10eme JOUR DU SOULÈVEMENT DES OUVRIERS DU TEXTILE AU BANGLADESH

Publié le par FSC

REPRIS de

 

4eme JOURNÉE DE GRÈVE GÉNÉRALE ET BLOCAGE DU PAYS POUR FAIRE TOMBER LE GOUVERNEMENT
AVANT DEUX NOUVELLES JOURNEES DE "HARTAL", BLOCAGE GÉNÉRAL DU PAYS LES 5 ET 6 NOVEMBRE
 
Les ouvriers d'au moins 300 usines de l'agglomération de Dakha (21 millions d’habitants dans un pays de 170 millions d'habitants) qui concentre 75% de la production textile du pays, la deuxième du monde, avec 35 millions d’ouvriers, sont entrés en grève et révolte depuis 10 jours au moment où le patronat du textile leur a proposé une augmentation du salaire minimum mensuel de 8 000 à 10 000 takas (67 à 84 euros) alors qu'il est estimé que le minimum pour vivre est de 19 à 26 000 suivant les régions.
 
Cela a été pris comme une provocation par les ouvriers qui sont descendus spontanément dans la rue ( sans les syndicats dont les dirigeants soutiennent ou font partie du gouvernement de centre gauche) pour exiger une multiplication par trois du salaire minimum et arriver à 23 ou 25 000 takas (environ 200 euros). Commencée sur une centaine d'usines, la grève s'est étendue au 9e jour (hier) à 300 usines, soit de 100 à 150 000 ouvriers en lutte qui ont saccagé une quarantaine d'usines et en ont brulé une, tandis que les affrontements avec la police faisaient deux morts chez les ouvriers et un dans la police. Le gouvernement a envoyé hier l'armée patrouiller dans les banlieues ouvrières tandis que le patronat du textile fermait toutes ses usines par peur de la contagion.
 
Aujourd’hui, vendredi, est une journée de repos qui a été consacrée au recueillement en hommage aux victimes.
Mais ces mesures du gouvernement et du patronat pourraient bien être totalement inefficaces car, parallèlement à cette grève, il existe un mouvement massif continu et quotidien de lutte contre la hausse des prix depuis août 2022 qui s'est transformé en mouvement pour exiger la chute du gouvernement ces derniers mois puis ces derniers jours en 4 jours de grève générale et blocage total du pays. : 1 jour le 29 octobre puis 3 jours les 31/10, 01/11, et 02/11 et un nouvel appel au blocage total, "hartal" (en référence à lutte de 1948) les 5 et 6 novembre (en même temps que le parti communiste appelle pour sa part à une manifestation nationale le 4 novembre).
 
Les particularités de la situation, c'est d'une part qu'on assiste à une forte montée ouvrière bien plus large que celle du textile avec la victoire l'an passé de 100 000 ouvrières du thé qui ont obtenu la multiplication de leur salaire par 4, une grève qui s'est étendue avec un succès semblable en Inde et puis la victoire il y a un mois des enseignants qui ont obtenu après un mois de grève massive que l'enseignement secondaire devienne public, une victoire qui avait été obtenu pour le primaire au moment de l'indépendance, c'est dire l’importance de ce succès ! Et là aussi, on a assisté à des répliques de cette lutte au Pakistan et au Népal.
 
D'autre part, l'autre particularité de la situation, c'est que l'essentiel des dirigeants syndicaux sont membres du parti au pouvoir, la Ligue Awami, avec même certains classés à l'extrême-gauche.
Bien sûr, plus on avance dans le temps, plus un nombre certain de partis de gauche et d'extrême gauche prennent leur distance avec le gouvernement, mais ils sont bien plus faibles que ceux qui restent fidèles à la Ligue Awami et sans grande présence active dans les rangs des ouvriers en lutte.
 
Le principal parti d’opposition est donc de droite, le BNP, qui a été plusieurs fois au pouvoir et qui est un repoussoir pour beaucoup de travailleurs et surtout des femmes, mais, en même temps, est le principal organisateur des manifestations - et des blocages de routes ou voies ferrées - pour faire tomber le gouvernement.
 
Cependant, il ne veut pas des grèves, parce que ses principaux dirigeants sont des grands patrons qui sont opposés aux augmentations de salaires demandées par les ouvriers. Ainsi il s'est opposé violemment à la grève des ouvrières du thé. Pour les ouvriers du textile, il ne dit rien, mais craignant une insurrection ouvrière et en même temps poussant aux manifestations, il est en pleine contradiction parce qu'elles s’encouragent l'une l'autre. Ce n'était pas trop grave pour, lui, tant que la révolte ouvrière était limitée.
 
Mais le textile est le centre de l'économie bangladaise et les ouvriers de ce secteur 35 millions concentrés autour de la capitale et particulièrement jeunes et des femmes.. Alors aujourd’hui, par l’intermédiaire du mouvement islamiste qui lui est lié, mais qui avait été silencieux jusque là, il a essayé de reprendre en main par la radicalisation politique et religieuse une situation qui pourrait commencer socialement à lui échapper, en faisant poser au mouvement islamiste un ultimatum de dix jours au gouvernement pour démissionner, sinon on peut comprendre qu'il y aurait une guerre sainte.
 
En même temps, contre cette montée ouvrière, le pouvoir, joue de la laïcité pour tenter de décourager en particulier les femmes, de suivre le BNP et donc de descendre dans la rue en expliquant sue si le BNP arrive au pouvoir ce sera le fascisme et s'appuie sur les dirigeants syndicalistes pour dire qu'il comprend les revendications ouvrières mais qu'il ne peut pas y répondre pour le moment mais qu'en décembre..., il fera quelque chose.
On en est là.
 
Il y a une forte montée ouvrière mais qui va devoir déjouer les plans de tous ces faux amis. C'est l'enjeu des jours et semaines à venir.
 
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