Face au blocage de l’aide humanitaire à Gaza, 40 pays ont rendez-vous face à la Cour internationale de justice

Publié le par FSC

Tom Demars-Granja
L'Humanité du 28 avril 2025

 

 

Une quarantaine de membres des Nations unies et des organisations unilatérales ont rendez-vous, à partir de lundi 28 avril, devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour une semaine d’audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens. En mars 2024, la CIJ avait réclamé à Tel-Aviv d'arrêter « la famine qui s’installe » dans le territoire palestinien.
Balayé par un État d’Israël prêt à tout pour maintenir son entreprise génocidaire dans les territoires palestiniens, le droit international tente de peser malgré tout dans la balance. La Cour internationale de justice (CIJ) entame, lundi 28 avril, une semaine d’audiences consacrées aux obligations humanitaires de Tel-Aviv envers les Palestiniens, plus de cinquante jours après l’instauration d’un blocus total sur l’aide entrant dans la bande de Gaza, ravagée par des bombardements et des incursions militaires incessants.


Les représentants des Nations unies (ONU) se sont lancés dans un marathon de cinq jours au sein de la plus haute juridiction de l’ONU située à La Haye (Pays-Bas), depuis 10 heures (en France) devant un panel de quinze juges. L’État de Palestine sera le premier à faire une déposition, pendant la majeure partie de la journée. Une quarantaine d’autres pays et organisations unilatérales – dont les États-Unis, la Chine, la France, la Russie et l’Arabie saoudite, la Ligue des États arabes, l’Organisation de la coopération islamique et l’Union africaine – présenteront par la suite leurs dépositions.

« Réparer le préjudice causé »


La Cour internationale de justice avait, près d’un an plus tôt, condamné sommé Israël de prévenir tout éventuel acte de génocide et de permettre l’accès de l’aide humanitaire à Gaza. En mars 2024, elle avait réclamé – à la demande de l’Afrique du Sud, qui accuse Tel-Aviv de génocide depuis de nombreux mois – de nouvelles mesures israéliennes face à « la famine qui s’installe » dans le territoire palestinien.


De même le 19 juillet 2024, lorsque l’instance onusienne a condamné la colonisation des territoires palestiniens, dans un avis long de 300 pages. La CIJ estime que l’occupation israélienne est contraire au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Tel-Aviv a donc été sommée de « cesser immédiatement toute nouvelle activité de colonisation » et « de réparer le préjudice causé à toutes les personnes physiques ou morales concernées ». Les mois qui ont suivi ont montré que le gouvernement israélien – fort du soutien des États-Unis comme de la passivité de nombreux membres des Nations unies – ne se soucie pas des décisions de la CIJ.


En décembre, l’Assemblée générale des Nations unies avait enfin adopté – à une large majorité – une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif « à titre prioritaire et de toute urgence ». La résolution demande à la Cour de clarifier ce qu’Israël est tenu de faire concernant la présence de l’ONU, de ses agences, d’organisations internationales ou d’États tiers pour « assurer et faciliter l’acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne ».


Depuis l’accélération des massacres et de la colonisation suite à l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023, Israël contrôle tous les flux d’aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l’effondrement d’un fragile cessez-le-feu. Israël a ainsi repris ses attaques aériennes et terrestres le 18 mars dernier, déclenchant ce que les Nations unies ont décrit comme « probablement la pire » crise humanitaire du territoire depuis deux ans.


Le chef de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a dénoncé, vendredi 25 avril, « une famine provoquée par l’homme et motivée par des raisons politiques ». Selon les Nations unies, environ 500 000 Palestiniens ont été déplacés depuis la fin du cessez-le-feu de deux mois. L’armée israélienne a tué au moins 52 243 Gazaouis, en grande majorité des civils, selon les données du ministère local de la Santé. Au moins 2 111 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars.

 

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