Conseil de discipline du 1er responsable CGT énergie Paris

Publié le par FSC

Ci joints deux textes lus devant les direction d'Erdf et Grdf avant la tenue de la première réunion du Conseil de discipline convoqué pour sanctionner notre camarades Cédric, secrétaire général du syndicat CGT énergie Paris, pour avoir assumé ses responsabilités de responsable syndical.
 
La solidarité doit s'amplifier dans les jours qui viennent et chacun doit prendre ses dispositions pour participer aux prochains rassemblements. Car la proposition de sanction, si elle n'est pas connue encore, risque d'être lourde. Et puis, toute sanction pour activité syndicale nous fragilise tous.



1°) Ce texte est un résumé pour expliquer notre lutte et notre combat mené au printemps 2009 pendant 10 semaines.

Voilà maintenant plusieurs années que nos entreprises EDF et GDF subissent de multiples réformes de structure commanditées par les tenants du capital qui y voient une formidable opportunité de conquérir un marché nouveau, celui de l'électricité et du gaz jusque là inaccessible pour les spéculateurs et autres actionnaires puisque ce secteur était nationalisé.

En effet, au sortir de la seconde guerre mondiale et de ses effroyables massacres perpétrés par le régime nazi, Marcel Paul, rescapé des camps de la mort alors ministre communiste de la production industrielle du gouvernement De Gaulle, mit en place la nationalisation du gaz et de l’électricité ( loi du 8 avril 1946 ), conformément au programme du Conseil National de la Résistance qui prévoyait de rendre à la nation les richesses qui lui appartenaient.

De cette date jusqu’à aujourd’hui, le patronat n’a eu de cesse de s’attaquer à nos deux entreprises pour finalement après 60 ans de réussite industrielle et sociale, libéraliser le marché du gaz et de l’électricité, ouvrir le capital d’EDF, privatiser GDF et mettre les deux énergéticiens en concurrence frontale.

Depuis, on assiste à des réductions d’effectif massifs, à l’embauche éhontée de personnels précaires réalisant du travail statutaire, à l’abandon de l’investissement dans la sécurité du réseau, au gel des évolutions de carrière, à l’augmentation vertigineuse des prix du gaz et de l’électricité pour les abonnés, tout ça dans un seul but : rémunérer et engraisser le patronat et les actionnaires sur le dos des agents et des usagers.

Tous ces évènements ont depuis des années dégradé fortement les conditions de travail et de vie des agents d’EDF et GDF, c’est de cette situation qu’est né le mouvement de lutte historique qui traverse actuellement nos entreprises.

 

-Historique parce que cette grève ne prend pas sa source dans la défense d’un acquis que les directions voudrait attaquer, mais bel et bien pour la réappropriation des richesses que nous créons en tant que salariés au quotidien au travers de l’augmentation du salaire national de base, au vu des bénéfices monstrueux des 2 entreprises, 4,4 milliards d' euros de bénéfice net pour EDF dont 2,4 milliards donnés aux actionnaires, 6,8 milliards d' euros de bénéfice net pour GDF dont plus de 5 milliards donnés aux actionnaires et une proposition indécente de 0,3% d' augmentation pour les salariés.

-Historique par son ampleur et sa durée, en effet l’ensemble du territoire a été impacté par ce mouvement qui a duré durant 3 mois, et où des milliers d’agents ont porté haut et fort leur soif de justice sociale au travers d’actions décidées collectivement et menées de façon responsable et digne.

-Historique dans la mesure où l’on a assisté à la réappropriation massive par le personnel de l’outil de travail, répondant ainsi à l’appel unitaire des 5 fédérations syndicales.

-Historique car les électriciens et gaziers de tous les services, ont marché main dans la main, revendiquant haut et fort le fait d’être collègues, et d’appartenir toutes et tous au service public de l’électricité et du gaz.

-Historique enfin, car toutes les générations et notamment les jeunes qui touchent pour beaucoup d' entre eux 1100 euros net à l'embauche, rejettent en bloc la politique libérale des directions qui ne peut aboutir qu’à un désastre industriel et social.

 

Face à ces revendications justes et légitimes, les directions de GDF et d’EDF ont choisi la voix de la répression la plus violente dans le but de stopper net, ce raz de marée contestataire.

 

Depuis 3 mois, on assiste à une véritable chasse aux grévistes CGT partout sur le territoire, puisque ce sont plus de 240 agents au national qui sont traduits en procédures disciplinaires.

Ceci est le résultat de la pression énorme que mettent le gouvernement et les dirigeants d’EDF et GDF sur la hiérarchie de proximité, afin qu’elle sanctionne pour l’exemple des femmes et des hommes qui se battent au quotidien pour l’intérêt collectif.

Le 14 mai 2009 à Paris ce sont 74 grévistes qui ont été raflés par la police, placés en garde à vue, mis à nu dans les commissariats parisiens pour avoir osé manifesté.

Des gaziers parisiens ont vu durant le mouvement, leur domicile personnel surveillé par les forces de police comme on le ferait pour de dangereux criminels.

