Lettre ouverte du Syndicat de la Magistrature

Publié le par FSC

C'est avec plaisir que nous publions la lettre ouverte suivante, réplique à l'offensive de la droite et des médias contre les magistrats et à la ministre de la justice qui plie sous l'orage.

En se souvenant de surcroît de la déclaration du Syndicat de la magistrature intitulée:

"L’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013 : un nouveau modèle au service de la sécurisation du licenciement"

qui entre autre affirmait :

"Malgré certaines "avancées" saluées par les syndicats signataires visant à accorder de nouveaux droits en cas de perte d'emploi, cet accord, en facilitant les licenciements et en réduisant considérablement le contrôle du juge sur l'exécution et la rupture du contrat de travail, constitue une grave régression pour les droits des salariés et une nouvelle source de précarité."

Lien avec l'article :

une grave régression des droits des salariés

Solidarité donc avec le syndicat de la magistrature!

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Lettre ouverte du Syndicat de la Magistrature à TAUBIRA, ministre de la justice

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Madame la ministre,

Suite à la diffusion mercredi 24 avril par le site Atlantico d’une vidéo d’images

soustraites à l’intérieur de notre local syndical, vous avez cru devoir saisir le

Conseil supérieur de la magistrature pour apprécier s’il y a eu « manquement

à la déontologie ».

Vous avez déclaré, dans un communiqué de presse et devant le Sénat,

« condamner cette pratique », vous avez exprimé « votre consternation face

à ce comportement » et considéré qu’il s’agissait « d’un acte insupportable,

stupide et malsain ».

Quelle pratique ? Celle d’un journaliste qui filme en cachette l’intérieur d’un

local syndical privé à l’insu de ses occupants ?

Quel acte ? Celui d’un site en ligne, proche de la droite la plus dure, qui décide

de diffuser ces images qu’il sait soustraites ?

Quel comportement ? Celui d’une certaine droite prompte à instrumentaliser

cette « révélation » à des fins bassement politiciennes pour décrédibiliser

ceux qui combattent avec force leurs idées depuis des années ?

Et bien non, tout cela ne semble pas vous avoir choquée …

Vous avez au contraire cédé à la pression de ceux-ci et choisi de vous en

prendre à l’expression en privé d’une opinion – lapidaire et caricaturale

certes mais qui n’a rien à envier aux propos publics outranciers de certains à

notre égard – concernant ceux dont nous dénoncions les propos, les actes ou

les prises de position.

Souhaitez-vous donc réglementer la liberté d’opinion des syndicalistes, définir les standards de l’affichage autorisé dans les locaux syndicaux, voire même encadrer la liberté des magistrats que nous sommes s’exprimant dans la sphère privée ?

Vous prétendez, dans votre communiqué, que « le devoir de réserve des magistrats suppose la retenue même dans le cadre de l’expression syndicale ».

Quelle expression syndicale, Madame la ministre ?

Des propos satiriques tenus en privé par des syndicalistes dont personne d’autre qu’eux n’auraient dû avoir connaissance sans cette soustraction d’images ? Cette violation de notre sphère privée syndicale n’est pas « une expression syndicale », laquelle est par nature publique. Faut-il vous rappeler que dans nos prises de position publiques nous nous en sommes toujours tenus au débat d’idées ?

Quel devoir de réserve, Madame la ministre ?

Celui des magistrats ou celui d’un syndicat ?

Est-il besoin de vous rappeler que « l’obligation de réserve » ne s’applique qu’à l’expression publique des magistrats et qu’en tout état de cause, elle ne constitue ni une obligation au silence, ni une obligation de neutralité ?

Mais, au-delà des circonstances de l’espèce, et en raison de l’amalgame qui est fait entre expression privée et action syndicale, c’est bien l’expression publique syndicale et, par conséquent, le fait syndical dans la magistrature que vous remettez en question par votre saisine consternante du Conseil supérieur de la magistrature. Nous attendions plutôt de vous, Madame la ministre, que vous défendiez vous-même cette liberté syndicale.

En plus de 40 années de combats pour les droits des magistrats et les libertés publiques, le Syndicat de la magistrature a dû faire face à de multiples tentatives visant à l’empêcher de s’exprimer.

Vous venez de vous inscrire dans cette longue tradition, nous le regrettons

vivement.

Nous vous prions, Madame la ministre, de croire en l’assurance de notre

parfaite considération.

                                                              Pour le Syndicat de la magistrature,

                                                              Françoise Martres, présidente

Publié dans Luttes - actualités

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