Décentralisation et éducation

Publié le par FSC

 

 

JOURNEE D'INFORMATION ET DE DEBATS

SAMEDI 6 AVRIL A MONTFAVET (84)

A l’initiative du M’PEP.

 

Contexte : Débat actuel, solutions envisagées...

 

Sur le thème de l’orientation, le rapport « Refondons l’école » ne cite ni les CIO ni les COPsy.

Par contre, il est question du SPO (service public d’orientation) et des personnels d’orientation. Le rapport préconise un SPO qui regrouperait les structures et les professionnels de l’orientation existants.

Le Ministre de l’Education Nationale affirme que « L’information donnée et la décision d’affectation dans telle ou telle formation,« doivent évoluer pour passer d’une orientation trop souvent subie, fortement corrélée aux origines sociales, à une orientation choisie. »

« Cela implique une préparation tout au long de la scolarité, mais aussi une simplification des structures, dont la complexité pénalise les familles qui n’ont pas accès aux codes de l’institution ».

 

Ce système serait « un système d’orientation plus simple et plus efficace avec les régions » car « les régions sont au plus près des offres de formation et des opportunités d’emploi ».

 

Par ailleurs, V.Peillon a annoncé lors d’une Conférence de presse en octobre 2012 :

 

« A la rentrée 2013 devra être mis, en place le service public territorialisé de l’orientation (SPTO).

Nous le ferons en liaison étroite, avec les collectivités locales et nous le ferons aussi dans le souci de mieux articuler les formations et les métiers qui existent.

Il s’agit donc de rapprocher l’Education Nationale et les entreprises ».

 

 

Un point d’histoire : Des évolutions depuis 2002

 

Jusqu’au Traité de Lisbonne, en France, l’orientation scolaire a longtemps été du ressort du MEN tandis que la question de l’insertion professionnelle relevait du Ministère du travail et de l’emploi.

 

La fusion de ces 2 voies est la conséquence de l’application de ce traité : l’orientation devient un instrument majeur des politiques de l’emploi ; elle doit permettre aux individus de gérer leur carrière, de négocier les transitions entre l’Ecole et l’emploi voire entre 2 emplois.

 

L’élève de collège ou de lycée, l’étudiant et le salarié y parviendront en acquérant la compétence à s’orienter.

 

Progressivement, ces dernières années, l’insertion professionnelle est devenue une priorité de l’Ecole, à égalité avec la transmission des savoirs.

En 2005 par exemple, la loi Fillon définit le socle commun dont les piliers 6 et 7 deviendront la base de la compétence à s’orienter.

 

Dans les textes (BO, BA, rapports multiples et variés) l’Orientation scolaire est assimilée à l’information sur les métiers et les formations, la compétence à s’orienter et l’insertion ; le rôle des enseignants devient majeur, les CO-psy ne sont plus cités ni dans les circulaires ni dans les réformes.

 

 

Mais…quelques vérités bonnes à rappeler

 

1°L’adéquation formation–emploi est illusoire

 

Le chômage des jeunes est souvent présenté comme la conséquence de l’inadéquation

formation/emploi. Or l’évidence selon laquelle l’adéquation formation/emploi est la solution

aux problèmes de l’insertion professionnelle des jeunes est contestée depuis longtemps par un

certain nombre d’économistes.

 

Je répète : la logique de l’adéquation formation-emploi est illusoire.

 

Les études du CEREQ (centre d’étude et de recherche sur les qualifications) sur le parcours d’insertion des jeunes montrent que 59 % des jeunes ne travaillent pas dans le secteur de formation pour lequel ils ont été formés et ce dans toutes les formations et tous les secteurs.

 

Cette situation s’explique par la volonté des employeurs de recruter des profils variés, capables de s’adapter aux différentes évolutions possibles des métiers.

 

Le CEREQ a publié en octobre 2012 un document « Quand l'école est finie...

premiers pas dans la vie active d'une génération, enquête 2010 » qui montre combien la

question de l’insertion des jeunes est complexe et ne peut être présentée de façon réductrice.

 

Préface :

« Le système éducatif, secondaire et supérieur, assure toujours sa mission de préparation des

jeunes au monde professionnel. Chacun le sait, les difficultés sont ailleurs. Il y au moins deux

problèmes que les décideurs publics devront un jour affronter. » :

 

-Le premier est celui des non diplômés (entre 120 000 et 140 000 jeunes quittent l’école sans diplôme).

 

-Le second est celui de l’adéquation formation/emploi : « Depuis trente ans, nous

vivons sur l’illusion d’une possible adéquation entre les offres d’emplois et les diplômes

délivrés. Cela aboutit à spécialiser de plus en plus les formations.

 

Introduction :

 

«Les enquêtes permettent de battre en brèche un autre lieu commun, celui de

l’adéquation indispensable des formations à l’emploi : une majorité de jeunes se stabilise

dans un emploi qui ne correspond pas à sa formation.

