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Publié le par FSC

Benjamin König
L'Humanité du 28 mai 2025

 

Selon l’Unicef, 470 000 personnes, soit un quart de la population gazaouie, sont actuellement confrontées à la famine. Ici dans le camp de réfugiés de Jabalia, le 19 mai 2025.© Abood Abusalama/Middle East Images/ABACAPRESS.COM

 

Des milliers de personnes se sont ruées sur les quelques cartons d’aide distribués par la Fondation humanitaire pour Gaza, une pseudo-ONG sous contrôle israélien et états-unien. L’ONU dénonce l’opération et appelle à nouveau à permettre l’entrée massive de l’aide humanitaire.
Des scènes « déchirantes », a réagi Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU qui a recensé une quarantaine de blessés. Sur les vidéos, des milliers de Gazaouis ont tenté d’accéder aux maigres aliments distribués, ce 27 mai, par la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF en anglais). Comme c’était prévisible, la distribution a tourné à la bousculade dès le début de celle-ci, autour d’un des deux centres ouverts dans le sud de la bande de Gaza, à Rafah.


Benyamin Netanyahou a reconnu en personne que l’armée israélienne, qui encadre toutes ces opérations, avait subi « une perte de contrôle momentanée ». Les soldats ont dû « effectuer des tirs d’avertissement dans la zone située à l’extérieur de l’enceinte ». En clair, tirer en l’air pour disperser la foule, ce qui n’a fait qu’ajouter à la panique.

« Les forces israéliennes ont commencé à tirer »


« Je me tenais dans la file à un point de distribution d’aide à Rafah avec des centaines de citoyens, et soudain un grand nombre de personnes ont commencé à pousser et entrer de façon totalement aléatoire », a déclaré auprès de l’AFP Ayman Abou Zaïd, un Gazaoui déplacé. « C’était dû au manque d’aide et au retard dans la distribution, alors ils ont essayé de rentrer pour prendre tout ce qu’ils pouvaient », a-t-il ajouté. Et de préciser que « les forces israéliennes ont commencé à tirer, le son était très effrayant, et les gens ont commencé à se disperser, mais certains ont continué à essayer de prendre l’aide malgré le danger. »


Selon le premier ministre israélien, qui citait l’armée, « le contrôle de la situation a été rétabli, les opérations de distribution de nourriture devraient se poursuivre comme prévu et la sécurité des troupes de l’armée israélienne n’a pas été compromise ». Aucun mot bien entendu sur les premiers concernés : la population de Gaza affamée par trois mois de blocus total de l’aide humanitaire de la part de son gouvernement, ce qui constitue un crime de guerre selon le droit international. Selon l’Unicef, 470 000 personnes, soit un quart de la population gazaouie, sont actuellement confrontées à la famine. D’autant que les opérations de GHF pourraient aboutir au déplacement forcé des populations.


L’ONU et les ONG présentes sur place ont condamné cette distribution : « Les agences humanitaires, les organisations humanitaires professionnelles qui travaillent à Gaza depuis des années et des années ont la capacité d’intervenir, ont le staff, ont les équipements pour intervenir dans la bande de Gaza », a expliqué à l’AFP Elsa Softic, directrice adjointe des opérations à Première urgence internationale. « Aujourd’hui, tout ce qui nous empêche d’intervenir, ce sont les autorités israéliennes qui, du coup, réalisent ce blocus sur la bande de Gaza. » L’ONU a appelé à nouveau les autorités israéliennes à « autoriser une augmentation immédiate » de la quantité de fournitures pour Gaza.
 

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