Des soignants marseillais mobilisés contre le pass

Publié le par FSC

A se demander si les mesures du pass macronien  prévues à l'hôpital n'ont pas aussi pour objectif de poursuivre la casse de l'hôpital public, de décourager les personnels déjà en burn out, de poursuivre la précarisation des personnels et de dégager encore plus la route au secteur privé!

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SOURCE : L'Humanité

Déplorant des conditions de travail déjà difficiles, le personnel des hôpitaux marseillais craint une désertion causée par l’obligation vaccinale.

Envoyée spéciale.

Devant les grilles des urgences de l’hôpital de la Timone, ce mardi, les soignants réunis à l’appel de la CGT ne décolèrent pas.« Au début de la crise, on a travaillé comme des esclaves. Maintenant, on ne peut pas accepter cette obligation vaccinale,dénonce Pascale Jourdan, secrétaire générale de la CGT de l’AP-HM (Assistance publique-Hôpitaux de Marseille).On est épuisés par les vagues successives et on n’a pas eu droit à une reconnaissance à la hauteur. Cette obligation qui vient en plus est la goutte d’eau. »Pour elle, cette mesure risque d’aggraver le sous-effectif criant dans les différents services des hôpitaux.« Il n’y a déjà pas de remplacement des congés maternité et des arrêts maladie. Avec ce passe sanitaire, il y a un grand danger de manque de personnels. »La syndicaliste et ses camarades ne comptent pas relâcher la pression. Des rassemblements sont prévus tous les mardis jusqu’à la date prévue d’entrée en vigueur de l’obligation chez les soignants, le 15 septembre.

Les agents de sécurité supplémentaires passent mal

Chasuble rouge sur les épaules, Guillaume (1), aide-soignant à l’hôpital de la Conception, situé à quelques mètres, a déjà décidé de chercher un emploi en dehors de l’hôpital public.« C’est une mesure injuste, qui nie notre libre choix,tempête-t-il.Je ne suis pas le seul à le penser dans mon service. »Vincent, psychologue à l’hôpital de la Timone, confirme.« Ils vont perdre beaucoup de gens. »

La sollicitation d’agents de sécurité supplémentaires positionnés à l’entrée des grandes portes de l’établissement hospitalier qui vérifient déjà la détention du sésame par les patients et les visiteurs, sauf urgence, passe mal, elle aussi.« On demandait que la sécurité soit renforcée,souligne Pascale.Notre demande n’avait jamais été entendue. Et maintenant, ils ont recours à des agents en plus. »Venu de Martigues en soutien, Michel souligne la difficulté de se mobiliser alors que le plan blanc a été déclenché.« Il faut quand même faire entendre notre voix », martèle-t-il.

Des fermetures de lits en série

Pierre-Édouard, aide-soignant à l’hôpital psychiatrique Édouard-Toulouse, n’a pas pu se joindre à la mobilisation de la matinée mais son opposition au passe est tout aussi marquée. À la sortie de son service, l’élu CGT décompte ses collègues récalcitrants à la vaccination et craint une rentrée difficile.« En douze ans, j’ai vu le nombre d’infirmiers et d’aides-soignants par unité fondre et les conditions de travail se dégrader. Alors qu’on serait 40 % de soignants vaccinés selon la direction, je pense qu’on va avoir de grosses difficultés, notamment pour le soin extrahospitalier et dans les services de nuit. »

Quand l’information d’une vérification du statut vaccinal dès le 15 août lui parvient, l’inquiétude se fait plus vive. Guillaume Algrin, infirmier et délégué syndical pour les hôpitaux Sud, se désole aussi de cette mesure, qui s’ajoute à des fermetures de lits en série, notamment dans le secteur psychiatrique.« On fait fuir de nombreux soignants alors qu’on a déjà supprimé des dizaines de postes d’aides-soignants à l’hôpital de Sainte-Marguerite. Pour les départs qui seront remplacés, la direction va en profiter pour réembaucher avec des contrats plus précaires. »

(1) Le prénom a été changé.

par  Juliette Barot ,
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