Déclaration du Front Syndical de Classe du Nord-Pas-de-Calais 11 mai 2002
INDEPENDANCE, COMBAT DE CLASSE ET RESISTANCE POPULAIRE
On ne peut que se réjouir de la défaite de Sarkozy, le chef d’Etat le plus réactionnaire que la France ait eu à sa tête depuis Pétain.
Toutefois l’élection d’un président « socialiste » dont la priorité est le remboursement des « dettes », le sauvetage de l’euro, le maintien à tout prix d’une UE synonyme de destruction des souverainetés et des acquis populaires, ne peut qu’inquiéter les syndicalistes que nous sommes à l’heure où les travailleurs vivent déjà fort mal et où un plan d’euro-austérité « à la grecque » menace notre pays. Après des années de contre-réformes, de privatisations et de délocalisations réduisant l’emploi industriel, réduisant le pouvoir d’achat, affaiblissant le logement social, la Sécurité sociale, l’indemnisation du chômage, les retraites et les services publics, le monde du travail, qu’il s’agisse des actifs, des retraités, des privés d’emploi ou des jeunes en formation, ne peut plus supporter une mesure d’austérité supplémentaire !
C’est pourquoi le FSC Nord-Pas-de-Calais ne peut que faire part de son inquiétude quand il constate que tant de syndicalistes, - pas seulement hélas parmi ceux qui ont l’habitude d’ « accompagner » les directions confédérales de collaboration de classes -, ne font strictement rien pour mobiliser les travailleurs, qu’au contraire ils s’inscrivent totalement dans un soutien complaisant à François Hollande, qu’ils acceptent passivement le thème mensonger de l’ « Europe sociale », de « l’euro au service des peuples » et de la « BCE au service de la croissance », alors que la majorité des ouvriers et un nombre croissant d’employés a compris depuis belle lurette que la « construction européenne » n’a, n’a jamais eu, et n’aura jamais d’autres fonctions que d’enfermer totalitairement les peuples dans le capitalisme et l’austérité à perpétuité. S’il n’est pas interdit par principe à un syndicat d’intervenir dans le champ politique à partir des mandats revendicatifs conférés par le monde du travail, il est pénible de voir tant de syndicalistes déserter le terrain des luttes et se transformer en claque électorale de tel ou tel candidat parce que cela les inscrit d’avance dans le soutien, « critique » ou non, aux politiques européennes d’austérité. D’autant qu’il n’existe aujourd’hui aucune garantie que les candidats de la gauche établie, y compris certains candidats de la « gauche de la gauche » n’accepteront pas de soutenir, une fois les élections passées, la participation de leur parti à un gouvernement d’euro-austérité. Or si une nouvelle expérience négative comme celle de la « gauche plurielle » de 95/2002 venait à se reproduire, le risque serait considérable que le FN allié à tout ou partie de l’UMP ne prenne l’offensive dans la rue et ne menace gravement les libertés républicaines au nom d’on ne sait quelle « révolution bleue marine ».
Bien entendu, il faut combattre avec acharnement le prétendu « front national » et l’Union Maastrichtienne Patronale (UMP) qui ne cesse de surenchérir sur le FN dans la xénophobie et le racisme d’Etat. Mais la meilleure manière de combattre le FN n’est pas de transformer les syndicats en groupes de supporteurs électoraux : elle consiste au contraire à défendre frontalement le produire en France et les délocalisations, donc à condamner le libre-échange européen et mondial inhérent à l’ensemble des traités européens, à défendre les services publics, les salaires, les retraites et la protection sociale, asphyxiés par le « sauvetage de l’euro », à proclamer qu’en aucun cas le salut de l’euro ne doit l’emporter sur la défense des revendications populaires et des libertés démocratiques, dont fait centralement partie le droit de chaque peuple à disposer de lui-même en décidant démocratiquement de son propre budget. Ce n’est pas en s’agenouillant devant le gouvernement « socialiste » de Blum que les travailleurs conduits par la CGT de Frachon, Midol, Sémard, Timbaud et Montmousseau a remporté la victoire historique de 1936, c’est en conservant leur indépendance de classe et en occupant les usines en juin 1936. C’est de même en refusant de se subordonner au PS et à l’union de la gauche en formation que les travailleurs ont occupé les usines et obtenu de grandes avancées en juin 1968. C’est encore en montrant de l’indépendance par rapport au PS, à la Confédération Européenne des syndicats « oui-ouiste » et à la direction euro-formatée de la CGT que la CGT a joué tout son rôle dans la mise en échec de la funeste « constitution » européenne en mai 2005.
