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On remarquera que , du coté des tenants de l'ordre établi, des partisans des règles fixés unilatéralement par le bloc occidental le domaine de l'humour n'échappe pas au deux-poids-deux-mesures.
Puisque le droit au blasphème est à géométrie variable : applicable à la religion musulmane mais pas à la politique, à la religion, à tout ce qui touche de près ou de loin à l'état d'Israël !
Comment alors se prévaloir de principes universels et combattre efficacement les replis identitaires, les sectarismes, les dérives religieuses et de caractère fasciste de l'islamisme dit radical notamment parmi la jeunesse ?
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Par Sandrine Blanchard
Le Monde du 19 mars 2024
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« Dans l’oreille du cyclone », de Guillaume Meurice, Seuil, 176 pages, 16 euros. |
L’humoriste retrace les trois semaines de polémique qui ont suivi sa blague sur le premier ministre israélien sur France Inter, entre insultes, menaces de mort et convocation dans les locaux de la police judiciaire.
Le « prépuce gate », comme l’appelle avec ironie Guillaume Meurice, a agité la sphère médiatique et politique. Trois semaines durant lesquelles l’humoriste de France Inter, après avoir fait une blague sur le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, en le qualifiant de « sorte de nazi mais sans prépuce », s’est retrouvé « dans l’oreille du cyclone ». C’est le titre que le trublion a choisi pour livrer, dans un essai bien troussé (Seuil, 176 pages, 16 euros), son point de vue sur cette polémique qui lui a valu un torrent d’insultes, des menaces de mort et une convocation dans les locaux de la police judiciaire.
Ce journal de bord démarre au lendemain de l’émission de Charline Vanhoenacker « Le Grand Dimanche soir », où ces six mots ont été prononcés. Sur CNews, Pascal Praud fustige la blague de Guillaume Meurice. Puis s’achève le jour de l’interrogatoire de l’humoriste poursuivi pour injure publique et provocation à la haine raciale à la suite de la plainte déposée par les associations Avocats sans frontières et l’Organisation juive européenne. Entre-temps, la fachosphère et les réseaux sociaux s’enflamment, le député Meyer Habib (UDI, 8e circonscription des Français de l’étranger) le traite de « petite vermine antisémite ». Dans le contexte dramatique du conflit israélo-palestinien, les réactions se répandent alors comme une traînée de poudre.
Interrogatoire surréaliste
Guillaume Meurice est convoqué par Sibyle Veil, la présidente de Radio France, et reçoit un avertissement parce qu’il refuse de s’excuser. « Seules deux solutions s’offrent aux personnes censées décider de mon sort : considérer ma blague comme véritablement antisémite et me licencier sur-le-champ de manière tout à fait compréhensible et légitime ou, plus honnêtement, admettre qu’elle ne l’est pas, et donc défendre ma liberté de parole », considère le chroniqueur.
Au-delà de la chronologie précise et éclairante de cette tempête médiatique, ce livre est aussi un plaidoyer pour l’humour politique et la satire. « Je fais juste des blagues. » C’est son métier. Et celle incriminée « n’avait aucune autre vocation que de désigner uniquement le premier ministre israélien, et non les juifs du monde entier », martèle-t-il.
Son interrogatoire, raconté avec truculence, paraît surréaliste. « C’est qui, pour vous, le nazi absolu ? », l’interroge l’officière de police. Abasourdi, Guillaume Meurice répond : « Bah, euh… J’imagine que c’est Hitler, non ? Disons que ça me paraît assez difficile de lui enlever ce titre-là. » Ceux qui apprécient le ton et la verve de Guillaume Meurice liront avec plaisir ce récit parsemé de traits d’humour jusque dans les remerciements : « A Benjamin Nétanyahou, sans qui je n’aurais jamais fait la couv’ de Télérama. » Les autres le trouveront sans doute arrogant de ne jamais faire la moindre autocritique. Mais Guillaume Meurice estime « ne pas avoir commis de faute » et refuse, au nom de la liberté d’expression, de « céder » aux susceptibilités, aux sensibilités, au chantage, aux soupçons, aux instrumentalisations. Drôle d’époque.