La rémunération de Carlos Ghosn en question à l’assemblée générale de Renault
Le PDG de Renault aura perçu une rémunération de près de 2,8 millions d’euros au titre de l’année 2011, un montant qui passe mal auprès de certains actionnaires et qu’a justifié le président du comité des rémunérations Marc Ladreit de Lacharrière.
"Je demande qu’une modération salariale soit mise en œuvre de manière drastique et la restitution d’une partie de l’argent légalement détournée", a dit l’un des actionnaires de Renault
lors de l’assemblée générale visant directement la rémunération du PDG de l’entreprise.
"En ce qui concerne le salaire de Carlos Ghosn, il faut le voir dans un contexte international", lui a répondu Marc Ladreit de Lacharrière, administrateur de Renault
dont il préside le comité des rémunérations et qui avait longuement détaillé les modalités de la rémunération de Carlos Ghosn dans le déroulé des exposés de l’assemblée
générale.
Au titre de l’année 2011, Carlos Ghosn a perçu une rémunération fixe de 1,2 million d’euros (qui n’a pas évolué depuis 2005, a souligné Marc Ladreit de Lacharrière) à laquelle s’ajoute une part
variable de 1,599 million d’euros (en 2010, Ghosn y avait renoncé). Cette part variable a représenté 130% de la part fixe (elle ne peut pas dépasser 150%) et a été calculée sur la
base "de critères de performance quantitatifs et qualitatifs", a précisé le président du comité des rémunérations de Renault. L’un des critères était le "cash flow" dégagé par le
groupe. "Le cash flow est devenu opérationnel dès l’an dernier, nous en avons tenu compte", a-t-il dit, justifiant la part variable de la rémunération du PDG de Renault.
A cette rémunération, s’ajoute l’attribution de 200 000 options d’achats (100 000 en pour le plan 2012 et 100 000 pour le plan 2012/2013) valorisées à 1,489 million d’euros (Ghosn avait également
renoncé à ses stocks option l’année précédente).
"Le comité a privilégié des choses essentielles pour l’avenir de l’entreprise", a dit Marc Ladreit de Lacharrière. Un avantage que "tous les actionnaires ont ressentis" dans
l’évolution du cours de Bourse, a-t-il ajouté. Depuis le 1er janvier 2012, l’action Renault est en hausse de 28,6% (elle reste en baisse sur un an -7,6%), alors que le CAC 40 a reculé de 1%
(-20,7% sur un an) et que l’action PSA est à -17,9% (-64,5% sur un an).
De fait ces niveaux de revenus très élevés sont devenus la norme pour les dirigeants des grandes entreprises. Ainsi, Carlos Ghosn qui est également PDG de Nissan a perçu du constructeur
japonais une rémunération, nettement supérieure à celle que lui verse Renault, équivalente à 8,4 millions d’euros pour l’exercice 2010/2011 (982 millions de yens convertis au taux de 116,4 yens
pour 1 euro).
Les constructeurs allemands dont les groupes ont dégagés d’importants bénéfices ont également vu leur rémunération atteindre des niveaux similaires, voire supérieurs. Ainsi, pour 2011, le patron
du groupe VW, Martin Winterkorn a perçu 17,4 millions d’euros (dont 15,5 millions de part variable), celui de Daimler, Dieter Zetsche 6 millions (dont 4 millions
de part variable), et celui de BMW, Nobert Reithofer 6 millions (dont 4,9 millions de part variable).
Le PDG de PSA, Philippe Varin, dont le groupe n’est pas en bonne santé financière, a pour sa part uniquement perçu en 2011 la part fixe de sa rémunération soit 1,3 million
d’euros (en 2010 il avait perçu une part variable de 1,9 million).
Florence Lagarde