"No somos mercancía en manos de políticos y banqueros." ("Nous ne sommes pas de la marchandise aux mains des politiques et des banquiers").

Publié le par FSC

 

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C'est un véritable mouvement de rébellion anti-capitaliste qui s'organise actuellement en Espagne initié par des étudiants et relayé par l'ensemble de la population, des plus jeunes gravement touchés par le chômage aux plus âgés qui, las d'être exploités, aspirent pour commencer à un peu de reconnaissance et de respect. Comme l'explique Carmen Rivero, 52 ans : "Nos habían quitado la dignidad, pero parece que estamos empezando a recuperarla" (ils nous avaient ôté toute dignité mais on dirait qu'on commence à la retrouver).

           

Prenant exemple sur le mouvement portugais qui se révolte contre, entre autres revendications, la grande précarité de l'emploi et la redistribution inégales des richesses, l'Espagne, elle aussi, se soulève de manière spontanée, désespérée des attitudes de ses dirigeants qui, en invoquant la crise, autorisent la création d'emplois mal rémunérés, des situations de travail précaires et ôte peu à peu les droits de ses citoyens. Les jeunes sont particulièrement touchés par ces mesures : l'Etat tend à privatiser l'Education, les jeunes qualifiés ne trouvent pas de travail en sortant de l'université, les loyers sont très chers et nombreux sont les Espagnols qui a trente ans vivent encore chez leurs parents alors qu'ils aspirent à fonder une famille.

Le mouvement du 15 mai s'est organisé une semaine avant les élections locales mais le mécontentement de la population gronde depuis déjà quelques semaines, par exemple dans les universités et en particulier l'Université autonome de Madrid. Au sein de cette dernière, un manifeste a été rédigé et signé par de nombreux étudiants mais également par des professeurs, des poètes et des écrivains. Ils y énoncent les revendications de l'ensemble du peuple espagnol et dénoncent l'attitude de l'Etat : "Nous voulons retrouver nos capacités pour pouvoir agir et être le moteur de changements, tout en combattant ce pays de précarités, de chômage et la privatisation de notre éducation. De plus, nous sommes conscients que la mobilisation et la lutte ont un sens mais surtout qu'elles sont nécessaires. [...] L'Italie, la France, la Grèce ou l'Irlande nous montrent que la mobilisation est indispensable. Le monde arabe nous démontre que la victoire est possible." 

 

            Plusieurs organisations reprennent ces revendications, les diffusent et appellent à manifester à travers les réseaux sociaux. C'est le cas par exemple de Juventud sin Futuro (Jeunesse sans Avenir) ou de  Democracia Real Ya (Une véritable démocratie maintenant !). Exaspérés, les jeunes de ces organisations désirent que le mouvement réforme en profondeur la structure bipartite de la politique espagnole : "Somos la generación ni ni, pero de ni PP, ni PSOE" . Ils assurent, avec raison, que " les partis qui gouvernent le font contre les intérêts des citoyens" (selon Enrique Dans, professeur des "sistemas de Información"). Ils remettent en cause la structure même du système capitaliste qui domine nos sociétés européennes. Sur les pancartes qui défilent à travers les rues, nous pouvons lire ces slogans: "Nous sommes citoyens et nous avons le droit de nous indigner!" ou "Nous ne sommes pas de la marchandises aux mains des politiques ou des banquiers."

           

Le mouvement s'est étendu à plusieurs villes espagnoles comme Barcelone ou Malaga et il ne s'est pas limité à la seule journée du 15 mai. L'élan se poursuit, certains manifestants dorment dans les rues malgré les répressions, les interpellations et les délogements parfois violents menés par la police. Comme le signale Victor Sampedro, professeur en Communication Politique et Opinion Publique à l'Université publique Rey Juan Carlos : " 90% des emplois qui ont été détruits [par la crise] étaient des emplois occupés par des jeunes de 18 à 35 ans ou des immigrés". Et après les attaques visant à supprimer peu à peu la couverture sociale, ils n'ont désormais plus rien à perdre, ils n'ont plus peur de rien. L'absence de parti qui les représente expliquera le taux d'abstention aux élections du 22 mai.

           

Le cri de détresse qui surgit de l'Espagne ne s'est pas arrêté aux frontières de ce pays avec des manifestations de solidarité à Londres, Bruxelles, Lisbonne, Athènes, Milan....

            UE, FMI, banquiers, gouvernements, saigneurs du peuple, nous ne paierons pas pour vous au Portugal, en Grèce, en Espagne ou en France !

 

RB, pour le FSC.

Publié dans International

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