Bolloré ... le corrupteur !
Exemple même de l'oligarque faiseur d'opinion voilà l'empire de celui qui s'apprête à s'emparer à présent d'Europe 1, car l'oligarchie ne néglige RIEn, et surtout pas la propriété des moyens d'information AFIN de préserver ses privilèges et son pouvoir!
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Bolloré, pour le citoyen lambda, c’est Fouquet’s, yacht, OCB et Autolib. L’influence du milliardaire est connue – on ne prête pas son jet privé et son yacht à un président comme ça – mais comment a-t-il construit sa fortune ? Quels secteurs industriels forment l’ossature de son empire ?
L’histoire de son pouvoir nous amène d’abord en Afrique. Profitant des privatisations et des contrats scélérats imposés aux pays africains par les institutions internationales (FMI et Banque Mondiale en tête), Bolloré a étendu méthodiquement son empire logistique jusqu’à tenir sous sa coupe des pays entiers. En contrôlant les ports et les chemins de fer, d’immenses régions dépendent de ses trains ou de ses docks pour recevoir ou expédier des marchandises. Areva, de multiples sociétés minières et même l’Etat français dépendent de ses moyens logistiques. L’empire Bolloré c’est donc d’abord un contrôle immense sur les destinés, les rythmes politiques et les approvisionnements économiques de centaines de millions de personne. Même si les « activités africaines » ne représentent pas la majorité du chiffre d’affaire du groupe, c’est sans conteste l’activité la plus stratégique de l’empire Bolloré.
Après l’Afrique, la seconde passion de Vincent Bolloré, c’est les médias. Et sa première tentative d’entrer dans le secteur est remarquée. Conseillé par le pantouflard en chef Alain Minc, Bolloré tente, en 1997, de retourner le conseil d’administration de Bouygues pour prendre le contrôle de TF1. Son opération échoue, TF1 reste entre les mains du géant du BTP, mais notre ami milliardaire réalise des millions d’euros de bénéfice. Ce n’est que partie remise.
En 2002, le groupe Bolloré, qui n’a aucune expérience dans la télévision, candidate à l’appel d’offre pour le lancement de la TNT. Le groupe porte le projet de Direct 8 et propose d’injecter 30 millions d’euros annuels dans la future chaîne – une broutille pour un groupe qui réalise des milliards de chiffre d’affaire. Ces sommes – ridicules – suffisent à convaincre le CSA qui lui octroie gratuitement – oui, vous avez bien lu – la concession d’émission pour la future D8. Ça y est ! Bolloré entre dans la cour des grands, il possède maintenant sa chaîne de télé. Mais il ne s’arrêtera pas là. Fin financier, il profite de ce cadeau de l’Etat pour revendre la chaîne et D17 (qu’il a racheté entre temps à Virgin) au groupe Vivendi. Bolloré se fait payer en actions Vivendi qui, en 2011, sont à un cours particulièrement bas. En plus d’empocher une belle somme (plus de 200 millions de plus-value), cette opération lui permet de prendre le contrôle du conseil de surveillance de Vivendi (poste qu’il occupe depuis 2014) et, de ce fait, d’avoir la main sur le groupe Canal plus, une filiale de Vivendi. Ça y est, Bolloré joue maintenant dans la cour des grands magnats des médias. Mais ce n’est pas tout.
Comme souvent, Bolloré ne s’arrête pas là et use de son expérience industrielle pour réaliser un des plus beaux exemples de concentration verticale dans le domaine des médias. Le groupe Bolloré contrôle tout. Depuis le réseau satellite jusqu’aux agences de pub, des cars régies jusqu’aux boîtes de production de programmes, Bolloré a la main sur chaque rouage de cette industrie de l’opinion que sont les médias.