Depuis maintenant 3 mois, chaque rassemblement de manifestants ne se fait qu’en présence de la police, des huissiers de justice, des vigiles accompagnés de chien d’attaque sont postés sur les sites de travail, des CHSCT sont mis sous la surveillance d’huissier dissimulés dans des pièces adjacentes, la direction a réquisitionné de force les grévistes dans les centrales nucléaires en les menaçant de sanctions si ils ne reprenaient pas le travail.

Il y a quelques semaines, c‘est le représentant CGT au CCE de GRDF qui était convoqué à la brigade criminelle au 36 quai des orfèvres suite à une plainte des directions de GDF!!!.

Que s’est t-il donc passé pour que la direction réagisse de la sorte, emploie un tel arsenal répressif et fasse appel aux forces de police et de justice de la république à l‘encontre du personnel gréviste?

Et bien oui, je me dois de dire la vérité, il y a bien eu des débordements durant le mouvement, on a pris la main dans le sac des agents dégonflant les pneus des véhicules de service, on a vu des agents parisiens conduire des véhicules de service en dehors des heures de travail, en dehors des périmètres d’intervention pour rentrer chez eux; on a vu des agents quitter leur poste de travail et se dissimuler le visage avec un plan de Paris place de la Bourse pour noter le nom des participants lors d' une manifestation ; on a vu des agents passionnés de photographie, abandonner leur poste de travail et photographier leurs collègues depuis leur bureau caché derrière une vitre, sûrement par timidité je présume; on a vu des agents intervenant sans habilitation et sans la tenue « image de marque » sur des installations gaz, mettant ainsi en danger la sécurité des abonnés concernés, on a assisté à la surfacturation de 140 000 foyers en gaz pour un montant de 4,2 millions d’euros; à Paris, des agents d’ERDF ont refusé d’accomplir des missions de sécurisation du réseau entraînant plusieurs explosions de tampons de boites réseaux, entraînant la blessure au visage d’un agent; mais plus grave encore, on a appris de source judiciaire en plein conflit, le refus par certains agents à GDF d’accomplir des missions élémentaires de service public qui ont entraîné la mort de 18 abonnés et en ont blessé 16 autres à Mulhouse.

Tous ces évènements révèlent effectivement des débordements injustifiables que l‘on ne peut accepter et qui nuisent gravement à l‘image de l‘entreprise……sauf qu’ils n’ont pas été commis par des grévistes, mais par des hiérarchiques locaux et nationaux et ce, jusqu’au plus haut niveau de l’entreprise!!

 

Yves Colliou, actuel directeur général adjoint de GDF-SUEZ a reconnu à la barre du procès de Mulhouse je le cite « GDF reconnaît sa responsabilité COLLECTIVE dans ce drame » (18 morts, 16 blessés)

 

Pierre Gadonneix actuel PDG d’EDF et PDG de GDF au moment des faits le 26 décembre 2004, a augmenté sa rémunération de 25% pour partir à la retraite en fin d’année avec 500 000 euros par an de pension, curieuse façon de le sanctionner…

 

Jean-François Cirelli, actuel vice président de GDF-SUEZ, s’est exprimé concernant ce drame et a dit je cite « il est clair que cette conduite en fonte grise aurait du être remplacée, c’est une erreur tragique qui relève d’une responsabilité de l’entreprise ».

En conséquence sa rémunération a augmenté de 183% pour passer de 500 000 euros annuel à 1 300 000 euros annuel, curieuse façon de sanctionner…

 

J’ajoute que la présidente du tribunal madame Christine Schlumberger a déclaré dans sa lecture du jugement je cite « l’abandon de la politique de renouvellement des fontes grises, alors même que la CGT en a rappelé à plusieurs reprises les dangers, constitue une faute »

 

Dans cette affaire effroyable dont le verdict est intervenu en plein conflit le 8 juin 2009, GDF a été jugé je cite « coupable d’homicides, de blessures et de destructions involontaires par négligence, imprudence et différents manquements »

 

Au total, la direction de GDF est rendue responsable de plus de 30 morts suite aux explosions à Dijon, Bourg en Bresse et Mulhouse.

 

Alors que dire et que penser lorsque le DRH de GRDF se fend d’un édito dans « OSONS » no 8 (journal interne de la direction) et qu’il écrit je cite : « ce mouvement social se caractérise par le non respect de la sécurité des biens et des personnes incompatible avec l’exercice de notre métier »

 

Et bien oui, lors de ce printemps 2009 historique, des milliers d'agents EDF GDF ont décidé de lutter pour la défense et le développement du service public de l'électricité et du gaz, pour se réapproprier les richesses dont ils sont les premiers créateurs, pour que tous les français quelque soient leur classe sociale, aient accès à l'énergie qui est un bien vital et un droit pour tous.

 

Le patronat a volé EDF GDF qui appartenaient depuis 60 ans à la nation et à son peuple, aujourd’hui nous avons rejoint le maquis afin de renationaliser nos entreprises, nous ne sommes pas prêt de le quitter!!

 

 

 

"L' ELECTRICITE, LE GAZ C' EST PAS POUR LE PRIVE, C' EST UN DROIT POUR TOUS LES USAGERS!!!"

