La place Louis-Renault symboliquement rebaptisée

Publié le par FSC

La place Louis-Renault symboliquement rebaptisée

Le PArisien

 

ANNE-SOPHIE DAMECOUR | 06.06.2011, 07h00

«A chaque tentative de réhabilitation, nous nous mobiliserons », déclare d’emblée Roger Silvain ancien responsable CGT des usines Renault Billancourt (et président du FSC, note du FSC).

A bientôt 80 ans, l’ex-syndicaliste, qui a passé la moitié de sa vie dans les usines de Renault Billancourt, était présent, samedi après-midi, aux côtés des élus et membres de la section communistes de Rueil-Malmaison pour débaptiser la place Louis-Renault et l’appeler « place des salariés de Renault fusillés par l’occupant (1940-1944) ».


A l’origine de cette action : le retrait d’une photo représentant Louis Renault en compagnie d’Hitler au musée d’Oradour-sur-Glane, mais aussi un reportage, début mars, au 20 Heures de France 2 dans lequel les héritiers de l’industriel défendaient leur grand-père des accusations de collaboration sous l’occupation allemande.

Car c’est bien ce qui se trouve au cœur de la polémique : le fondateur de la marque au losange a-t-il, oui ou non, collaboré avec l’envahisseur allemand? « Depuis mon arrivée chez Renault en 1946 le rôle de Louis Renault a toujours fait débat, mais nous assistons en Europe à une très grosse opération de communication pour blanchir l’attitude du patronat sous l’Occupation », souligne Sylvain Roger.

Soixante-dix ans après les premières éxécutions

Pas question de laisser les héritiers investir seuls le terrain médiatique.Le 8 avril, durant le conseil municipal, Marc Becquey (élu communiste) demandait au maire UMP de Rueil, Patrick Ollier, de changer le nom de la place. Sans succès. « Il n’allait pas défaire ce qu’avait fait son prédécesseur, Jacques Baumel. C’est ce grand résistant, qui a inauguré la place en 1997 », explique l’élu d’opposition.

Elus et syndicalistes s’appuient sur les travaux de l’historienne Annie Lacroix-Riz qui épluche depuis quarante ans les documents sur cette période.

« Je suis frappée par les discordances entre les connaissances historiques actuelles, avec des dossiers très clairs sur le rôle de Louis Renault qui était parfaitement informé, et cette offensive d’image pour réhabiliter l’industriel, explique-t-elle. On parle d‘atrocités maximales dans l’histoire », ajoute la chercheuse à l’université Paris-VII.

Samedi, après ce changement symbolique de nom, la trentaine de personnes présentes s’est rendue au mont Valérien tout proche, où avait lieu une cérémonie du souvenir, soixante-dix ans après le début des premières exécutions de résistants. Les anciens syndicalistes ont trouvé la trace dans un livre d’ArsèneTchakarian, historien et membre de la commission des fusillés du mont Valérien, de 18 salariés des usines qui y aurait été tués dès 1940.

 

Publié dans Luttes - actualités

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