CFDT : le choix des alliances

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Documents à l'appui, Mediapart lève le voile, vendredi 22 août, sur ces investisseurs cachés. Selon le site d'information en ligne, « les deux principaux financeurs se révèlent être Bernard Arnault ainsi que les Bettencourt ». Le premier, déjà propriétaire du quotidien économique Les Echos, a investi 6 millions d'euros via une filiale de son groupe, LVMH. La famille Bettencourt, à travers la holding Thétys, a pour sa part apporté 3,2 millions d'euros, et contrôle 13,4 % du capital du journal.
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Fanny Guinochet Fanny Guinochet 13 mai
En présentant en mars dernier un pacte de 66 propositions avec Nicolas Hulot et un collectif d’associations, Laurent Berger a retrouvé de l’influence
Laurent Berger s’intéressait depuis longtemps à l’écologie. En témoigne le livre Réinventer le Progrès (Editions Les Petits Matins), que le syndicaliste a coécrit, en 2016, avec Pascal Canfin, l’ancien patron de WWF, aujourd’hui deuxième sur la liste de la République en marche, derrière Nathalie Loiseau. Dès le mois de novembre, lorsque la crise des Gilets jaunes éclate, le numéro un de la CFDT planche sur sa proposition de mettre en place un « pacte du pouvoir de vivre ». Et réussit à réunir les autres centrales réformistes – CFTC, Fage, Unsa – mais aussi des responsables d’associations de lutte contre la pauvreté pour le présenter en mars dernier. Laurent Berger connaît bien tous ces acteurs, avec lesquels il a travaillé sur le plan pauvreté l’été dernier. En résulte une plate-forme collective de 66 propositions, parmi lesquelles la mise en place d’une plus grande progressivité de l’impôt, une taxe sur les hauts patrimoines, le conditionnement des aides publiques aux entreprises, le renforcement de la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscale, l’instauration d’un véritable plan de la transition écologique etc.
Si Laurent Berger est allé chercher ces alliances, c’est parce que le paysage syndical s’est considérablement réduit. Depuis l’affaire Pavageau, Force ouvrière est en retrait. La CGT est en berne. La CFTC va changer de chef de file cet automne, mais le pouvoir d’influence de la centrale se rétrécit comme peau de chagrin. Force est de constater que la CFDT n’a plus de partenaires de jeu. Elle n’a plus de moyens ni de voies possibles d’exister via le dialogue social traditionnel. Sauf à faire alliance avec le patronat, notamment le Medef, mais c’est compliqué à assumer, sauf à nourrir le risque de se faire traiter de « collabo ». « Laurent Berger va là où il peut peser. Et s’allier à l’ancien ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, très populaire auprès des Français, était sa meilleure option possible », analyse un bon connaisseur de la cartographie syndicale. D’ailleurs, quelques jours après la publication de ce pacte, Laurent Berger l’incarne. Nicolas Hulot s’est effacé.
Ce positionnement plus politique de la centrale de Belleville est-il risqué ? La CFDT s’éloigne de la seule défense des travailleurs. En même temps, ce n’est pas la première fois qu’elle se place sur un champ sociétal. C’est même l’ADN de ce syndicat. Reste que dans cette période où il y a pénurie de leaders politiques charismatiques à gauche, l’initiative de Laurent Berger en inquiète plus d’un. Lorsque le journal le Monde l’a présenté comme le premier opposant politique Emmanuel Macron, des représentants des partis traditionnels lui ont envoyé des messages pour connaître ses intentions. De peur que le successeur de François Chérèque ne vienne grignoter les quelques parts de marchés qu’il leur reste. Laurent Berger va-t-il se lancer sur le terrain politique ? Il ne semble pas en avoir envie pour le moment. Le quinquagénaire l’assure, après la CFDT, il fera complètement autre chose.