Canal plus lui assure la main sur les réseaux satellites – c’est décisif pour ses activités africaines – sur Studio Canal, un des plus grands producteurs français de fiction et, évidemment, sur la chaîne privée à abonnement la plus puissante de France et ses satellites – notamment la chaîne d’information en continue I-Télé.
Mais ce n’est pas tout. Bolloré contrôle aussi Euromédia, une société de production et de matériel audiovisuel qui a racheté la Société Française de Production – et ses studios de Brie sur Marne et de Saint-Denis, à l’occasion de sa privatisation en 2001. Grâce à un nouveau cadeau de l’Etat, Bolloré fait donc de l’argent avec le matériel télévisuel.
Bolloré contrôle aussi l’agence de pub Havas, un très gros poisson de la com’ française qui lui permet de valoriser ses stats d’audience et de nouer de solides et durables partenariat avec d’autres industriels, devenus clients ou annonceurs pour son agence de pub et ses chaînes de télé.
En plus de la com’, Bolloré possède même avec CSA, un institut de sondage majeur du paysage français. Imaginez, et nous allons y venir tout de suite, l’influence dont dispose maintenant notre brillant capitaine d’industrie.
La com’ et les sondages placent Bolloré en faiseur de roi de la politique française.
Libre à lui de dépêcher ses meilleurs conseillers en communication au secours de n’importe quel politique – il l’a fait en Afrique et, en France, Stéphane Fouks, vice président d’Havas, a conseillé de nombreux hommes politiques de haut niveau. Libre à lui aussi d’utiliser les sondages pour faire des politiques ses partenaires. En effet, les sondages sont les faiseurs de rois de notre fade politique. Choisir de tester un nom ou pas, pourvoir modifier les marges d’erreurs et les panels pris en compte pour suggérer au peuple « Qui est le mieux placé pour battre la droite ? », les sondages sont nos nouveaux oracles, ils peuvent prévenir – et ainsi le créer – l’avenir politique français. Avec CSA, Bolloré est donc le maître de la prophétie autoréalisatrice que sont devenues nos élections en lesquelles plus personne ne croit.
Mais ce n’est pas tout. Bolloré utilise directement les médias qu’il possède comme tract de publicité pour son groupe industriel et ses intérêts. En 2007 par exemple, Direct Matin – qu’il a créé grâce aux conseils de son ami Jacques Séguéla (le modèle de Stéphane Fouks) – a mené une campagne d’une étonnante sympathie pour présenter le président sénégalais Abdoulaye Wade comme un « Grand d’Afrique » dans le seul but de servir les intérêts du groupe Bolloré qui convoyait le juteux contrat du port de Dakar. La récente prise en main de la rédaction de Canal par Bolloré s’inscrit dans le même registre. Depuis cet été, il a censuré deux documentaires – un sur sa banque historique le Crédit Mutuel, l’autre sur la guéguerre médiatique Sarkozy-Hollande – débarqué les rédactions d’I-Télé, du Grand Journal et des Guignols et banni les couvertures dérangeantes de Marianne des revues de presse d’I-Télé. Bolloré voit donc dans ses acquisitions médiatiques des antennes pour diffuser, accroître et faire valoir les intérêts bien particuliers de son groupe industriel.
Que reste-t-il de l’intérêt général dans tout ça ? Voilà la question que nous posons. Nous ne questionnons pas la stratégie industrielle – au demeurant parfaite – du groupe Bolloré, nous nous demandons ce que les citoyens ont à gagner avec tout cela ? Notre information doit-elle dépendre des contrats que vise, bien loin de chez nous, un milliardaire tout puissant ? Nous autres citoyens, qui dépendons des médias pour nous faire une idée de l’actualité et des événements qui tissent notre réel, sommes-nous forcés de nous voir servie une soupe assaisonnée selon les goûts et les lubies d’un grand industriel ? Que vaut encore le principe d’indépendance de la presse face à une telle reprise en main ? Voilà les questions que nous voulions vous soumettre et qui animent l’esprit de notre vidéo.
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