LETTRE OUVERTE DE JACKY OMER, RETRAITE CGT AU CAMARADE P. TEXIER, SECRETAIRE GENERAL DE L'UD CGT DE LA COTE D'OR

Publié le par FSC

Jacky OMER

Retraité cheminot CGT, Paris Rive Gauche

Lettre ouverte,

Au camarade P. Texier, UD/CGT, Côte d’Or. Paris le 14 février 2009

 

 

Cher camarade,

Je t’adresse ce courrier à plus d’un titre, le premier : nous sommes tous les deux cheminots et syndiqués à la CGT, le deuxième : concerne ton courrier du 4 février adressé aux camarades qui se considèrent exclus de leurs responsabilités, la dernière : dans tes écrits tu fais état du Front Syndical de Classe, ce courrier m’a été transmis et en tant que responsable national du FSC et j’y réponds.

Sans vouloir m’immiscer dans le fonctionnement de ton UD, ce qui est logique au sens de la démocratie syndicale, il n’en reste pas moins vrai que je suis assez surpris par le contenu de ton courrier et tu t’en doutes.

Avant d’en venir au fait, sache que je vais bientôt couronner mes 40 ans d’adhésion à la CGT. Depuis mon premier mandat d’élu en 1971, bien que stagiaire ADC, j’ai traversé pas mal de Solidarnosc et autres attaques du capital et des gouvernements. A titre d’exemples, je pense à la lutte des SKF à laquelle je me suis fortement impliquée. Pour la première fois, avec la CGT, nous prenions l’avion, accompagné de Viannet, pour aller manifester à Göteborg pour s’opposer à la casse de cette entreprise. Aujourd’hui, les distances se sont techniquement considérablement réduites et nous ne sommes même plus capables d’aller de Montreuil à Amiens pour défendre les « « Contis  » ou dans d’autres contrés pour épauler les camarades qui occupent leur entreprise ou qui sont trainés devant les tribunaux. Je garde aussi en mémoire le montage des coordinations de 1986, par les gauchistes Cédétistes, et être aller donner un coup de main à notre camarade Le Reste au secteur de Paris Lyon. A cette époque, j’étais le SG du syndicat d’Ivry S/Seine. Par la suite, membre du bureau de secteur, j’ai terminé à PMP en faisant occuper les locaux en 1995. Que de temps écoulé ! Ceci étant, la période qui a jalonné le temps de la gauche tranquille à celle dites plurielle m’émancipe dans mon analyse et m’oblige à consentir qu’il n’y a jamais eu un abandon aussi fort de la lutte de classes qu’à présent par notre état major confédéral.

Pour justifier cette ligne déviationniste, tu écris : « …au moment où notre 49ème congrès confédéral a décidé de poursuivre son engagement vers un syndicalisme de transformation sociale ».

N’y a-t-il pas là un défaut de langage qui sous entend : engagement pour une recomposition réformisme ? Donnedu, secrétaire confédéral, confirme cette stratégie au congrès de l’UNSA, fin 2009, en présence de Chéréque, en déclarant : «… la CGT est d’accord sur l’ensemble des points, des réserves sur le dossier retraite… » Cette position s’accorde avec celle de notre SG au cours des assises de la CFDT à Etampes en Août de la même année.

Il est de fait aussi que Monks, SG de la CES, invité au colloque« Nouveau Monde, nouveau Capitalisme », en janvier 2009, par Sarkozy et Blair, a réclamé dans son allocution un deal syndical. Sa demande ressemble fort au new deal de Roosevelt pour sauver le capitalisme de sa crise de 1929. Ce congrès anti-démocratique est contradictoire dans ses écrits. Il se termine sans repères revendicatifs de classe, sans idéologie révolutionnaire, sans stratégie et tactique de luttes…il est en partie le copié collé de cette allocution.

 

Ensuite, tu écris, « … le syndicalisme CGT se voulait aussi démocratique … » de mémoire, la préparation de notre congrès est unique en son genre quant au manque de démocratie syndicale tant par la désignation des délégués, que par la mise à disposition des documents et le très peu d’assemblées de syndiqués tenues, voire inexistantes, dans de nombreux secteurs. Pour ma part mon délégué est rentré de congés fin octobre et n’avait toujours pas lu les documents, alors que les amendements devaient parvenir avant le 7 novembre !!!!

