Europe : le choix de la guerre ... et du poulet ukrainien !

Publié le par FSC

Au lieu de rechercher une issue politique et diplomatique en Ukraine débouchant sur la Paix sur le continent, l'Union européenne, Macron en tête viennent de décider de jetter de l'huile sur le feu en décidant de fournir la somme colossale de 50 milliards d'euros à l'Ukraine.

Au détriment donc des investissements sociaux, du monde agricole, des travailleurs et des peuples européens.

Dans la foulée du suivisme atlantiste concernant le conflit palestinien accordant à Netanyahou un soutien inconditionnel et en refusant toute sanction de la politique génocidaire en cours à Gaza et de formuler  l'exigence d'un Cessez le feu immédiat.

Parallèlement les réponses au  mouvement social dans le monde agricole ne se réduisent pas comme il se dit, au sacrifice des mesures écologiques et à la primauté de la fin du mois par rapport à la fin du monde.

Puisque ces mesures ne remettent absolument pas en cause le sacro saint principe de la "concurrence libre et non faussée" (non faussée tu parles !) du contenu de la Politique Agricole Commune (PAC), à la politique foncière qui conduisent à la ruine des petits exploitants et à la concentration des exploitations et ne comporte aucune véritable contrainte à l'égard des industriels de l'agro-alimentaire et de la grande distribution en mesure de garantir réellement une rétribution équitable du travail des producteurs.

Et il faudra bien d'autres luttes, une véritable convergence et une perspective politique autrement radicale pour remettre le monde à l'endroit

 

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Colère des agriculteurs : comment le discret poulet ukrainien fragilise les éleveurs

Elle donne la chair de poule aux éleveurs français mais difficile d’en trouver dans les rayons des magasins et les catalogues de grossistes. Mais où diable la volaille importée d’Ukraine se cache-t-elle ?

Du poulet ukrainien qui devient hollandais

La tâche n’est pas simple, car la volaille venue d’Ukraine avance en partie masquée, en transitant par des transformateurs ou des sites de découpe, en Pologne, en Belgique ou aux Pays-Bas notamment, qui ne sont pas obligées d’en indiquer l’origine. Pour Yann Nédélec, directeur de l’Anvol, l’interprofession de volaille de chair, il ne fait ainsi pas de doute que beaucoup de viande hollandaise, vendue comme étant d’origine européenne, provienne en réalité d’Ukraine. En effet, cherchez l’erreur : « les Pays-Bas exportent plus qu’ils ne produisent ».

À l’échelle de toute l’Union européenne, la progression des exportations de volaille de l’Ukraine vers les États membres ces dernières années a été fulgurante. Aujourd’hui le pays se situe derrière le Brésil mais il a un avantage considérable : la suppression des droits de douane et des quotas, décidée en 2022 par l’Union européenne pour soutenir l’agriculture du pays en guerre contre la Russie.

Un effet domino

« L’Europe n’a pris aucune précaution et aujourd’hui, on est face à une concurrence redoutable, observe Yves Le Morvan, responsable Filières et marchés au Think Tank Agridées. Car même si l’Ukraine exporte surtout en Pologne ou dans les pays limitrophes, il y a un effet domino qui se répercute jusqu’en France. »

 

Comment, en effet, faire face à des fermes avicoles « qui peuvent atteindre une taille 50 fois supérieure à la moyenne en France avec des coûts d’élevage inférieurs de 40 % ? »

« On a ouvert nos frontières »

À la tête de LDC (marques Le Gaulois, Loué, Marie…), Philippe Gélin s’indigne. « On a ouvert nos frontières, et tout cela pour qui ? Pour les profits d’un oligarque », pointe le patron du numéro 1 de la volaille en France. Dans le collimateur, Yuriy Kosyuk, dixième personne la plus riche d’Ukraine, principal actionnaire de MHP. Cet empire, le plus grand producteur et exportateur de poulets du pays, multiplie les controverses, notamment pour son recours à des sociétés boîtes aux lettres dans des paradis fiscaux tels que le Luxembourg et Chypre. « Il a également été accusé de corruption, d’accentuer la pollution de l’air et de l’eau, de violations des droits des communautés et des Droits de l’Homme » énumère The Oakland Institute dans son rapport Guerre et spoliation, la prise de contrôle des terres ukrainiennes.

En France, des voix s’élèvent également dans la profession pour mettre en doute les conditions sanitaires et environnementales avec lesquelles sont élevés ces poulets importés. « Les volailles MHP sont, comme tous les produits importés, certifiées par l’Union européenne », rétorque Olexandra Avramenko, porte-parole de la fédération de l’industrie agroalimentaire ukrainienne.

Face à cette situation, l’interprofession réclame un retour au quota appliqué à l’Ukraine avant la guerre. L’exemption de tarifs douaniers et de quotas, accordée en 2022 aux produits agricoles ukrainiens, renouvelée l’an dernier, s’applique jusqu’au 5 juin 2024, soit la veille des élections européennes. Qu’en sera-t-il après ?

« Plus on industrialise, plus on perd la trace »

Elle demande aussi une plus grande transparence sur l’origine de la volaille vendue en France. Si des règles existent, elles ne concernent pas la viande cuisinée ou travaillée, ensuite servie en restauration hors domicile. Or, du sandwich de boulangerie à la salade César à emporter, c’est sur ce segment que la consommation a le plus progressé et c’est aussi là qu’il y a le plus d’importations.

« Le poulet entier du dimanche ne représente plus que 15 % du marché. Plus on industrialise, plus on perd la trace d’origine » résume Yves Le Morvan.

 

Les volaillers estiment enfin que la filière est bridée dans son développement en raison des nombreuses oppositions et recours qui freinent les projets de modernisation ou de construction des élevages.

