A Propos du 49ème congrès
Je viens de recevoir le "4 pages" de masse pour le 49eme congrès encarté dans "ensemble". (Combien j'aurais apprécié que cela reste dans
le champ éditorial de la VO et ce que représente ce titre pour le syndicalisme et son ancrage aux luttes).
B Thibault, dans son édito, nous rappelle que : "La CGT
demeure la référence dans le syndicalisme français. A ce titre, on attend d'elle davantage de résultats, ce qui lui confère plus de responsabilités que les autres". Et là, devant les injustices aussi criantes que celles qui déferlent depuis des mois, on fait comment pour mettre en musique la belle maxime
ci-dessus?
En lisant les textes du congrès, j'espère ne pas avoir compris : le but ne serait plus de mobiliser pour mener des luttes mais de
peser dans des discussions avec le patronat et le gouvernement. Le rapport de force ramené à un lobbying ? La négociation comme objectif et plus comme un des moments du rapport de force pour
faire reculer le capital.
Peut-on avancer dans une négociation en faisant l'économie de la mobilisation la plus large ? Et si non pourquoi n'est-elle pas
la priorité du débat et de l'action ?
J'ai peur de réveils de plus en plus douloureux si nous persistons dans cette voie. Quand le patronat et le gouvernement avancent d'un
même pas sabre au clair contre le monde du travail, la négociation n'a pas à avoir la primauté mais l'urgence, c'est la construction de ce rapport de force pour se défendre. Pour les discussions,
en l'état, puisqu'on en sort amoindris voire mutilés, cela peut et doit attendre.
Or, sur ce qui fait débat dans la société française : le pillage des richesses par le capital, la misère et l'exclusion qui
progressent, l'éducation et la santé devenues produits de luxe, les caisses de la sécu comme intraveineuses des profits de l'industrie pharmaceutique et des cliniques privées, les attaques contre
les libertés et les garanties démocratiques, la livraison à la rentabilité capitaliste des services publics et leur privatisation, le nivellement par le bas du droit du travail avec la complicité
de la CES au niveau de l'UE, les documents en débats pour le congrès apportent-ils des réponses au niveau nécessaire? Celles apportées vont-elle dans le sens de cette urgente réponse aux urgences
sociales ?
A lire la tonalité et le fond des documents en débat pour le congrès, qu'il soit permis d'en douter et même de redouter une rupture dont la satisfaction
s'entende plus à Neuilly qu'à Ivry, à Deauville qu'à Thionville.
La CGT a l'habitude de débats parfois graves (sans revenir, l'âge aidant, à 77-82 et le soutien indéfectible au programme
commun, au débat sur la casse de l'échelle mobile par le PS et ses allies ou soutien critique de 83, ou encore au positionnement de la CGT en 97, dans l'orga au refus de la réforme des
cotisations), le débat majoritaire à imposer pour que la CGT appelle à dire NON au traité constitutionnel sur l'UE contre l'avis du B.C., les syndiqués en ont pris l'habitude. Globalement le fond
d'analyse de classe permettait de poursuivre le combat.
Mais de quels repères un syndicalisme efficace va-t-il disposer si de relâchement en abandons et recherches d'alliances ou partenariats de plus en plus exotiques au regard du rôle du syndicalisme et contraires aux intérêts des salariés, si le refus de prendre en considération l'antagonisme fondamental capital-travail comme cause première de la crise devait piloter l'action de la CGT et devenir sa norme?
Le congrès va-t-il permettre un ressaisissement ? En l'état, même si je l'espère, rien n'est moins sûr.
Camarades délégués au congrès, ne l'oubliez pas ; ce qui fait gagner Parisot et piaffer Sarkozy c'est d'abord le repli ou la peur pour
ceux qui ont charge d'organiser la riposte.
C'est le contenu des orientations qui fixera le mandat. Le débat de fond est là.