Proche-Orient : Netanyahou mettra-t-il le feu à la région ?

Publié le par FSC

Pierre Barbancey
L'Humanité du 15 avril 2024

       Cette photo diffusée par l'armée israélienne montre le chef de l'armée, le lieutenant-général Herzi Halevi, lors d'une réunion de l'état-major général à la base militaire de Kirya, qui abrite le ministère de la Défense à Tel-Aviv, le 14 avril 2024. © AFP PHOTO / Israeli Army

 

Après la riposte menée par Téhéran ce week-end, le premier ministre israélien voudrait porter le fer en Iran, mais son allié américain a prévenu qu’il ne soutiendrait pas une telle offensive.


La perspective d’une guerre régionale au Moyen-Orient n’a peut-être jamais été aussi réelle. « L’opération victorieuse de “Promesse honnête” de l’Iran signifie que l’ère de la patience stratégique est révolue et que la stratégie israélienne de bataille entre les guerres a été vaincue. Aujourd’hui, l’équation a changé. Le fait que le régime cible le personnel et les biens iraniens entraînera une réponse directe et punitive », n’a pas crainte d’écrire sur la plateforme X Mohammad Jamshidi, chef de cabinet adjoint pour les affaires politiques du président de la République d’Iran.


Une déclaration qui n’est pas faite publiquement sans l’assentiment des plus hautes autorités iraniennes. Elle suggère un changement qui accroît les risques d’explosion régionale. Dans le même temps, Téhéran a bien pris soin de signaler que ce qui s’est passé ce week-end n’équivaut pas à une agression.


On peut effectivement penser que l’Iran a surtout voulu donner un coup de semonce en ne visant que des sites militaires. Téhéran n’a-t-il pas prévenu les États-Unis avant l’attaque ainsi qu’un certain nombre de pays, leur permettant ainsi de se préparer à intercepter les drones et les missiles visant Israël ? Peu après l’attaque dans la nuit de samedi à dimanche, la délégation iranienne à l’ONU a d’ailleurs fait savoir que « l’incident était clos ».

L’éventuelle riposte d’Israël au centre de toutes les attentions


Depuis dimanche, tous les regards sont tournés vers le cabinet de guerre israélien qui, manifestement, a eu du mal à trouver un positionnement puisque lundi, en fin d’après-midi, il était toujours en réunion sans qu’aucune fumée n’en sorte. On sait seulement que les ministres d’extrême droite poussaient pour une réplique militaire forte contre l’Iran. Dimanche, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a affirmé au secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, qu’Israël n’avait d’autre choix que de répondre à l’attaque sans précédent de missiles et de drones lancée par l’Iran, ce week-end.


Mais le secrétaire d’État , Antony Blinken, a certainement refroidi les velléités guerrières de certains à Tel-Aviv. Il a d’abord déclaré que « la force et la sagesse devraient être les deux faces d’une même médaille », puis a fait savoir à Benyamin Netanyahou : « Vous avez obtenu une victoire, prenez-la », en avertissant que les États-Unis ne soutiendraient aucune offensive contre l’Iran. L’ancien premier ministre israélien, Ehoud Barak, a fustigé ceux « qui veulent mettre le feu à tout le Moyen-Orient » et accusé Netanyahou de n’obéir qu’à « des raisons personnelles de survie politique ».


Alors qu’ils ont contribué à défendre Israël lors de l’attaque iranienne, le Royaume-Uni et la France ont pris leurs distances. Le chef de la diplomatie britannique, David Cameron, a exclu une participation de son pays à une riposte et le président français, Emmanuel Macron, a appelé à éviter un « embrasement régional ».
De quoi faire réfléchir Israël, et surtout son premier ministre, qui cherche un avenir dans l’incendie du Moyen-Orient mais a besoin du soutien des États-Unis. Or, ceux-ci ne sont pas dupes des plans de Netanyahou et n’envisagent pas – pour l’heure – de tomber dans le piège pour préserver leurs intérêts.

 

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