Depuis bientôt dix ans, la France importe plus de volaille qu’elle n’en exporte et ce déficit commercial s’accroît. Au-delà de l’impact sur les éleveurs et sur toute la filière aval, cette crise a aussi des conséquences environnementales, contribuant à faire augmenter la part des émissions carbone importées du système alimentaire français., Alors que les volailles ne pèsent qu’une infime part des émissions de méthane dues à l’élevage.

 

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Guerre et spoliation : la prise de contrôle des terres agricoles ukrainiennes

 

 

Depuis l’invasion russe en février 2022, la guerre en Ukraine est au centre des questions de politique étrangère et des médias. Cependant, peu d’attention a été accordée à une question majeure qui est au cœur du conflit : qui contrôle les terres agricoles dans le pays connu comme le « grenier de l’Europe » ?

Ce rapport Guerre et spoliation : la prise de contrôle des terres agricoles ukrainiennes comble cette lacune en identifiant les intérêts qui contrôlent les terres agricoles ukrainiennes, et en présentant une analyse des dynamiques en jeu autour du régime foncier dans le pays. Cela inclut la très controversée réforme agraire qui a eu lieu en 2021 dans le cadre du programme d’ajustement structurel lancé sous les auspices des institutions financières occidentales, après l’installation d’un gouvernement pro-Union européenne (UE) à la suite de la révolution de Maïdan en 2014.

Avec 33 millions d’hectares de terres arables, l’Ukraine possède de vastes étendues de terres agricoles parmi les plus fertiles du monde. Depuis le début des années 1990, des privatisations malavisées et une gouvernance corrompue ont concentré les terres entre les mains d’une nouvelle classe oligarchique. Environ 4,3 millions d’hectares sont consacrés à l’agriculture industrielle, la majeure partie, soit trois millions d’hectares, étant aux mains d’une douzaine de grandes entreprises agroalimentaires. En outre, selon le gouvernement, environ cinq millions d’hectares – la taille de deux Crimée – ont été “volés” à l’État ukrainien par des intérêts privés. La superficie totale des terres contrôlées par les oligarques, des individus corrompus et les grandes entreprises agroalimentaires s’élève donc à plus de neuf millions d’hectares, soit plus de 28 % des terres arables du pays. Le reste est utilisé par plus de huit millions d’agriculteurs ukrainiens.

Ceux qui contrôlent les terres ukrainiennes aujourd’hui sont un mélange d’oligarques et d’intérêts étrangers divers – principalement européens et nord-américains, y compris un fonds d’investissement privé basé aux États-Unis et le fonds souverain d’Arabie Saoudite. À l’exception d’une seule, les dix sociétés qui contrôlent le plus de terres sont enregistrées à l’étranger, principalement dans des paradis fiscaux tels que Chypre ou le Luxembourg. Même lorsqu’elles sont dirigées et encore largement contrôlées par un oligarque fondateur, un certain nombre de ces entreprises sont entrées en bourse, des banques et des fonds d’investissement occidentaux contrôlant désormais une part importante de leurs actions.

Le rapport identifie de nombreux investisseurs de premier plan, notamment le groupe Vanguard, Kopernic Global Investors, BNP Asset Management Holding, NN Investment Partners Holdings (filiale de Goldman Sachs), et Norges Bank Investment Management qui gère le fonds souverain norvégien. Plusieurs grands fonds de pension, de fondations et de fonds de dotations universitaires américains ont également investi dans les terres ukrainiennes par l’intermédiaire de NCH Capital, un fonds d’investissement privé basé aux Etats-Unis qui est le cinquième détenteur foncier de l’Ukraine.

La plupart de ces entreprises sont endettées auprès d’institutions financières occidentales, en particulier la Banque Européenne pour la Reconstructions et le Développement (BERD), la Banque Européenne d’Investissement (BEI), et la Société Financière Internationale (SFI) – la branche de la Banque mondiale consacrée au secteur privé. Ensemble, ces institutions ont été des prêteurs importants pour les agro-industries en Ukraine, avec près de 1,7 milliard de dollars prêtés à seulement six des plus grandes agro-industries au cours des dernières années. D’autres prêteurs importants sont un mélange d’institutions financières principalement européennes et nord-américaines, tant publiques que privées. 

Les financements occidentaux accordés à l’Ukraine ces dernières années ont été liés à un programme d’ajustement structurel drastique qui a exigé des mesures d’austérité et de privatisation, y compris la création d’un marché foncier pour la vente des terres agricoles. Le président Zelensky a promulgué la réforme foncière en 2020 contre la volonté de la grande majorité de la population qui craignait qu’elle n’exacerbe la corruption et ne renforce le contrôle des intérêts puissants dans le secteur agricole. Les conclusions du rapport confirment ces inquiétudes. Alors que les grands propriétaires terriens obtiennent des financements massifs de la part des institutions financières occidentales, les agriculteurs ukrainiens – essentiels pour assurer l’approvisionnement alimentaire du pays – ne reçoivent pratiquement aucun soutien. Avec le marché foncier en place, dans un contexte de stress économique élevé et de guerre, cette différence de traitement conduira à une plus grande consolidation des terres par les grandes entreprises agroalimentaires.

Le rapport tire également la sonnette d’alarme sur le fait que la dette écrasante de l’Ukraine est utilisée comme un levier par les institutions financières pour conduire la reconstruction d’après-guerre vers de nouvelles réformes de privatisation et de libéralisation dans plusieurs secteurs, y compris l’agriculture.

Guerre et spoliation couverture

LE TEXTE complet du rapport de l'Oakland Institute :

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