 

 

2°) Monsieur le Président,



    Vous nous permettrez, avant de tenir cette instance inique, d'avoir le souci de votre personne et de vous dire qu’elle est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ?

Vous apparaissez aujourd’hui rayonnant et sur de vous dans l'apothéose de ce rassemblement, et vous vous préparez à présider au solennel sacrifice de notre camarade Cédric. Mais quelle tache de boue sur votre nom -- j'allais dire sur votre règne – car vous comptez bien régner en maître pendant ce procès honteux, que cette abominable affaire Liechti ! Vous répondez aux ordres, monsieur, de vos supérieurs, d’écraser coûte que coûte la CGT, la fin justifie les moyens. Mais quel soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. Vous prenez le risque si votre décision est une sanction de poser à tout jamais sur votre visage une souillure indélébile, l'histoire écrira que c'est sous votre présidence qu'un tel crime social a pu être commis. Puisque les directions osent cette politique répressive, il faut bien que le Personnel ose, lui aussi, dire la Vérité pleine et entière. Il est là pour cela pour vous dire en face que les criminels ne sont pas de son côté.    

S’il y avait de votre côté de la table un tant soit peu de loyauté alors vous dénonceriez les véritables responsables d’une politique criminelle qui a causé la mort de nombreux innocents, par des explosions de Gaz, au lieu d’obéir platement à des directives qui vous envoient dans le mur et qui vient d’un marigot malfaisant de vrais coupables actionnaires accrochés à leurs dividendes.

Je tiens donc à m’adresser à vous, monsieur le Président, pour la crier cette vérité, de toute la force de ma révolte d'honnête homme.

La Vérité d'abord sur notre camarade Cédric, que lui reproche t’on ?

D’avoir été l’initiateur de quelques uns des nombreux rassemblement du mouvement historique du Printemps. Mais sachez Monsieur que les décisions prises l’ont été démocratiquement et qu’il est du rôle du secrétaire général d’un syndicat de les faire appliquer. La CGT n’est pas le Titanic. Les ordres ne sont pas donnés par l’imbécillité d’un chef, que personne n’ose contredire, qui envoie des hommes et des femmes à la mort. C’est le principe du fonctionnement démocratique qui conduit le bateau de la CGT, c’est celui là qui nous emmène depuis 1895 et c’est celui là qui nous emmènera à la victoire.



La Vérité ensuite sur la situation du Personnel. Pourquoi y a t-il eu un tel mouvement au printemps ?

Parce qu’il n’est plus possible pour la majorité du Personnel de vivre comme vous voulez les faire vivre.

L’indécence des salaires dans nos entreprises, les pressions de tous ordres et à tous les niveaux, le traitement inhumain fait à certains, à titre d’exemple, met les agents dans un véritable cauchemar pour qui sait les observer dans les détails vrais. Dans leur temps passé à l’entreprise mais également chez eux quand ils en ont un, car combien faute de moyens restent au mieux chez leurs parents au pire dorment en foyer ou dans la rue comme des miséreux.

Mais la misère, Monsieur, engendre la colère, ne vous étonnez donc pas de la voir s’exprimer encore et encore, et ce n’est pas fini…

La Vérité enfin pour qui accepte de la regarder en face sur votre propre culpabilité. Car vous êtes coupable Monsieur vous et vos colistiers de transformer cette instance statutaire créée en 1946 pour la défense du Personnel en véritable inquisitoire au préalable duquel vous avez déjà pris votre décision.

Et cela sur un dossier, comme d’habitude dans cette période de criminalisation de l’action syndicale, créé de toutes pièces.

Ah ! Le néant de cet acte d’accusation ! Qu'un homme puisse être sanctionné sur un dossier aussi vide, c'est un prodige d'iniquité. Je vous défie messieurs et mesdames, s’il reste en vous quelque honnêteté intellectuelle à sa lecture de prononcer une sanction, sans que votre cœur bondisse d'indignation et mieux encore ne fasse crier votre révolte. Révolte oui, face à l’instrumentalisation que les Directions font de vous.

Mais je m’arrêterais là car il est temps de conclure.

C’est par ma voix que le Personnel accuse les Directions Nationales de vouloir museler les Syndicats CGT pour tuer dans l’œuf toutes leurs volontés revendicatives.

C’est par ma voix que le Personnel accuse les Directions Nationales d’engendrer par cette politique autoritaire et répressive un mal vivre de plus en plus profond qui mène inexorablement à des suicides, que l’on connaît déjà malheureusement dans nos Entreprises.

De ces gens accusés, il n’y a aucunement de la part du Personnel de haine envers eux. Ils ne sont que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et ce texte que je vous lis n'est qu'un moyen pour hâter l'explosion de la vérité et de la justice, celle qui va avec les intérêts du Personnel.

Quoique que vous fassiez, par quelque moyen que vous agissiez vous trouverez toujours face à vous un Syndicat CGT qui n’a qu’une ambition, celle de transformer la société pour emmener l’humanité qui a tant souffert sur la route d’un bonheur social dans et hors de l’entreprise.

 

CGT ENERGIE PARIS


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