Appel de l’Enseignement supérieur et de la Recherche aux candidats à l’élection présidentielle et aux citoyens
L’appel ci-après d’universitaires (enseignants, personnels et étudiants) a en quelques jours recueilli l’assentiment de près de 5000 personnes.
Il condamne fermement les réformes imposées ces 5 dernières années à l’enseignement supérieur et la recherche et s’adressant à la fois à l’opinion publique et aux candidats à la présidentielle, propose entre autre, un remplacement de la Loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités dite LRU, ainsi que l’abrogation des décrets qui l’accompagnent.
Il recommande également d’en finir avec les dispositifs de mise en concurrence qui ruinent la confiance des personnels et qui de fait nuisent aux missions fondamentales de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Certes, versant en cela en période électorale au traditionnel penchant à l’appel à l’engagement des candidats et à la vigilance des électeurs, cet appel ne fait pas mention de la nécessaire mobilisation des intéressés, avant, pendant et APRES le moment électoral, comme élément décisif des avancées revendicatives.
Pourtant maints indices montrent que de nombreux universitaires instruits des expériences passées des alternances qui ne changent rien se mobilisent déjà dans les établissements autour de l’appel afin de donner chair à l’objectif de rendre l’université et la recherche à ses missions de dimension réellement universelle.
FSC
Appel de l’Enseignement supérieur et de la Recherche aux candidats à l’élection présidentielle et aux citoyens
L’actuel gouvernement présente la réforme de l’Université comme l’une des grandes réussites du quinquennat. Il prétend avoir donné aux universités leur autonomie, avoir fait, en faveur de
l’Enseignement supérieur et de la Recherche, « des efforts financiers sans précédent », avoir engagé une politique
de l’excellence qui commencerait à porter ses fruits au niveau international et avoir réformé la formation des maîtres pour parvenir à une « meilleure formation des enseignants ».
Vous avez dit « autonomie » ?
Les universités subissent une tutelle du Ministère toujours plus tatillonne et dépendent de plus en plus de financements privés et
d’impératifs de rentabilité immédiate. L’attribution des crédits récurrents de l’État est toujours aussi parcimonieuse et opaque. Et les « Responsabilités et Compétences Élargies »
imposées aux universités ne contribuent en rien à leur autonomie puisque l’État leur délègue de nouvelles charges financières sans les compenser.
Alors que le gouvernement affiche l’Enseignement comme secteur prioritaire, aucun poste d’enseignant n’a
été créé dans le supérieur depuis 2008. Le budget des universités, hors inflation, est en baisse d’environ 1 %. La liste des universités en déficit
structurel ne cesse de s’allonger, imposant à l’État une mise sous tutelle contraire à l’autonomie qu’il prétend donner. Partout le développement des emplois précaires sert de variable
d’ajustement à des budgets très contraints.
L’indépendance scientifique et les libertés académiques des universités, des enseignants-chercheurs et des chercheurs ne sont plus
respectées.
Vous avez dit « excellence » ?
Le culte de l’excellence – mot magique jamais défini – ne peut faire oublier comment la recherche est malmenée dans notre pays :
diminution des financements récurrents des universités et des organismes de recherche (jusqu’à – 90 % dans certains laboratoires), suppression de 10 % des emplois administratifs du
CNRS, sans lesquels les chercheurs ne peuvent travailler.
L’application de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) ravale des établissements de recherche comme le CNRS ou l’INSERM, que
le monde entier nous envie, au rang de simples « agences de moyens ».
Pour faire remonter les universités dans des classements internationaux aux critères très discutables, le gouvernement a poussé aux
regroupements en tous genres. Cette course au gigantisme a fait naître un système à plusieurs vitesses. Les disparités entre universités se creusent et menacent les équilibres inter et
intra-régionaux, obligeant les étudiants à une mobilité qui pénalise les moins favorisés.
Une concurrence généralisée s’est instaurée, entretenue par deux agences de pilotage et d’évaluation très coûteuses, au fonctionnement
opaque : l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et l’Agence d’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (AERES). Les universitaires et les chercheurs gaspillent désormais une part considérable de leur temps à rédiger rapports d’activité, dossiers de demande de
financement et appels à projets, au détriment de leurs missions fondamentales de recherche et d’enseignement.
Vous avez dit « une meilleure formation des enseignants » ?
Des rapports de l’Assemblée nationale et de la Cour des comptes l’ont désormais établi : la réforme de la formation des enseignants
des premier et second degrés est un échec flagrant.
Elle aura finalement provoqué la chute du nombre de candidats aux concours, le démantèlement ou l’affaiblissement des IUFM et la
désorganisation des UFR, l’augmentation du nombre d’enseignants précaires, et conduit de jeunes professeurs à exercer à temps plein sans formation professionnelle suffisante.
Nos concitoyens doivent savoir que le monde de l’Enseignement supérieur et de la Recherche est au bord de l’asphyxie.
Nous demandons une nouvelle politique pour l’Enseignement supérieur et la Recherche, en rupture avec les réformes destructrices que nous subissons depuis des années. Celle-ci devrait reposer sur les dix principes et objectifs suivants :
Nous entendons défendre des valeurs républicaines :
droit à la connaissance pour tous
droit de choisir sa filière sans discrimination financière ni territoriale
droit de s’engager dans des études ou de mener des recherches qui ne sont pas immédiatement rentables.
Il y va de l’avenir de notre société et des générations futures.
C’est pourquoi nous, enseignants-chercheurs, enseignants et chercheurs, bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, personnels sociaux et de santé, étudiants, lançons un appel solennel pour que soit mis un terme à toutes ces réformes, dont les effets sont dévastateurs. |
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