Le dialogue social un des combats historiques de la CGT ? Réponse à la direction confédérale de la CGT

Publié le par FSC

Rappelons les faits :
  • le 25 septembre dernier les premiers dirigeants syndicaux de la CFDT, CGT, FO, CFE-CGC et CFTC s'adressent ensemble au patronat pour demander l'ouverture d'un agenda social de négociations en mettant en avant le fait que disent-elles "nos organisations ... sont très attachées au dialogue social et à la négociation collective ... "

 

  • Plusieurs organisations de la CGT se sont alors adressé à la direction confédérale et à Philippe Martinez pour protester contre cette démarche visant à considérer le patronat comme un "partenaire" et notamment la CFDT comme un allié.

 

  • En date du 11 octobre la direction confédérale a répondu publiquement à ces interpellations (Voir la réponse ci-après)

C'est au contenu de cette réponse qu'à notre tour nous voulons répliquer :

D'entrée dans la réponse confédérale il est affirmé que le dialogue social est un des combats historiques de la CGT et de citer en preuve la représentation du personnel, la reconnaissance des sections syndicales d'entreprise, l'obtention des droits syndicaux ...

Mais en quoi ces conquis résultent-ils du dialogue social ?

Nos dirigeants auraient-ils perdu la mémoire des luttes ?

Car faut-il rappeler que par exemple la reconnaissance du syndicat d'entreprise est le résultat du puissant mouvement de grèves et d'occupations d'usines de mai-juin 1968 ?

Et non pas d'une concertation à froid avec nos "gentils partenaires sociaux" !

Sans rien dire des périodes de véritables conquêtes comme en 1936, 1945 ...

La réponse confédérale entretient par ailleurs une confusion :

Une chose sont les négociations sur la base du rapport de force du moment, ce qui est effectivement dans la tradition historique de la CGT qui est présente partout où sont en jeu les intérêts des travailleurs;

Autre chose est de se réclamer du dialogue social permanent qui constitue le socle à la fois de l'idéologie patronale, des organisations syndicales de collaboration de classe comme la CFDT et de la Confédération Européenne des Syndicats.

Idéologie qui elle substitue à la construction du rapport de forces et du constat du caractère antagoniste des intérêts des travailleurs et de ceux du patronat, un diagnostic partagé comme ils disent,  une entente plaidant la nécessité de l'adaptation aux contraintes du marché, de la concurrence, de la compétitivité, de la dette créée en partie pour sauver les banques privées ...

Idéologie qui en période de crise aiguë comme celle que nous traversons se traduit par l'acceptation de l'exigence patronale et du pouvoir politique à son service de TOUTES les remises en cause des conquis issus du rapport de force antérieur beaucoup plus favorable comme au lendemain de la Libération!

Car on voit bien à quoi mène l'esprit de dialogue social de la CFDT acquiesçant à la réforme des retraites, à la flexibilisation du marché du travail, au démontage des garanties collectives au profit des accords d'entreprise sous le joug et le chantage patronal ... !

On ne peut donc perdre de vue que précisément l'idéologie du dialogue social est destinée à contrer la conception de lutte de classe dont la CGT se réclame!

Comme on peut constater par exemple avec l'appel récent du Figaro à mettre à profit les élections dans la fonction publique pour faire passer devant la CFDT AFIN d'en finir avec la lutte de classe et la Charte d'Amiens !

Sous-entendu dans ce sillage, les luttes, les manifestations, le combat d'idées contre les idées et orientations dominantes ne servent à rien, sont présentées comme celles du vieux monde.

Surtout, l'idéologie du dialogue social aujourd'hui comme hier refuse de mobiliser les travailleurs contre la politique globale du pouvoir et de la bourgeoisie.

Mais pour donner le change, se justifier monte le ton, mobilise seulement sur les conséquences des choix effectués par le pouvoir et les conséquences des stratégies patronales.

Sans jamais remettre en cause la légitimité de ces choix et la nécessité d'alternatives globales à ces choix et à ces intérêts.

