Avis de grève dure chez Airbus

Publié le par FSC

Libération-Toulouse

Le camping ouvrier à Clément Ader pour maintenir les Bélugas sous surveillance. Photo: DR

Airbus caping  

 

 

 

 

CONFLIT. «On a jamais vu ça. Les anciens disent que ça leur rappelle les grèves de 1974»: “ça”, c’est la grève tournante de la production d’Airbus à Toulouse, Méaulte et Saint Nazaire lancée depuis trois jours par les cinq syndicats français de l’avionneur européen.

Plus fort encore, c’est aussi le blocage 24 heures sur 24 sur le site Clément Ader de Colomiers des avions cargos Belugas chargés d’acheminer les tronçons des avions entre les différents sites d’assemblages européens.

A l’entrée de la cafétéria de l’usine Louis Breguet, Christian Lloret, élu CGT d’Airbus exhibe le tract qu’il distribue à l’heure du déjeuner. «Pour la première fois, les revendications sur les salaires, l’embauche et l’arrêt du plan Power 8 y sont  signés par une intersyndicale regroupant à la fois FO, la CFE CGC, la CFTC, la CGT et la CFDT, dit-il. On est loin des grévounettes de deux heures auxquelles s’était habituée la direction».

13h30 ce mercredi 28 avril, la grève chez Airbus entre en phase de durcissement. Outre le blocage de l’assemblage de l’A380, celui de la production des mats et réacteurs et celui du Bureau d’études prévu pour les prochaines 48 heures, les grévistes s’organisent pour réduire à néant l'approvisionnement des chaines d'assemblage en pièces détachées pendant le week-end crucial du Premier mai.

Cinq Bélugas cloués au sol, c'est tout Airbus qui s'arrête. Les métallos de l'air ne lâchent pas le manche:

 

Pèse toutefois sur leurs épaules la hantise du cassage de gréve : «Les salariés qui se préparent à maintenir leur campement devant le hangar de déchargement des Bélugas soupçonnent la direction de vouloir leur empêcher l’accès du site et d'embaucher des intérimaires pour faire le boulot à leur place», indique Edouard Forgue, secrétaire CGT d’Airbus Toulouse.

Une hantise largement justifiée, selon lui, par l’attitude du management d’Airbus depuis le début du conflit: il y a d’abord eu la réunion à Toulouse du mercredi 21 avril entre l’ensemble des syndicats et les patrons, le co-président d’EADS Tom Enders et le directeur d'Airbus Fabrice Brégier.

«L’autisme alors affiché face aux revendications sur les hausses de salaires, les embauches et l’arrêt des délocalisations a mis le feu aux poudres, raconte Christian Lloret. Ils ont parlé des problèmes de l’A380 et des retards sur les livraisons dus au nuage de particules venu d’Islande tout en nous rappelant que les salariés d’Airbus étaient des privilégiés dans le contexte de crise actuelle».

L'effet immédiat a été de liguer l’ensemble des syndicats. «On pouvait pas mieux faire, commente Edouard Forgues. Maintenant, c’est eux qui sont assis sur un volcan. Au lieu de l’admettre et de négocier, ils persistent en faisant venir des huissiers sur les piquets de grève et en menaçant les grévistes de sanctions».

La prochaine éruption, c'est l’arrêt total des chaines d’assemblages prévu au plus tard pour le début de la semaine prochaine. A condition cependant que l’union sacrée entre les syndicats tiennent jusque là. «Il y a toujours le risque que certains lâchent en route, souffle Christian Lloret. Mais dans ce cas là les salariés ne pardonneront pas».

J-M.E

Publié dans Luttes - actualités

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