Petit Louis
SOURCE : La page Facebook de Régis de Castelnau
Le 16 juillet 1942 à Paris, quelques jours après la victoire des Français libres à Bir Hakeim, René Bousquet l’ami de François Mitterrand organisait pour le compte de l’Allemagne la rafle du Vel’ d’Hiv’. Répondant aux ordres de Bousquet et aux objurgations de Robert Brasillach « de ne pas oublier les petits », la police française arrêtait hommes femmes, enfants et nourrissons pour les parquer dans des conditions effroyables au Vélodrome d’hiver, avant de les entasser dans des trains pour les envoyer à la mort.
Parmi les enfants, raflé avec ses parents et ses sœurs il y avait Lazare Pytkowicz, « Petit Louis » qui avait commencé la résistance comme agent de liaison en novembre 1940 à l’âge de 12 ans !
Il décida de s’enfuir du Vel’ d’Hiv’ et le dit à son père, qui lui demanda de prévenir d’abord sa mère. Une fois évadé de l’enfer, il redevint agent de liaison. Arrêté trois fois par la Gestapo, il s’évada trois fois. « Comme j’étais encore un gosse, c’était plus facile on ne se méfiait pas de moi ».
Il aura affaire à Klaus Barbie et subira la torture. Lorsqu’on lui demande s’il aurait parlé. Il répond non en souriant, « jamais » ! Puis se reprend et dit, confondant de modestie : « Mais, attention, je n’ai pas subi de supplice de la baignoire. Seulement les coups. »
À la Libération, il attendra en vain au Lutétia, ses parents et ses sœurs restés à l’intérieur du Vél d’Hiv et déportés en Allemagne. « À la fin de la guerre, je suis allé comme beaucoup à l’hôtel Lutétia. C’est là qu’arrivaient les rares survivants des camps de concentration. Papa, Maman et Fanny ne sont jamais revenus. Soixante ans après, je porte encore leur deuil. »
Les gens qui l’avaient recueilli en 1942 le renvoyèrent ensuite reprendre sa scolarité dans un lycée parisien. C’est là qu’un beau matin un surveillant vint dans sa classe lui dire qu’il était convoqué dans le bureau du proviseur. Il y rentra inquiet des raisons de cette convocation. Pour tomber sur un général en uniforme qui lui indiqua qu’il allait être fait « Compagnon de la Libération » et lui épingla la Croix avant de lui donner l’accolade. Il avait 16 ans.
Quelques instants plus tard il retournera dans sa classe en mettant la décoration dans sa poche : « je ne voulais pas que les copains se fichent de moi ».
Lazare Pytkowicz est mort le 2 octobre 2004. Resté jusqu’à la fin de sa vie secrétaire de la section du PCF, Grandes Carrières, dans le 18e arrondissement de Paris.
Comme tous les 16 juillet, à l’évocation de la rafle, on aura une pensée pour le camarade « Petit Louis ».