Plus que jamais, le rôle des syndicalistes de classe est donc de faire monter les revendications populaires, d’organiser les travailleurs « en bas », de préparer les luttes de la rentrée 2012, de mettre en place une vraie plate-forme syndicale de lutte des classes « tous ensemble et en même temps », de combattre non seulement l’UM’Pen raciste et xénophobe sur la base de l’antifascisme et de l’internationalisme prolétarien, mais aussi l’Europe supranationale du grand patronat et de l’oligarchie financière, ainsi que toutes les politiques qui émanent de cette Europe, y compris celles qui se réclament de la « gauche ». Souvenons-nous que les cégétistes Pierre Sémard, Michel Brûlé, Jean-Pierre Timbaud (morts pour la France) ne sont jamais tombés dans le piège grossier, que leur tendent à nouveau aujourd’hui Sarkozy et Marine Le Pen, lesquels ont osé opposer le 1ermai dernier, le drapeau tricolore de la nation républicaine au drapeau rouge du prolétariat mondial, la « Marseillaise » de la Révolution française à l’ « Internationale » du mouvement ouvrier révolutionnaire mondial.
Plus que jamais, refusons d’inscrire nos revendications dans le cadre étouffant du « sauvetage de l’euro », ce collier étrangleur posé sur l’encolure des peuples. Examinons le rôle réel de la « construction européenne » dont le Nord-Pas-de-Calais a été le ban d’essai avec la fermeture du charbon, de la sidérurgie, du textile et de la métallurgie.
Réunissons-nous, faisons le compte des reculs subis depuis le Traité de Maastricht de septembre 92, mais aussi des contre-réformes, des privatisations, des délocalisations, des déremboursements Sécu, des lois anti-retraites, des mesures anti-grèves, qui ont été mises en œuvre par les gouvernements maastrichtiens successifs, des années Mitterrand-Chirac aux années Sarkozy en passant par les années Chirac-Jospin-Buffet-Gayssot-Voynet et exigeons l’annulation de toutes ces contre-réformes.
Le capitalisme est en crise structurelle grave. Son Union européenne du capital, son maudit « euro » aussi. Le rôle des syndicats n’est pas, comme l’a dit le président de la C.E.S. John Monks de « sauver le capitalisme du capitalisme ». Le rôle des vrais syndicalistes de lutte n’est pas davantage, comme l’avait dit honteusement Thibault en 2002 d’affirmer que « la vocation de la CGT n’est pas de bloquer le pays », car ce qui bloque le pays, c’est le profit capitaliste. Le rôle des syndicats est d’être 100% indépendant du patronat, des gouvernements, de l’UE, du « plan euro » et de préparer « en bas », dans les entreprises et les contacts intersyndicaux et interprofessionnels, le « tous ensemble et en même temps » qui permettra la contre-attaque du monde du travail.
Le rôle des syndicats n’est pas, comme l’a dit le président de la CES, John Monks de "sauver le capitalisme du capitalisme."
Le rôle des vrais syndicalistes de lutte n’est pas davantage, comme l’avait dit honteusement Thibault en 2002 d’affirmer que "la vocation de la CGT n’est pas de bloquer le pays", car ce qui bloque le pays, c’est le profit capitaliste.
Le rôle des syndicats est d’être à 100% indépendant du patronat, des gouvernements, de l’UE, du "plan euro" et de préparer "en bas", dans les entreprises et les contacts intersyndicaux et interprofessionnels, le "TOUS ENSEMBLE en même temps"qui permettra la contre attaque du monde du travail