Des nouvelles de LUXFER Puy de Dôme
SOURCE : La Montagne

L'activité a cessé au mois de mai dernier chez Luxfer, à Gerzat, et 126 salariés sur les 136 ont été licenciés. Seuls les dix salariés protégés (représentants du personnel) sont toujours présents dans l'usine, la Direction du travail et de l'emploi (Direccte) ayant refusé leur licenciement, le 19 août, en considérant que le motif économique n'était pas justifié.
Suite à cette décision, que conteste la direction de Luxfer, 111 licenciés vont engager une procédure de contestation devant le conseil de prud'hommes.
Dans un contexte de relations extrêmement tendues avec la direction "qui nous a trahis et ne respecte pas les engagements d'accompagnement du personnel qui lui incombent, actés en préfecture ; seulement 15 % de nos collègues ont retrouvé un emploi, et la moitié de ces emplois sont des emplois précaires", un nouveau bras de fer vient de s'engager ce lundi matin.
Des ex-salariés ont rejoint les dix salariés toujours présents, et bloquent l'entrée de l'usine, empêchant le directeur de site intérimaire d'entrer, ainsi que plusieurs entreprises venues pour démanteler les machines. Un démantèlement qui avait débuté la semaine passée par l'intervention d'une première entreprise.
Les représentants du personnel et délégués syndicaux Axel Peronczyk (CGT) et Frédéric Vigier (CFDT) rappellent que "ce démantèlement avait commencé dès le mois d'octobre, mais la direction avait dû arrêter suite à l'intervention de l'inspection du travail, alertée par le comité d'hygiène, sécurité et des conditions de travail.
"Aujourd'hui, pour ne pas respecter ses obligations de revitalisation du bassin de l'emploi, Luxfer décide de faire détruire l'outil de travail, dans une totale illégalité, pour laisser une friche industrielle".
AXEL PERONCZYK ET FRÉDÉRIC VIGIER (délégués syndicaux CGT et CFDT et représentants du personnel)
Si les salariés sont très en colère contre leur direction anglaise, ils se sentent aussi "trahis par l'Etat, auquel nous demandons d'empêcher ce démantèlement illégal ; dont nous attendons une réponse expresse sur la validité du motif économique des licenciements prononcés, et une aide au reclassement du personnel. Nous lui demandons de prendre ses responsabilités".
Reçus à Bercy la semaine dernière, les représentants du personnel de Luxfer sont ressortis de cette réunion très déçus, et demandent maintenant "à rencontrer le ministre de l'Economie Bruno Le Maire lui-même".
Dans leurs cartons, ils ont toujours "le projet de reprise de l'activité en Scop avec la perspective de débuter avec dix emplois et de monter progressivement à cinquante-cinq, que nous avons présenté à la direction juste avant Noël, et qu'elle a balayé d'un revers de main sans même s'y intéresser".
Un projet "jugé sérieux et viable par les spécialistes auxquels nous l'avons présenté". Il conserverait l'activité originelle de gaz et se diversifierait dans l'aéronautique et l'armement. Il faudrait pour cela que Luxfer accepte de vendre le site (le terrain, les bâtiments et les machines) pour l'euro symbolique, et il resterait un coût important de dépollution des lieux.
"L'hémorragie industrielle de notre territoire est inadmissible" - Les élus communistes Marie-Thérèse Ramonat (conseillère municipale à Gerzat) et Pierre Miquel (conseiller municipal à Clermont-Ferrand et conseiller métropolitain) sont venus rencontrer les salariés mobilisés. Dans un communiqué, ils annoncent qu'ils vont diffuser, ce mardi 21 janvier, une lettre ouverte "pour interpeller les institutions concernées sur la gravité de la situation, qui requiert d'urgence des réponses concrètes aux revendications et propositions des salariés. L'hémorragie industrielle de notre territoire est inadmissible".