Victoire des personnels de psychiatrie de Caen (CGT, CFDT, Sud)
En une semaine, les personnels de l’EPSM (établissement de psychiatrie publique) de Caen, ont obtenu le retrait du plan d’économies que prétendait leur imposer le directeur, appliquant la politique gouvernementale d’austérité budgétaire, et soucieux, en bon gestionnaire libéral de se constituer un « bas de laine » de 7 millions d’€ d’autofinancement…sur le dos des personnels.
Faute d’un financement public suffisant, comme beaucoup d’établissements, le CHS de Caen a du s’endetter auprès des banques pour financer des travaux de rénovation indispensables.
Le directeur et l’ARS[1] entendaient maintenant faire payer cette dette aux personnels et au service public !
Le 11 juin, sans aucune information ou concertation préalable le directeur annonçait dans la presse et par une lettre adressée à chaque membre du personnel un plan qui était une véritable déclaration de guerre.
Fermeture du laboratoire et de la blanchisserie, restructuration de la cuisine, suppression de 5 jours de RTT et de la ½ heure de temps de repas sur le temps de travail, transformation de postes d’infirmiers en postes aide soignants (déqualification), interdiction du temps partiel à 80% (le plus demandé et le plus favorable) y compris pour les bénéficiaires actuels, fermeture et regroupements de structures de soins extérieures à l’Hôpital.
A cette annonce, le jeudi 13 juin, c’est partout la révolte et la colère ! à l’appel des 3 organisations syndicales (CGT SUD CFDT) plus de 500 salariés (sur les 700 en service ce jour !) participent à l’assemblée générale personnels techniques administratifs soignants unis
Le 14 juin une nouvelle AG massive décide d’aller remettre sa lettre au directeur, à son bureau et le font au cri de « pour nous c’est non, le personnel ne paiera pas le déficit ! » qui deviendra le slogan de la grève !
Le lundi 17 juin : le mouvement se durcit : les admissions de l’hôpital sont bloquées et les accès filtrés.
A la suite d’une nouvelle AG, très importante, la colère éclate : la voiture et les vitres du bureau du directeur, ou celui-ci reste muré- en feront les frais, et « jaunissent » sous un tir nourri d’œufs. Les RG présents commencent s’inquiéter en envisagent de faire appel à leurs collègues « en bleu ».
Mardi 18 juin , tandis que le blocage se poursuit, le directeur rencontre les cadres et les cadres supérieurs pour tenter de reprendre la situation en main. C’est peine perdue, l’encadrement ne le suit pas et décide même d’entrer en rébellion en ne communiquant plus le nom des grévistes au directeur.
Dans la soirée les médecins leur emboitent le pas , la CME (commission médicale d’établissement ) lâche le directeur, désapprouvant ses méthodes, demandant le retrait du plan et faisant planer la menace d’une démission collective.
Mercredi 19 matin : totalement isolé, le directeur retire son projet, le protocole de fin de grève prévoit la paiement intégral des jours d’une grève.
Une AG de 400 personnes prend acte de cette victoire totale et décide de lever les blocages et la grève.
Quelques jours plus tard, sur le base du rapport de force acquis 20 contractuels ont été « mis en stage », dans la perspective d’une titularisation.
Cette magnifique victoire des personnels de psychiatrie de Caen intervient au moment ou les établissements psychiatriques subissent des plans analogues, et ou les ARS et les directions tentent d’imposer exactement les mêmes mesures qu’à Caen. Elle témoigne avec d’autres mouvements en cours à Quimper, Toulouse, St Maurice, Uzés…d’une volonté de ne plus subir l’austérité, et le « management » d’entreprise imposés à l’hôpital. Elle montre une nouvelle radicalité chez des personnels qui ont beaucoup subi au cours des 10 dernières années et décident de relever la tête.
Elle met à l’ordre du jour la perspective d’une généralisation et d’une coordination de ces mouvements pour en finir avec l’austérité dans la santé.