Revenons sur la position de la CGT à propos de la situation au Niger

Sur le Niger le communiqué de la CGT pose problème de manière essentielle : La grille de lecture du monde qui préside au positionnement de la CGT est disons occidentalo-centré et reprends quant au fond les reproches adressés par Macron et Washington à ceux qui ont entrepris de chasser le président au pouvoir, poulain à n'en pas douter de ses maitres.

Bien sûr la corruption du régime en place est pointée.
Comme le fait que les richesses du pays (uranium notamment) ne profitent pas à la majorité de la population.

Mais les raisons internes du coup d'état sont minorisées au profit "des manœuvres de pays ayant une volonté colonialiste".

Mais la reconnaissance des responsabilités françaises est d'une certaine manière édulcorée par l'évocation

"d’une colonisation qui refuse de mourir qui se complète, sans aucun doute, d’une guerre à distance entre un pays membre de l’OTAN, la France, et un pays agresseur de l’Ukraine, la Russie."

et par la perspective supposée d'un autre colonialisme que le français (le russe en l'occurence).

Surtout cette grille de lecture ne permet :

- ni d'expliquer la hargne et les menaces qui émanent de l'exécutif macronien menaçant par l'entremise de la CEDEAO d'une intervention militaire

- ni de permettre aux travailleurs français d'appréhender ce qui se passe en profondeur dans le monde et en Afrique, situation  imprégnée du rejet de l'exploitation et des humiliations , de l'exigence de souveraineté et de refus des injonctions et des ingérences occidentales bâties sur les mensonges et les références prétendues universelles ( les " règles " de la " communauré internationale " réduite en fait aux USA et à ses vassaux).

Et en n'envisageant que le remplacement du colonialisme français par un autre colonialisme (le russe bien sûr) les responsables internationaux de la CGT font preuve de cécité et ne parviennent pas à admettre que les africains aspirent tout simplement à des solutions africaines indépndantes de toute domination !

On ne peut prédire ce qui va se passer au Niger.

Mais comment ne pas tenir compte du contexte à la fois international et africain qui montre que :

- d'une part la situation ne peut être décrite comme l'affrontement entre deux clans ,

 " La population du Niger sembl[ant] partagée sur le clan à soutenir ", l'intervention populaire massive de soutien aux auteurs du coup d'état apportant un démenti à cette appréciation.

- d'autre part le soutien du Burkina Faso et du Mali aux putschistes, considérant que toute intervention militaire serait aussi une agression contre leur pays montre que ce coup d'état s'inscrit dans le processus d'émanipation africaine du néo-colonialisme et de l'impérialisme.

En la circonstance donc, le rôle de la CGT n'est pas d'emboîter le pas aux explications de la France Afrique et des intérets des multinationales fussent-elles françaises, mais de marquer la possible convergence de la lutte des peuples d'Afrique pour une véritable indépendance et celle du peuple français contre la remise en cause des conquis sociaux issus de la Libération.

Parce que  ce sont sont les mêmes forces qui font perdurer l'exploitation et  la domination d'une minorité sur les peuples!

L'alignement sur une grille de lecture qui fait d'une conception de la " démocratie " coupée des enjeux de classe et des affrontements internationaux la clé d'appréciation de ce qui se passe dans le monde est ruineuse.

Ne permet pas de favoriser la convergence des forces qui se heurtent aux entreprises d'un empire dont l'hégémonie est menacée.

Ne permet pas à notre peuple de se dégager de la vassalité atlantiste imposée et choisie par les classes dominantes, de s'insérer dans le processus en cours de construction d'un autre monde cherchant un équilibre en rupture avec la loi de la jungle impérialiste.