La CGT reconduite à la présidence du CESER de Champagne Ardenne : « Pas de lutte des classes au Ceser »
Patrick Tassin pense qu'il faut relancer l'industrie par l'agro-industrie.
Patrick Tassin vient d'être réélu pour trois ans à la présidence du conseil économique, social et environnemental régional (Ceser, ex-CESR) de
Champagne-Ardenne.
Pourquoi un syndicaliste, qui plus est CGT, se retrouve-t-il à la tête d'un Ceser ?
C'est relativement rare, et c'est incompréhensible et aberrant que cela le soit. Les Ceser ont un seul intérêt : ils rassemblent des personnalités d'horizons
très divers et parfois opposés. Dans la région, on est arrivés, très difficilement, il y a trois ans, à faire passer l'idée que ce n'était pas absurde d'avoir un président issu du collège
syndical. […] Au bout de trois ans, il y a une avancée considérable.
La région risque d'être dans le rouge en 2014
Le résultat que j'ai obtenu cumule le vote du collège syndical dans son intégralité, le vote de la quasi-totalité du collège des personnalités qualifiées, mais
également d'une petite partie du collège patronal. C'est un début de prise de conscience.
Il faut arriver à franchir la lutte des classes. Je suis un adepte de la lutte des classes mais elle n'a rien à faire dans un Ceser.
Vous avez dû prendre des positions plus souples pour arriver à ce consensus ?
En tant que membre du Ceser, dans les groupes de travail, je
me prononce comme n'importe qui. Mais une fois que le débat et le vote ont eu lieu, je m'oblige à défendre la position de l'assemblée, quelle que soit ma position initiale. Je ne suis pas sûr
que tous les présidents de Ceser en fassent de même.
Quel sera l'impact du budget régional de 2011 sur l'économie ?
Globalement, on ne s'attend pas à un recul de l'investissement de la région
en direction de l'économie, que ce soit par les aides aux entreprises ou l'investissement. Mais on sent bien qu'on est en train d'entrer dans une période de plus en plus compliquée qui va
conduire à des choix. En gardant ses périmètres d'investissement actuels, en remboursant ses emprunts et dans la mesure où elle ne peut plus jouer sur ses recettes, nous avons calculé que la
région risque d'être dans le rouge en 2014.
Nous avons alerté les élus en leur disant qu'il faut, soit qu'ils trouvent des financements, soit qu'ils demandent à l'État de revoir sa politique de
dotation.
Sur quoi doit s'appuyer l'économie régionale pour se développer ?
Il ne faut pas faire une croix sur l'industrie. Il faut parier sur une
évolution de notre industrie en se dirigeant vers des types de productions nouveaux qui tirent une valeur ajoutée beaucoup plus importante qu'aujourd'hui. C'est par exemple ce qui relève de
l'agro-industrie. Nous avons un vrai créneau avec nos voisins picards : celui de la chimie verte. Et l'arrivée de l'École centrale en est un symbole.
Si on arrive à rassembler recherche et enseignement de haut niveau sur un secteur qui peut se développer, on peut réaliser quelque chose.
Recueilli par Julien Bouillé Source lunion.presse.fr