Se réclamer donc de cette idéologie sous couvert d'une démarche "unitaire" c'est la cautionner et c'est abandonner la spécificité historique de la CGT et du mouvement syndical de notre pays qui depuis la Charte d'Amiens fait de la double besogne l'horizon de la lutte : bataille revendicative quotidienne étroitement associée à la lutte pour " l'émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l'expropriation capitaliste".

Une mise garde


La réponse confédérale comporte en effet une mise en garde.

Dans l'expression des divergences à l'intérieur de la CGT "ll ne peut être question, ... de porter accusation d’abandons de notre combat de classe dans le cadre de l’opposition entre capital et travail"

Autrement dit de contester et de qualifier les choix d'orientation confédéraux.

Mais si comme on vient de le voir l'idéologie du dialogue social constitue la mise en place d'idées, d'institutions, de pratiques visant à combattre la tradition de lutte de classes, y consentir revient à tourner le dos aux principes de classe dont par ailleurs on se réclame.

Un débat justifié et incontournable dans la CGT

Le combat séculaire interne au mouvement ouvrier oppose le réformisme d'accompagnement du capitalisme à la tradition révolutionnaire de contestation du système pour une alternative anti-capitaliste.

Dans le champ politique comme dans le champ syndical.

En référence à cet antagonisme profond et historique, la critique émise par plusieurs structures importantes de la CGT à l'endroit de la démarche unitaire réclamant un calendrier de rencontres au patronat fondé sur le dialogue social nous paraît complètement justifiée ... et nécessaire.

Pour plusieurs raisons :

Cette opposition et cette confrontation d'orientation n'est pas seulement externe à la CGT.

Elle est interne à notre organisation.

Lorsque sur Europe 1,  dans Le club de la presse le 19 octobre 2015 à une question de Robert Namias, Philippe Martinez répond  : " donc nous sommes un syndicat et je l'ai dit déjà, le syndicalisme est par essence réformiste …".

Cette réponse pose pour le moins question.

L'Adhésion à la CES

D'autant que dans les années 90, afin d'adhérer à la Confédération Européenne des Syndicats (CES) la direction de la CGT de l'époque a consenti aux conditions imposées par ladite CES et la CFDT (Nicole NOTAT) incluant en plus du départ de la FSM l'acceptation du "consensus social".

VOIR à ce propos la réponse d'Henri Krasucki au refus de l'adhésion de la CGT à la CES dans son ouvrage "Syndicats et Unité"

http://www.frontsyndical-classe.org/2014/09/que-s-est-il-passe-dans-la-gt-il-y-a-20-ans-annexe-5.html

Et que depuis cette époque ces choix et cette orientation n'ont aucunement été remis en question.

Et que depuis cette époque le bilan de ces choix fait l'objet d'un refus et d'un déni, comme s'ils ne pouvaient être remis en question à la lumière de l'expérience et des enjeux, à l'heure de l'offensive générale du capital contre TOUS nos conquis !

Oui ou non les dirigeants de la CGT dans les années 90 ont-ils consenti aux exigences de la CES et de la CFDT pour pouvoir adhérer à la CES ?

Alors que depuis plus de 20 ans les dirigeants de la CGT et Henri Krasucki en particulier, tout en revendiquant l'adhésion à la CES, refusaient d'accepter des conditions attentatoires à ce qu'était la CGT (Il faut nous prendre tel qu'on est) qu'est-ce qui a rendu possible cette adhésion au long des années 90 ?

VOIR notre document "Que s'est-il passé dans la CGT il y a vingt ans ?" :

http://www.frontsyndical-classe.org/2014/10/que-s-est-il-passe-a-la-cgt-il-y-a-20-ans.html

Sans que la CES elle ait changé!

Alors oui débattons ENFIN de cela dans nos instances et dans la préparation du 52e congrès.

Cela devient effectivement incontournable.

 

Réponse de la direction confédérale à son interpellation :

 

 

Le Positionnement de l'Union départementale CGT des Hauts-de-Seine en 2016

 

 

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