Syrie : le vase déborde

Publié le par FSC

 

Syrie  : le vase déborde

Les déclarations contresignées par la FSU sur la question syrienne nous paraissent profondément erronées. Notre syndicat prend parti dans une guerre civile, ce qui n'est pas sa vocation.

Cette guerre a lieu dans un pays étranger, où les responsabilités et les fautes sont partagées, et où il est de plus en plus clair que l’opposition armée instrumentalise des atrocités pour provoquer une intervention étrangère.

Cette prise de parti aboutit à soutenir dans les faits un parti de l’intervention en Syrie, composé de l’OTAN et des monarchies islamistes du golfe, qui prétextent des droits de l’homme (bafoués par les deux camps) pour intervenir dans ce pays et y imposer une équipe de politiciens qu’elle soutient à bout de bras. Le projet de cette opposition sous perfusion internationale est flou, et les éléments djihadistes sont de plus en plus influents en son sein.

Parmi ces acteurs de l’ingérence étrangère prétendument humanitaire, qui aggravent le conflit depuis 2 ans, on trouve une étrange alliance dont on peut questionner les motivations : les États-Unis (qui interviennent abusivement dans cette région du monde depuis des décennies), la France (ancienne puissance coloniale de la Syrie), la Grande Bretagne, l’OTAN, les monarchies pétrolières intégristes  du Golfe, dont le Qatar et sa chaine d’information, Al Jazzera ; une majorité écrasante des médias internationaux, et des figures connues dans le champ politique français pour leur bellicisme à tout crin, à commencer par l'ancien président ; le gouvernement turc qui permet aux rebelles d’utiliser ouvertement son territoire comme sanctuaire, Israël, la mouvance terroriste d’al Qaida, l’Arabie saoudite. Cette alliance contre nature a abouti à transformer la Syrie en enfer, et a totalement dépossédé le peuple syrien de son destin. La révolution syrienne est morte et ce sont "ses amis" qui l’ont tuée.

Les Occidentaux et en particulier la France ont favorisé l’opposition armée, et maintenant prétendent s’inquiéter de voir les terroristes prendre le dessus dans les rangs de la rébellion. Mais leur véritable objectif semble être l'affaiblissement stratégique, voire le démantèlement de la nation syrienne.
Il ne faut pas se laisser tromper par la quasi unanimité des médias ; il y a une bulle médiatique anti syrienne qui confine à l’hystérie, et dont s’autorise le ministre des affaires étrangères pour appeler directement de manière incroyable au meurtre du président syrien. Le régime syrien s’est fait beaucoup d’ennemis au cours de son histoire, qui ont des relais influents, et une grande alliance conjoncturelle coopère à son renversement.

Il s’agit aussi d’une opération visant à affaiblir l’Iran et la Russie.  Sommes-nous engagés par la FSU dans une croisade contre ces pays aussi?

Le propos n’est pas de défendre le régime syrien, mais le propos est certainement encore moins de s’enrôler dans une sale guerre internationale, et de favoriser une agression étrangère indirecte absolument évidente, contre un pays souverain, perpétrée par des agents qui sont certainement aussi indifférents aux droits de l’homme que le régime du président Assad.

Il nous parait anormal qu’un syndicat enseignant français, notre syndicat, prenne position dans une guerre civile instrumentalisée de l’extérieur, de manière à  l’aggraver et à la prolonger, et appelle implicitement à l’ingérence des pays du Nord dans un pays du Sud, alors qu’il n’est informé, comme tout le monde, que par les journaux, qui participent manifestement à une campagne de dénigrement à grande échelle. S’il faut soutenir l’opposition, qu’on soutienne au moins l’opposition pacifique qui vient de se réunir en Suisse, qui refuse d’appeler à l’invasion de son propre pays, et non les clients de la CIA, de la Turquie, et des frères musulmans.

Il y aurait beaucoup d’autres choses à dire sur la situation réelle en Syrie, où les gens que "nous" soutenons pratiquent avec fierté le meurtre des prisonniers devant les caméras, l’épuration ethnique, la persécution des femmes, et l’extermination des intellectuels, mais l’essentiel, en ce qui concerne la FSU, c’est qu’à notre avis elle ne devrait pas soutenir imprudemment un camp contre l’autre, surtout si ce camp est celui de l’impérialisme néocolonial, allié à l’intégrisme le plus violent et le plus obscurantiste qu’il soit possible d’imaginer.

Un dernier point : Le gouvernement syrien n’est soutenu en France que par le Front national, ce qui accroît son impopularité. Comme si le fait de dire systématiquement le contraire de ce parti était un gage suffisant de bonne analyse. Mais ce n’est pas un mystère : les antisémites soutiennent les ennemis d’Israël depuis toujours. Faudrait-il alors systématiquement soutenir ce pays? Avec de tels arguments il faudrait renoncer à défendre les droits des Palestiniens. C’est avec de tels arguments que l’on prête aujourd’hui main forte à la destruction organisée de l’extérieur d’une nation arabe, une de plus faut-il le dire.

 

  SNES - S1, Lycée Jean Jaurès, Montreuil (93) 12 février 2013

Publié dans International

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C
Logiquement, il faudrait envoyer cette lettre aux CGT et Sud, qui sont dans la même erreur.<br /> Juste quelques mots à changer !
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