
Broyé par une Foreuse!
C'est le genre d'information qui ne fait pas la une.
Renvoyée très loin derrière le cirque médiatique, les faits divers qui font diversion comme disait Bourdieu et l'envahissement bruyant et futile des primaires!
Elle est pourtant significative du degré d'exploitation des travailleurs, du mépris de leur vie dans l'usage généralisé de la sous-traitance.
Que ce drame soit donc l'occasion de mettre vraiment en cause les politiques criminelles à la SNCF, à EDF ... de rentabilité à outrance ... au prix de la vie des salariés!
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Mort d’un intérimaire embauché par le sous-traitant du sous-traitant de la SNCF.
Ce genre de situation est courant depuis très longtemps déjà. Dans les années 80 EDF employait sur ses chantiers nucléaires ce genre de poupées russes emboitées les unes dans les autres, les sous-traitants des sous-traitants des sous-traitants, qui embauchaient eux-mêmes des intérimaires, pâtissiers ou plâtriers ou n’importe quoi d’autre, pour câbler des boitiers électriques. Ces ouvriers n’avaient pas de vêtements de travail et usaient leurs jeans et leurs pulls dans la boue des tranchées. Le vendredi les employés d’EDF venaient visiter les chantiers avec des bleus impeccables au-dessus des caniveaux où ces nouveaux bateliers de la Volga tiraient des câbles de 300 carré.
Maintenant le Parquet va éclaircir les circonstance de sa mort. Tu parles ! Qui est fautif sinon la SNCF qui impose des contrats léonins aux sous-traitants, lesquels exploitent jusqu’au sang leurs salariés et qui s’adressent aux marchands de viande pour répondre aux charrettes du chantier ? Résultat des ouvriers ignorants des risques doivent utiliser des machines dangereuses. Il y a fort à parier que les dirigeants et les cadres de la SNCF ne seront pas inquiétés, et que dans le pire des cas c’est le chef d’équipe de la boite sous-traitante qui sera mis en cause : « l’entreprise qui a obtenu le marché va être questionnée. »…circulez y a rien à voir !
Sinon ce sera la faute du mort, ce ne serait pas la première fois non plus.
http://www.bfmtv.com/…/paris-un-ouvrier-meurt-gare-d-auster…
« Un homme est mort lundi à Paris 5 broyé par une foreuse, rapporte Le Parisien. Cet ouvrier âgé de 48 ans, « intérimaire pour une société qui travaillait comme sous traitant pour une autre société qui elle-même travaillait pour la SNCF », participait à un chantier de rénovation situé non loin de la gare d’Austerlitz, boulevard de l’Hôpital, lorsque l’incident s’est produit.
L’ouvrier « devait assister le foreur qu’il ne connaissait pas, en remplaçant les mèches dès qu’il le lui était demandé », cite Le Parisien. Alors que la machine bloque, l’homme se penche et coince un coin de sa veste dans la foreuse, qui l’emporte. La scène s’est déroulée devant ses collègues et deux agents de la SNCF.
Le corps de l’homme a été désincarcéré et rapatrié à l’Institut médico-légal, situé dans le 12ème arrondissement, pour y être autopsié. Selon le quotidien, une enquête a également été ouverte par le Parquet de Paris pour éclaircir les circonstance de sa mort. Une source policière a en effet indiqué au Parisien que celles-ci « sont loin d’être claires ». La zone de l’accident a ainsi été mise sous scellés.
La SNCF, de son côté, « déplore cet accident » et a indiqué que « l’entreprise qui a obtenu le marché va être questionnée. » »Paris: un ouvrier meurt gare d’Austerlitz broyé par une foreuse
Il travaillait sur un chantier lorsque la machine a accroché un coin de sa veste et l’a emporté. Une enquête a été ouverte.
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LU en COMMENTAIRE de l'article publié sur le site de Danielle BLEITRACH :
» L’entreprise qui a obtenu le marché », dans ce « qui a obtenu le MARCHE » tout est dit en un sens.
Le travail humain est un fétiche marchandisé.
Si on y réfléchit bien aussi, il y a ici tout le condensé de l’époque actuelle du capitalisme.
Le lieu: la gare d’Austerlitz au bout de la ligne qui passe à Brétigny où le déraillement de 2013 a fait 7 morts et 70 blessés.
Depuis des travaux sont enfin réalisés, mais à quel prix: plusieurs week-ends par an du vendredi au lundi plus aucun train ne circule entre Orléans et Paris, les trains sont constamment en retard.
5000 personnes font le trajet pendulaire Orléans -Paris chaque jour, certains travaillent le samedi et le dimanche (merci Macron!)
Et tout « s’arrange » dans la courtoisie de sites internet « dédiés », où un monsieur fort courtois, s’adressant à vous personnellement par une application sur votre smartphone,explique les choses dans un langage technocratique choisi et justifie par une sorte de « tout est écrit dans le grand rouleau compatissant » n’importe quel dysfonctionnement.
Cela cache en fait que la SNCF n’est plus une chose publique: partie intégrante de la nation où le capital et le travail sont « socialisés », c’est à dire qui appartiennent à tous et sont le soucis de tous, où nous veillons au commun, où nous sommes des usagers et où nous utilisons ce qui nous appartient.
Nous sommes des clients; les employés, des « gilets rouges » compatissants en cas d’incidents et les ouvriers des intérimaires sans statut (contre balançant les obligations du « service ») et par là même sans protection.
La gare elle-même: elle est en transformation esthétique depuis des années: de grands designers sont à l’oeuvre: Austerlitz est en transformation continuelle, c’est-à-dire en fin de compte en privatisation.
Des panneaux, richement illustrés qui servent de palissades et de talanquères pour diriger le troupeau des voyageurs, nous expliquent ce que deviendra « notre » (sic) gare à l’horizon de la fin des travaux et du commerce radieux généralisé.
La gare qui voit passer de moins en moins de trains (pratiquement plus de trains de nuit), le « cadencement » des trains justifiant la suppression de trains, devient un centre commercial, ouvert le dimanche où nous pouvons trouver de tout, même une pharmacie (c’est si pratique) et toute sortes de « services ».
La partie de la gare du côté de la Seine où se trouvaient les « bureaux » la SNCF est entièrement privatisée, il y a des bureaux d’entreprises tout à fait autres, je suppose que cela a du être une opération du même type que celles qu’on nous annonce dans les universités devenues très « autonomes » et qui doivent gérer leur « patrimoine immobilier » pour pallier au manque de subventions.
L’UE dans tout cela n’est pas absente: cette formation , produit de » nos » gouvernements, j’emploie « nos » pour dire qu »‘ils sont l’émanation de la démocratie » et non pour dire qu’ils protègent « nos » intérêts » de prolétaires (qui ne possèdent que leur force de travail), l’UE donc, impose ses règles déréglées : il faut (impératif) privatiser, exploiter jusqu’à la mort en gardant la façade, l’air de la SNCF( cette entreprise qui a vu ses travailleurs mener la « bataille du rail »!) mais ni le statut des cheminots, ni le respect des usagers, ni le développements des territoires, ni la satisfaction des besoins du peuple, ni bien sûr les considérations « écologiques »; malgré le vert des panneaux explicatifs et illustrés.
Oui, le capitalisme tue, cette phrase n’est pas reprise dans la défense des droits de l’homme qu’on nous sert à toute sauce et tout le temps.
Une telle mort est « accidentelle », nul ne l’a « voulue », mais l’organisation non seulement de l’entreprise qui a obtenu le marché », mais de la SNCF, de notre société inféodée à l’UE de la concurrence libre et non faussée la produite.