« Nous avons une mission ! » : la Flottille pour Gaza déterminée à briser le blocus malgré les attaques
L'Humanité du 25 septembre 2025
Harcelés par des drones dans la nuit de mardi à mercredi – une pression timidement condamnée par la France –, les membres de la Flottille affichent toute leur volonté de briser le blocus et de livrer de l’aide humanitaire jusqu’à Gaza.
Leur détermination est intacte. Après l’attaque par de « multiples drones, des objets non identifiés largués, des communications brouillées et des explosions entendues depuis plusieurs bateaux », survenue dans la nuit du mardi au mercredi 24 septembre, les membres de la Flottille Global Sumud n’entendent pas courber l’échine face aux manœuvres israéliennes.
À bord des cinquante bateaux civils, plus de 500 personnes venues de quarante-quatre pays – dont notre collègue Émilien Urbach – tentent de rejoindre Gaza et de briser le blocus illégal en cours depuis 2007. « Nous n’abandonnerons pas notre combat au moment le plus crucial », avertit Kleoniki Alexopoulou, membre du comité de pilotage de la flottille réuni en conférence de presse ce jeudi.
« Nous sommes conscients de la menace d’arrestation par Israël. Mais nous ne représentons pas que nous, nous sommes une fraction d’un soulèvement mondial. Nous ne serons pas réduits au silence », martèle Yasemin Acar, autre cadre de l’équipée.
« Des jours et des nuits difficiles »
Une volonté de ne rien lâcher que l’on retrouve à bord des navires un temps réfugiés dans les eaux grecques avant de reprendre les flots. De bon matin, en pleine réunion des capitaines de navire ce jeudi, un membre de la délégation grecque de la flottille enjoint les troupes à ne rien lâcher : « Je sais que vous avez passé des jours et des nuits difficiles mais, pour moi, il n’y a pas de questions à se poser. Nous sommes plus déterminés que jamais pour nous rendre à Gaza et casser le siège illégal imposé aux Palestiniens qui y vivent. »
Reste que si la motivation est intacte, l’inquiétude s’est malgré tout invitée sur le pont. La faute à des messages reçus par certains membres de l’expédition relatant le risque d’une nouvelle attaque israélienne. Une possibilité écartée, pour l’heure, par le ministère des Affaires étrangères français, auprès de l’Humanité. « Nous avons une mission, insiste un membre du comité de direction de la flottille. Des centaines de milliers de personnes à travers le monde attendent que nous la menions jusqu’au bout ! »
Encore cinq jours de traversée
Si les équipages s’inquiètent, c’est aussi en partie à cause du manque de soutien des services diplomatiques, en particulier français. Si certains pays ont vivement réagi à cette attaque, à l’instar de l’Espagne ou de l’Italie, envoyant des frégates militaires protéger le convoi et donc leurs ressortissants, la France a fait un tout autre choix : celui de renvoyer la flottille à ses responsabilités.
« Les participants à cette expédition en faveur de Gaza ont été informés des risques encourus, communiquait le Quai d’Orsay ce jeudi matin. Comme rappelé par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, se rendre à Gaza est dangereux et strictement déconseillé que ce soit par voie terrestre ou maritime. Les conseils aux voyageurs s’appliquent à tous y compris aux parlementaires et aux journalistes. » Au total, 51 Français garnissent les équipages de la flottille.
Interrogé par l’Humanité sur l’urgence d’apporter un soutien concret aux ressortissants français de la flottille, le porte-parole du Quai d’Orsay, Pascal Confavreux, tient cependant à préciser que la France se trouve « du côté du droit international » et « condamne » donc toute attaque.
« Nous suivons la situation de nos ressortissants. Évidemment, la sécurité de nos compatriotes est une priorité absolue, tente-t-il de déminer. Le ministère assurera sa mission de protection consulaire. Nous sommes en communication constante avec les autorités grecques, l’incident s’étant produit au large de la Grèce, mais aussi avec l’agence Frontex, qui a dépêché un bateau pour se rapprocher au plus près de la flottille, mais aussi avec l’ensemble de nos partenaires européens. »
Il en faudra toutefois plus pour neutraliser certaines appréhensions provoquées par la folie guerrière du gouvernement israélien, qui semble tester les limites des puissances comptant des ressortissants à bord. « Menons-nous une action humanitaire ou sommes-nous une flottille de martyrs en devenir ? » s’interroge un représentant de la délégation italienne.
En théorie, d’ici cinq jours, les navires devraient apercevoir les côtes de la bande de Gaza. Dans un but précis : acheminer des vivres face à la famine qui touche l’enclave palestinienne. Un objectif humanitaire et de paix que l’ambassade israélienne en France nie, estimant que le « véritable objectif » des membres de la flottille est de « servir le Hamas plutôt que la population de Gaza ». Toute honte bue.