Éducation nationale en grève et manifestation le 31 janvier : que faire pour gagner ?
Ce 31 janvier 2012, les personnels de l’Éducation Nationale sont en grève et manifestent contre la casse de l'Ecole publique , à l'appel en particulier de la FSU. Le Front Syndical de Classe
les soutient sans réserve.
Projet de décret Chatel, un enjeu de classe
Le décret Chatel, qui prétend remplacer l’inspection pédagogique des enseignants par une évaluation par le seul chef d’établissement ou l’IDEN, après entretien, n’est pas un épiphénomène. C’est
une pièce de la destruction du service public en général et de l’Éducation Nationale en particulier, qui s’inscrit dans l’offensive générale contre les salariés et le service public, au même
titre que la réforme des collèges, des lycées, de l’enseignement supérieur, au même titre que la réforme du primaire de 2007-2008 et que la casse de la formation des maîtres.
En réalité, il s’agit de la poursuite de la vaste opération de « réadaptation » des systèmes d’enseignement dans tous les pays de l’Union Européenne. En 2001, le sommet européen de
Lisbonne fixait des objectifs concrets à atteindre dans le cadre d’un agenda précis, tandis que le sommet de Bologne, quelque temps auparavant, avait fixé le programme en matière d’enseignement
directement au service de et piloté par le grand patronat (la fameuse « économie de la connaissance »). Au menu : « compétences », flexibilité, employabilité,
privatisations, casse des statuts, généralisation des modes de fonctionnement de l’industrie privée dans le secteur public, de manière à préparer le lycéen, puis l’étudiant, à être directement
exploitable par le patronat.
En France, le Capital financier exige l’accélération des réformes prévues et, outre la poursuite des suppressions massives de postes, c'est ainsi que s'explique l'offensive « de dernière
minute » du gouvernement Sarkozy pour supprimer les concours de recrutement des enseignants, les IUFM... (voir le rapport Grosperrin et les projets de loi qui en découlent).
C'est qu'en effet, face à la résistance des personnels, ils ont pris du retard pour imposer leurs décisions.
Mais cela leur est d'autant plus urgent que pour faire face à la crise de leur capitalisme, pour que nous payions leur crise, il leur faut mettre en condition les futurs travailleurs (abaissement
des contenus et diminution des heures de cours, mise en place des livrets de compétences et des certifications d’anglais, généralisation des stages et des relations école-entreprises…), mais
aussi briser les résistances des enseignants (renforcement du rôle des chefs d’établissement, remise en cause des statuts de la Fonction publique, casse du statut de l’enseignant qui n’enseigne
plus des connaissances sur la base d’une formation disciplinaire, mais tend à devenir un éducateur polyvalent ; abandon de toute réelle formation des enseignants, remplacée par un discours
moralisateur sur les devoirs : respect de la hiérarchie, investissement dans la mise en place des réformes, détournant le concept de « loyauté » vers celui de
« servilité »…).
Le tout alors que les oligarques et gouvernants invoquent la dette publique, la crise, pour accélérer la mise en œuvre de leurs décisions qui aggravent terriblement le niveau de vie du peuple par
la remise en cause drastique de leurs acquis sociaux et la baisse des salaires, tandis que le Capital est gratifié d’exonérations fiscales et de subventions en tout genre !
Quelle réponse syndicale aux attaques ?
L’heure n'est pas au « dialogue social ». Certains nous disent, à l'image de la CFDT : « Il faut infléchir les politiques en cours » ; nous disons au
contraire que les politiques anti-sociales et la régression tous azimuts ne peuvent être négociées ou amendées à la marge. Elles doivent être combattues. Pour cela, il faut arrêter de se
camoufler derrière l’unité pour ne rien faire : l’unité, la seule, c’est celle qui se construit dans la lutte comme aujourd’hui.
À la gravité des attaques contre nos droits, nos métiers, il faut répondre par une mobilisation de grande ampleur. L’heure est à la lutte, à la construction d’un mouvement qui unisse l’ensemble
des travailleurs contre les politiques d’austérité, contre les projets visant à retirer aux peuples toute possibilité de modifier les politiques mises en place (la « règle d’or » de
Sarkozy-Merkel), un mouvement qui s’attaque au capitalisme en crise.
C’est comme cela que l'euro-politique de Sarkozy, quel que soit celui qui lui succèdera, pourra être mise en échec.
Pour gagner, il nous faut des syndicats qui s’inscrivent dans la lutte des classes, unissant à la base les travailleurs pour la défense de leurs droits et revendications, indépendants du
patronat comme de l’État et de l’Union Européenne, cette machine à broyer les travailleurs.
Le Front Syndical de Classe, janvier 2012