La véracité de mes dires se confirme par l’intervention de  Sanchez, secrétaire confédéral, au CCN du 4 novembre, qui déclarait : « seulement 120 syndicats ont participé aux débats de préparation…. » à cette date nous connaissions déjà le contenu des expressions syndicales transmises. Celles-ci prévalaient d’un débat et tournure difficile à ce congrès pour la direction sortante. Pour exemple, le camarade Imbrecht à fait son apparition dans le Val de Marne à l’assemblée des électriciens ou il a été mis à mal.

Tu poursuis : « …syndicalisme n’a rien à voir avec des comportements étriqués, autoritaires, loin de toute vie syndicale collective et démocratique ».

En écrivant cela, tu veux certainement dénoncer la chasse aux sorcières qui est lancée, la casse d’UL historiques comme à Douai ou dans certaines UD ?

Tu as raison. Or tu te trompes de cible, les échos que nous avons eus du congrès sont à l’image de ce que tu écris. Les camarades du 21 que tu harangues sont des vaillants militants de terrain et complètement marginalisés, comme bien d’autres, du débat politico-écologiste de Nantes.

A ce sujet, le FSC va publier sur son site un récit, parmi tant d’autres, d’un délégué qui a participé au congrès. Son témoignage est assez éloquent !

Quand tu parles « d’aggloméré au FSC, ou manipulé » je te laisse responsable de tes écrits critiques mais sache que le FSC n’existe dans ses actes que depuis fin septembre 2009. A l’heure actuelle en plus des adhésions individuelles, plusieurs syndicats, UL et autres sections de retraités y ont adhéré. Pour ma part, je pense que notre existence doit permettre, à juste titre, de pouvoir remettre sur les rails notre CGT de lutte de classes et de masse dont ces termes ont été bannis de nos statuts.

Je te joins nos statuts pour que tu puisses savoir ce qu’est le FSC.

Pour information, l’autre week-end, je suis allé à un départ en retraite de trois camarades, 2 UFCM et un ADC. Plus de 300 camarades présents (1/3 du nombre de délégués à Nantes) dont des cadres de notre organisation de tous niveaux, secteurs, UL, UD, FD, syndicats bien évidemment, de 5 à 10 régions différentes. Après plusieurs discussions concernant notre stratégie et tactique de luttes et la prise de connaissance du dernier décret ministériel sur la retraite à 65 ans pour le cheminots, sache que moins de 20% des camarades présents soutiennent la ligne de Thibault et sont dépités de voir J.Decaillon SG adjoint de la CES. Notre prochain congrès de cheminots à Reims donnera son verdict !

Au sujet de Joël (retraité depuis 10ans) et sa nouvelle responsabilité, voila là une belle contradiction à gérer et d’autant plus déconcertante, que Bernard avait dit avant le congrès : « … chacune des générations a fait la CGT de son temps (lutte de classes et de masse ?). Il est indispensable aujourd’hui de faire de la place aux jeunes et de leur permettre de prendre des responsabilités dans l’organisation » ! Il est vrai qu’au congrès une majorité de complices à la ligne transformatrice en cours n’a pas manqué de dire : « … les retraités se comportent comme des dinosaures du mouvement syndical » ! Ou comme l’a dit aussi Sanchez au CCN du 4/11/O9 : « certains voudraient revenir à un syndicalisme d’avant-garde éclairé ! »

Il semble que ces camarades, oublient trop vite les élections présidentielles de 2002 et ce que Séguy avait dit : « … comment en sommes nous arrivés-là » ?

Dinosaures, admettons, à ce sujet le camarade de notre FD, Eric Férrere, qui plaide pour une revendication « révolutionnaire » avec l’âge du départ à la retraite pour tous à 60 ans. Il jongle avec révolutionnaire, étymologiquement il devrait se rapprocher un peu de la théorie marxiste à ce sujet et saurait que le capitalisme ne s'effondre pas de lui-même et trouve toujours une issue à ses crises, si les peuples n'opposent pas leur propre activité révolutionnaire, même sous une forme encore à peine ébauchée. « La retraite pour tous à 60 ans » dit-il, cela n’est-il pas paradoxal en tant que cheminot ? Dinosaures d’un côté pour les uns et recul de l’âge de départ à la retraite pour les autres.

Cette nouvelle revendication sous entend que les conventions collectives et les statuts ne sont pas révolutionnaires puisque leur mise à plat est programmée avec la maison commune des retraites ?

