une des crises cycliques mais majeures du capitalisme sous sa (ré)forme libérale : le système financier virtuel mondial implose, les gouvernements distribuent de la monnaie de singe aux banques et aux assureurs - les gens du commun paieront quand même l'addition, les législations du travail et les protections sont largement détruites, l'exploitation et l'insécurité sociale progressent. Profitant de la crise, les patrons et les actionnaires restructurent leurs entreprises et licencient pour augmenter leurs profits. La réalité du système capitaliste est mise à nu dans toute sa crudité, dans toute sa cruauté malgré le divertissement généralisé organisé par les grands monopoles de décervelage : le capitalisme, c'est bel et bien l'exploitation ouverte et directe. Et ce système n'est pas réformable.
Tout cela vous le savez, vous êtes nos représentants, nos têtes pensantes, nous vous avons mandaté(e)s pour organiser la lutte contre ce système d'exploitation et de prédation...et nous sommes déçus
Militants de terrain, salariés en activité, nous avons pris la mesure du rapport de forces existant, du souhait d'émancipation exprimé au quotidien par les gens de la base c'est à dire par ceux qui se heurtent frontalement à la réalité du système. Ces espoirs, ces projets de société, ces colères, ces peurs, ces solidarités, vos choix stratégiques les étouffent et les découragent à un point tel que nous nous demandons publiquement si vos objectifs sont avouables. Votre stratégie d'un jour de grève tous les deux mois au nom d'un syndicalisme pragmatique et responsable c'est l'union au sommet sans les revendications de la base, ce sont les partenaires sociaux sans les militants, c'est la mobilisation des troupes sans la colère et la révolte.
Nous pensons que les choix et les déclarations des représentants des organisations syndicales, les vôtres y compris, font écran aux réalités des luttes de terrain et aux aspirations de leurs bases. Relayés par les officines de propagande capitaliste, ces prises de positions «responsables» rassurent les dominants peu effrayés par la perspective d'un 1er mai unitaire dont la plateforme revendicative édulcorée constitue un nouvel «évangile social». Le catéchisme syndical en lieu et place de paravent social.
Que vous reprochons-nous clairement ? De cogérer la crise ? Oui ! De frilosité politique ? Oui ! De tenter de concilier les antagonismes de classe ? De vouloir réformer ce système sans changer les rapports de production ? Oui et oui ! De refuser d'admettre que «tout mouvement d'émancipation s'appuie contre l'ordre social et politique existant» ? Oui ! De refuser que «toute lutte de classes soit politique» Oui ! De considérer que les «éléments d'une société nouvelle sont en train de se former» et de les entraver » ? Oui.
Dans le numéro du mois d'avril du bulletin confédéral «ensemble» on peut lire Jean-Christophe Le Duigou qui déclare : «qu'une entreprise fasse des bénéfices n'est nullement condamnable. Reste la manière de les générer (engendrer) et l'usage qui en est fait». Nous voici à moraliser le capitalisme comme Sarkozy feint de vouloir le faire. La morale n'est plus en vigueur dans le système capitaliste, où l'argent est le référent universel – devant lui rien ne vaut plus que le prix auquel on achète ou on vend. Alors envisager une éthique du capitalisme par la profession de foi syndicale !
Le 1er mai, comme tous les ans, nous serons dans la rue avec nos camarades des autres syndicats car l'union c'est quotidiennement que nous la construisons. Nous manifesterons mais pas pour vous, pas pour le «renforcement durable» de la CGT comme l'écrit Bernard Thibaut dans son édito du journal déjà cité. Non camarade Secrétaire Général, la crise n'est pas «une opportunité pour travailler au renforcement de l'organisation». La crise n'est pas non plus une opportunité pour manipuler la colère et composer des unions artificielles jusqu'aux élections européennes. Nous, «nous avons un monde à gagner», nous y allons - sans vous s'il le faut.
"Céder un peu sur le concept d'émancipation, c'est capituler beaucoup devant les puissances de l'argent et des armes» - Jacques Derrida
Adopté à l'unanimité des présents lors de la CE du 16 avril 2009
Copie :
Membres du CCN
Union Départementale du Nord
Unions Locales du Nord
Fédération des Services Publics
Sgpen CGT Nord-Pas de Calais
SNPTRI -