PALESTINE ISRAEL : la première violence est celle de l’occupation !

Publié le par FSC

SOURCE :

Pierre Barbancey
L'Humanité du 07 octobre 2023

 

Cette attaque du Hamas se produit alors que l’occupation et la colonisation se poursuivent et que les Palestiniens ne se sont jamais retrouvés aussi seuls au moment où Israël entame une normalisation de ses relations avec l’Arabie saoudite. Les territoires s’embrasent car l’espoir de voir la création d’un Etat palestinien n’existe plus, que la communauté internationale parle mais n’agit pas. La bande de Gaza est sous blocus israélien depuis 17 ans.

L’attaque menée par des commandos du Hamas par terre, mer et même air par l’utilisation d’ULM, a pris tout le monde de court, à commencer par les Israéliens eux-mêmes, en premier lieu ceux vivant à proximité de la bande de Gaza. Les combattants palestiniens sont entrés dans plusieurs villages, y compris sur des sites militaires comme on peut le voir sur les multiples vidéos postées sur les réseaux sociaux. Certains ont été emmenés en territoire palestinien, d’autres tués dans les affrontements. Au total, plus de 40 Israéliens auraient ainsi été tués et 700 blessés. 35 soldats israéliens auraient été fait prisonniers, une information difficile à confirmer. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a déclaré: « Nous sommes en guerre, il ne s’agit pas d’une (simple) opération (…). L’ennemi paiera un prix sans précédent. Nous sommes en guerre et nous allons gagner ». Il a immédiatement fait donner son aviation qui a frapper Gaza pendant plusieurs heures. En début d’après-midi, samedi, au moins 160 Palestiniens auraient trouvés la mort et 900 blessés.

“Un message à la communauté internationale”


Dans les heures qui viennent, la riposte israélienne risque d’être terrible et sans retenue. Elle pourrait embraser la région. Le Hezbollah libanais a fait savoir qu’il est « en contact direct avec le commandement de la résistance palestinienne aux plans local et international, pour une évaluation continue du déroulement de l’opération ». Le mouvement chiite explique également que l’opération du Hamas « constitue notamment un message au monde arabe et islamique ainsi qu’à la communauté internationale et plus particulièrement à ceux qui oeuvrent pour une normalisation avec l’ennemi, pour leur dire que la cause palestinienne restera vivante ». En Iran, le général des Gardiens de la révolution Yahya RahimSafavi, conseiller militaire du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a salué « cette fière opération « déluge d’Al-Aqsa »», ajoutant: « nous sommes sûrs que le front de la résistance la soutient également ». Le « front de la résistance » étant le terme employé à Téhéran pour évoquer les mouvements palestiniens, libanais, syriens et autres, proches de l’Iran et opposés à Israël.
La date choisie ne doit sans doute rien au hasard. L’attaque se produit cinquante ans après la guerre d’octobre (de kippour pour les Israéliens) considérée comme une défaite pour Tel Aviv. De la même manière qu’en 1973, d’ailleurs, les services de renseignements israéliens n’ont rien vu venir. Reste les motifs de cette opération sans précédent de la part d’une organisation palestinienne. Elle a été minutieusement préparée, visiblement dans le plus grand secret, alors qu’elle implique des centaines de combattants. Le communiqué du Hezbollah indique sans détour qu’il s’agit d’empêcher la normalisation en cours des relations entre Israël et l’Arabie saoudite, qui se fait au détriment des Palestiniens, totalement ignorés.

Blocus imposé à Gaza depuis 2007


Le numéro 2 du Hamas, Salah al-Arouri, qui se trouve à Beyrouth, a expliqué à la chaîne qatarie Al Jazeera que, selon leurs informations, l’armée israélienne se préparait à attaquer Gaza et Jenine après la fin des fêtes religieuses de Soukkot qui se terminait le 6 octobre. « Nous ouvrons une bataille qui s’élargira, s’intensifiera et s’approfondira et n’aura qu’un seul objectif : la liberté et la sainteté de notre peuple, pas pour des demandes ici et là. » Il a affirmé que son mouvement était prêt à tout, y compris opération terrestre israélienne dans la bande de Gaza. « Ce serait le meilleur scénario de résistance », a-t-il ajouté.
« La violence est une impasse », peut bien déclarer la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna alors que Emmanuel Macron « condamne fermement les attaques terroristes qui frappent actuellement Israël ». Pourtant, la première violence est celle de l’occupation qui se traduit en Cisjordanie par la mise en place d’un apartheid, d’une colonisation grandissante et de raids de colons armés dans les villages palestiniens ou d’interventions de l’armée israélienne, comme à Jénine où l’intrusion d’orthodoxes venus prier sur l’esplanade des mosquées au mépris des accords de statu quo. Sans parler des destructions de maisons dans cette même partie orientale de Jérusalem occupée et annexée, qui jettent des centaines de familles à la rue. La violence, c’est également le blocus inhumain appliqué contre la bande de Gaza. Celle-ci a été désignée par Israël comme une « entité hostile » et les droits humains fondamentaux sont violés depuis. Les habitants subissent des restrictions sévères sur l’entrée de carburant et de biens essentiels, ils ne peuvent se déplacer librement, y compris les malades. Il est établi que le blocus a entraîné une hausse du taux de mortalité par cancer à Gaza par rapport à la moyenne mondiale.

Destruction des infrastructures industrielles et agricoles


En 2008-2009, 2012, 2014 et 2022 Tel Aviv a mené cinq offensives militaires sans parler des opérations sporadiques. Israël a non seulement tué des milliers de Palestiniens de façon indiscriminée, le plus souvent dans des zones civils, mais a délibérément détruit les infrastructures industrielles et agricoles de la bande de Gaza, a établi une zone tampon dans le territoire palestinien, et l’a finalement clôturé, la transformant en prison à ciel ouvert.
Les Palestiniens n’en peuvent plus. Les accords d’Oslo n’existent plus, il apparait clairement qu’Israël ne veut pas entendre parler d’un Etat palestinien et la « communauté internationale » parle mais n’agit pas. Elle devrait pourtant entendre le cri de cette jeunesse palestinienne qui cherche un avenir. Elle l’avait déjà exprimé en avril 2022. Depuis, la situation s’est aggravée. Que reste-t-il quand on ferme les portes de l’espoir?

 

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