A l’attention des syndicats de la CGT
La préparation du 50ème congrès confédéral est engagée. Le processus est d’ores et déjà marqué par une crise focalisée sur le choix du prochain secrétaire général confédéral. Selon nous, cette crise est symptomatique de l’état de l’organisation, de ses dysfonctionnements.
Les syndicats de la CGT doivent s’emparer de ce débat car le choix du prochain secrétaire général de la Confédération ne se limite pas à élire un porte parole. Ce qui est en jeu, c’est non seulement le choix de la stratégie de la CGT mais aussi son fonctionnement démocratique.
Les structures de la CGT se trouvent dans une situation difficile où il faut choisir, dans la précipitation, une nouvelle équipe de responsables. Cette difficulté est le produit d’une profonde dérive. Rappel des faits : l’actuel secrétaire général confédéral a donné l’impression, durant des mois, de vouloir être reconduit à son mandat. La proposition n’a finalement pas été validée, le poste de secrétaire général de la CGT est alors apparu subitement vacant.
Depuis deux mois, les structures de la CGT se focalisent donc sur une attente surréaliste : le choix par l’actuel secrétaire général de son « successeur ». Une nouvelle fois, les syndicats de la CGT vont accepter de se voir imposer un choix biaisé, selon un schéma de cooptation en complète contradiction avec les statuts de la CGT. Quelles que soient les qualités des candidats annoncés, ce fonctionnement anti-démocratique ne peut durer plus longtemps.
En effet, ces dernières années, notre confédération a connu une dérive, marquée par le renforcement du pouvoir individuel dans les prises de décisions. Appliquée au plus haut niveau, ce « management »s’est ensuite diffusé dans de nombreuses structures. L’impact est tel que certains responsables semblent désormais se considérer comme propriétaires de leur structure syndicale, choisissant leur successeur, gérant les dossiers avec des « consultants »non élus, s’accompagnant d’adjoints souriants et dociles… Dérive telle, que lorsque TF1 utilise le terme de « patron »pour désigner certains responsables CGT, ce n’est malheureusement plus une métaphore. Aurait-on oublié que la CGT s’est créée pour combattre le patronat et amener sa disparition ?
Le choix des futurs CE, Bureau et secrétaire confédéraux doit être mené en respect des règles de fonctionnement de la CGT, dont le fédéralisme (article 21 des statuts confédéraux).
C’est le rôle des syndicats de définir les critères qui doivent servir à désigner les prochains responsables confédéraux. Ces critères doivent redevenir ceux qui assuraient l’efficacité de la CGT à l’époque des grandes conquêtes sociales :
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des militants ayant eu une véritable activité professionnelle ;
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des militants exerçant une activité syndicale réelle sur le terrain et ayant obtenu des résultats ;
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des militants indépendants des réseaux de la bourgeoisie (franc maçonnerie, clubs de réflexion, associations caritatives,…).
Car il faut également prendre conscience des faiblesses de la confédération. L’objectif du million de syndiqués n’a pas été atteint, et ce malgré l’audience et la popularité de notre organisation. Cet échec s’explique donc par des raisons internes.
Ce qui manque de plus en plus dans nos rangs, c’est du savoir-faire. Ce savoir-faire ne peut émerger de réunions de travail, fonctionnant avec des « spécialistes », le plus souvent en huis clos. Notre intelligence ne peut être que le produit d’un processus collectif, fertilisé par une implantation réelle dans le salariat. Si nous voulons que les responsables syndicaux impulsent l’action et la réflexion, il faut que ces responsables ne soient pas déconnectés de la vie syndicale de terrain et du monde du travail.
Or beaucoup de structures CGT semblent vouloir nier le fait que le salariat a été totalement transformé ces dernières décennies. Si nous voulons adapter la CGT à la réalité sociale, si nous voulons l’implanter dans les entreprises et dans les quartiers, il faut donc confier les responsabilités à des militants imprégnés de cette réalité.
C’est le bilan que nous tirons de la nouvelle loi sur la représentativité, issue des « réflexions » des « spécialistes » confédéraux. Ces réflexions de la technostructure ont donné naissance à un droit syndical qui a fragilisé les campagnes d’implantation de la CGT dans les PME. Le droit syndical a été pensé selon le modèle électoral qui règne dans la fonction publique, selon les règles de la « démocratie » parlementaire.
Oui, mais voilà, les PME ce n’est pas la démocratie parlementaire, c’est la répression antisyndicale, le paternalisme et le harcèlement moral. Les nouvelles sections CGT s’y retrouvent donc fragilisées, sans DS et sans représentativité jusqu’aux prochaines échéances électorales.
C’est ce qui nous fait dire que la stratégie confédérale et l’impulsion de l’action doivent être menées par des militants en osmose avec le salariat et avec les syndicats CGT.
C’est donc aux syndicats de s’emparer de cette question fondamentale et de mandater leur délégué au prochain congrès confédéral. Les futurs membres de la CE confédérale doivent correspondre à ces critères d’efficacité.
Le débat fraternel et démocratique comme impulsion confédérale
L’actuel secrétaire général de la CGT se positionne comme le garant du conservatisme d’appareil. Le retranchement derrière un discours politiquement correct sert de justification à un repli frileux sur l’appareil. Les belles résolutions votées lors des derniers congrès confédéraux n’ont pas été suivis d’effet. Les décisions concernant la syndicalisation des salariés du privé, des jeunes et des précaires n’ont pas été matérialisées par une impulsion confédérale. Cela est vrai pour la restructuration des syndicats en direction de ce salariat majoritaire (syndicats de site, professionnels,…), la relance des Unions Locales ou encore la campagne de syndicalisation dans les TPE. Ces dossiers fondamentaux sont marginalisés.
Dans les bureaux de Montreuil, la priorité semble ailleurs : le secrétaire général veut imposer dans la précipitation une successeure. Nous rappelons qu’il n’a aucune légitimité pour le faire. Ce camarade n’a pas plus de droit que tout autre adhérent de la CGT. S’il veut exprimer des choix personnels c’est dans le cadre de son assemblée générale de syndicat qu’il peut le faire.
Tout comme les autres responsables de la Confédération, il n’est pas propriétaire de son mandat et ne peut déposséder les syndicats du choix de désigner leurs représentants.
Cette crise, limitée pour l'instant au cénacle de l'appareil confédéral, pourrait ouvrir une crise plus large, de nature à porter atteinte à l'unité de l'organisation. Une telle crise engagerait la responsabilité de ceux qui en sont à l'origine.
En fait, la direction actuelle ne mesure
pas les attentes et les changements qui sont appelés par les militants en ce qui concerne le fonctionnement et les prises de décisions. L'idée d'une CGT dirigée par
le
haut est en contradiction avec les attentes des syndiqués. Elle est édifiante de la perte du sens des réalités.
Les syndicats de la CGT doivent donc s’emparer du débat et s’engager dès à présent dans la préparation de leur 50ème congrès confédéral.