L'Espagne vers la reconnaissance de l'état de Palestine

Publié le par FSC

Roland RICHA
Avec l'Afp du 10 avril 2024

 
 

 

Voix la plus critique au sein de l’UE vis-à-vis du gouvernement israélien, le Premier ministre Pedro Sánchez va s’exprimer mercredi 10 avril devant les députés espagnols sur la guerre à Gaza et la volonté de Madrid de reconnaître l'État de Palestine d’ici fin juin 2024.


Cette comparution, à partir de 07H00 GMT, est habituelle pour le dirigeant socialiste après des sommets européens ou des tournées internationales comme celle qu’il a effectuée la semaine dernière en Jordanie, en Arabie saoudite et au Qatar.
Une tournée lors de laquelle M. Sánchez a confirmé que l’Espagne procéderait « dès que possible » à la reconnaissance d’un État palestinien. Selon des déclarations faites aux journalistes l’accompagnant et publiées par plusieurs journaux espagnols, il compte le faire d’ici à la fin du mois de juin.


Depuis le début de ce conflit, le chef du gouvernement espagnol de gauche, est devenu au sein de l’UE la voix la plus critique vis-à-vis d’Israël.
Lors de sa tournée la semaine dernière au Proche-Orient, il a de nouveau sévèrement critiqué le gouvernement de Benjamin Netanyahu pour l’attaque « brutale » ayant coûté la vie à sept employés de l’ONG du célèbre chef hispano-américain José Andrés dans la bande de Gaza. Les explications de M. Netanyahu sur cette frappe « me paraissent absolument inacceptables », avait-il dit.


Les critiques récurrentes de M. Sánchez ont entraîné une vive tension diplomatique entre les deux pays, Israël ayant rappelé temporairement en novembre son ambassadrice en Espagne pour protester contre des propos jugés « scandaleux » du Premier ministre espagnol qui avait indiqué avoir de « sérieux doutes » quant à la légalité des actions d’Israël dans la bande de Gaza.


Israël avait déjà vertement dénoncé quelques semaines plus tôt des propos d’une ministre espagnole ayant accusé le pays de perpétrer un « génocide planifié » à Gaza.
Promettant en novembre d’« oeuvrer en Europe et en Espagne pour reconnaître l’Etat palestinien », M. Sánchez tente depuis de pousser cette ligne dans l’Union Européenne, qui a, selon lui, un « intérêt » à reconnaître un tel Etat.
Fin mars, en marge d’un sommet européen à Bruxelles, le Premier ministre espagnol et ses homologues irlandais, maltais et slovène avaient ainsi publié une déclaration commune dans laquelle ils se disaient « prêts à reconnaître la Palestine », lorsque cela pourra « apporter une contribution positive » à la résolution du conflit israélo-palestinien.


Et il doit rencontrer ces prochains jours ses homologues norvégien, irlandais, portugais et slovène pour parler de la « nécessité d’avancer vers la reconnaissance de la Palestine », a indiqué mardi la porte-parole du gouvernement espagnol, Pilar Alegría.
La reconnaissance d’un Etat palestinien par l’Espagne, qui n’a établi des relations diplomatiques avec Israël qu’en 1986, se ferait sur la base d’une résolution adoptée en 2014, sous un gouvernement conservateur, par l’ensemble des formations politiques représentées au Parlement mais qui n’a pas été suivie d’effet.
Dans une note publiée mardi par l’Institut Royal Elcano, un centre de réflexion basé à Madrid, l’ancien directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, Alon Liel, estime qu’une telle reconnaissance par l’Espagne pourrait « déclencher une dynamique » et « déboucher sur une reconnaissance globale par l’Europe et les Nations Unies ».
L’Espagne deviendrait alors, selon lui, « un acteur significatif dans le cadre d’un nouvel élan diplomatique dans le conflit israélo-palestinien ».

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