Chercher à ajuster de plus en plus les contenus des formations à leurs débouchés supposés est donc en partie vain.

 

 

 

 

 

 

Penser l’emploi uniquement en matière de bassins d’emploi va à l’encontre de l’évolution

économique qui requiert toujours plus de mobilité.

 

 

 

Quand bien même on accepterait l’idée de régionaliser les formations et de les adapter à l’économie locale, la difficulté à prévoir au-delà de 3 à 5 ans les besoins des

entreprises ne permettrait pas de mettre en place des formations dont on pourrait assurer

qu’elles conduisent les jeunes à l’emploi. Une telle stratégie pourrait même avoir l’effet

contraire. (exemple d’Eurocopter).

 

Miser aujourd’hui toute la structure de formation d’une région sur les emplois disponibles présente d’énormes risques.

L’exemple de la Lorraine dans ce domaine est exemplaire puisque pour mieux répondre aux besoins de la sidérurgie, on a eu tendance à valoriser fortement les formations de niveau V de ce secteur (BEP). Ce qui pouvait être considéré comme un atout est aujourd’hui un frein aux possibilités d’évolution des travailleurs.

On pourrait malheureusement en dire autant des industries automobiles à Sochaux.

 

 

2° Nécessité d’acquérir une formation générale

Alors quelle formation, quels contenus permettent une plus grande adaptation au monde

environnant ?

 

Voici un extrait de l’interview de O.Liaroutzos, directeur de l’Observatoire

Régional des Métiers (Interview donnée au SNES-FSU le 4 octobre 2011 )

 

« Une étude récente conduite par l’INSEE et l’ORM montre qu’au cours d’une année, un

salarié sur cinq, en région, change de métier.

Dans trois quarts des cas, ce passage d’un poste à un autre s’effectue dans le cadre d’une mobilité interne.

 

Ces résultats sont surprenants. Ils signalent une banalisation des mobilités qui semblent faire partie intégrante de la vie des entreprises.

 

La fréquence de ces mobilités évoque une forte capacité d’adaptation des salariés.

 

Or l’aptitude à s’acclimater à des environnements de travail variables et à gérer de nouveaux

systèmes de contraintes repose sur des processus progressifs d’apprentissage.

 

Ces processus requièrent du temps et des savoirs qui peuvent s’acquérir :

 

-par l’expérience cumulée,

-mais aussi par l’enseignement de disciplines scolaires générales, par l’acquisition durant la scolarité de fondamentaux.

 

 

Le constat de l’ORM corrobore celui du CEREQ : la spécialisation ou la professionnalisation

des enseignements, nécessaire pour entrer sur le marché de l’emploi, ne peut intervenir trop

tôt dans la formation.

 

Les jeunes -et plus plus particulièrement les enfants des milieux défavorisés- seraient encore plus exposés au chômage.

 

Nul n’ignore que les enfants des catégories les plus défavorisées se retrouvent massivement dans l’enseignement professionnel quand l’enseignement général accueille toujours majoritairement les CSP +.

 

 

 

Régionaliser la carte des formations reviendrait à accroître encore ces différences et surtout inégalités entre territoires, entre métropoles.

 

Il faut des professionnels de l’orientation qui connaissent le système éducatif et y interviennent pour répondre aux besoins des élèves.

 

La double tutelle, avec des missions à géométrie variable selon les régions, sous laquelle exerceraient les CO-PSY est impossible à assumer ou alors en transformant leur professionnalité (statut, titre de psychologue, missions, formation) ce qui l’immense majorité des collègues refusent.

 

Améliorer l’orientation :

 

  • revient à travailler sur l’échec scolaire/ la réussite scolaire. Les enseignants ne peuvent intervenir seuls : il n’y a pas un échec scolaire qui serait uniquement pédagogique. Les causes de l’échec scolaire sont multiples.

 

  • C’est pourquoi, au sein de l’Education Nationale, il est nécessaire d’avoir des équipes pluri-professionnelles : enseignants, médecins, Infirmiers, AS, des psychologues scolaires dans le 1er dégré et des CPE et des conseillers d’orientation-psychologues dans le 2nd dégré. L’enjeu est bien l’accès de tous aux savoirs.

 

Ce dispositif, ces créations d’emplois, ont un coût et n’ont jamais été perçus comme un investissement pour notre avenir et celui d’une jeunesse en désarroi.

Malheureusement, le financement d’un nouveau service public de l’Education est aujourd’hui impossible tant que nous serons soumis au Pacte de stabilité, à la règle d’or et au remboursement d’une dette dont nous ne sommes pas responsables.

 

 

 

 

 

 

Intervention écrite à partir d’un dossier constitué par le SNES/FSU

Di Mino Giovanni

(Adhérent au Front Syndical de classe 13).

Publié dans Luttes - actualités

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