Je ne sais pas dans quelle position doit se trouver notre camarade P.Semard, mais je pense qu’il n’aurait pas été loin de dire que tout cela ressemble fort à la collaboration de classe que ce soit en cette période ou lors de celle que lui et B.Frachon ont connu et que le devoir de mémoire nous autorise à rappeler.

Au sujet de cette triste période, j’ai pu lire un courriel d’un de tes responsables qui faisait allusion à la collaboration, en parlant des bannis. Sache que ce responsable peut prendre note qu’au FSC nous avons des camarades qui se battent, à l’initiative de P.Pranchére, résistant corrézien. Dans son courrier il dénonce : « Tous les partis politiques ayant un groupe ou des sénateurs au sénat sont directement impliqués car, c’est à l’unanimité que l’imprescriptibilité des crimes de guerre, qui existe actuellement dans la législation française a été supprimée en présence de la garde des sceaux d’alors, Madame Rachida Dati ». Si ce responsable est aussi attaché qu’il l’a écrit au devoir de mémoire, et veut dénoncer réellement cette période noire de l’histoire, je lui transmets par ton intermédiaire la lettre de P.Pranchére adressée aux partis politique et associations. Souhaitant que ce responsable passe de la réflexion aux actes en faisant circuler celle-ci sur l’UD et en y apportant son soutient, merci.

N’oublions pas aussi que lors de cette triste période notre camarade de la CGT, Louis Saillant, qui était président du CNR, Conseil National de la Résistance, fut le premier secrétaire de la FSM, Fédération Syndical Mondial. Pourtant, au 48éme congrès les ténors de notre CGT se sont empressés de nous faire quitter la FSM au nom d’une non appartenance au communisme afin de se réfugier dans le giron de la CSI, voila peut-être ce qu’est être révolutionnaire ? Cette nouvelle confédération est l’accouplement d’un deal entre le sabre et le goupillon. La CMT, confédération mondiale du travail, financée par la CIA et la CISL, confédération syndicale libre financée par le Vatican. La CSI ne fait guère parler d’elle actuellement avec les derniers événements en Grèce, ce qui n’est pas le cas de la FSM qui elle est aux côtés de ceux qui luttent contre l’exploitation capitaliste.

Il est vrai que la CSI va bientôt siéger avec le G20, situation plus confortable pour accompagner le capital. Si cela n’est pas de la collaboration de classe comment pourrait-on la baptiser ? Transformation sociale peut-être ?

Cher camarade, j’espère que nous aurons l’occasion de débattre de tout cela un jour, car il n’y a aucune raison de ne pas se retrouver dans la lutte, si nous avons le même adversaire de classe, sachant que la barrière sociale n’a que deux côtés !

Barrière Sociale et « transformation sociale de la CGT, disais-tu », pour ma part, tout comme pour les camarades du FSC et ceux de nombreux syndicats CGT, nous ne nous considérons pas comme des partenaires sociaux du patronat et pas plus du gouvernement, s’est cela être indépendant !

En principe, il est juste de reconnaitre dans la vie comme partenaire celle ou celui avec qui il est accepté de partager sa couche ou qui porte, lors d’une compétition, un maillot de la même couleur, à la différence de ce que nous entendons et voyons aujourd’hui.

Crois moi, la vérité est toujours très dure à entendre, mais j’ai comme une très forte conviction que les exclus et Bannis par ton UD, portent le même maillot que ceux de la classe ouvrière et ne sont pas manipulés ou récupérés, comme tu le dis. En tous les cas ils ne sont pas corrompus, à la différence de ceux qui participent aux groupes confrontations avec le patronat ou comme d’autres qui boivent le champagne avec Parisot, Sarkozy et à Lisbonne. Cette photo a été prise quelques jours après le 49éme congrès de Nantes ou Bernard avait dit à l’ouverture : « certains voudrait faire croire que je suis atteints de Sarkozisme aigu » !


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Voila pourquoi nous faisons notre, au Front Syndical de Classe, la citation de l’ancien secrétaire général de la CGT, Henri Krasucki en introduction au livre de B.Frachon : « Aux rythmes des jours »:

« Rien n’a fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès, en rassemblant l’ensemble des travailleurs, que fut fondée la CGT.

Or la lutte de classes n’est pas une invention c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse : renoncer à la mener équivaudrait pour la classe ouvrière à se livrer pieds et mains liés à l’exploitation et à l’écrasement » !


Bonnes luttes, fraternellement, Jacky Omer

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