Le monde a changé ... les gens ont changé

Publié le par FSC

SOURCE : le site réveil communiste de Gilles QUESTIAUX

 

Il y a vingt ans, tous dans la rue ...

Il y a vingt ans, tous dans la rue ...

Le monde a changé entre 2003, année de la seconde guerre d’Irak, et 2011, année du commencement de la guerre de Syrie.

La première à suscité d’immenses manifestations de protestation dans le monde entier, la seconde n’a pu réunir ça et là que quelques centaines de manifestants.

Les mêmes qui vitupéraient la guerre contre Saddam Hussein s’indignaient maintenant que l’on envahissât pas la Syrie au plus vite, pour y rétablir la démocratie.

Et pourtant les deux situations étaient similaires. On peut même affirmer sans risque de se tromper que Saddam était bien pire dictateur que Bachar et bien pire profanateur sur le plan du respect des droit de l’homme.

Les « masses » politisées de l’Occident ont fini par adhérer complètement à son projet colonial au moment même où il était enfin arrivé en bout de course. Après cinq siècles, pas trop tôt ! Mais ne demandez pas à la petite-bourgeoisie globale de gauche et d'extrême-gauche d'y comprendre quelque chose.

Elle est maintenant sincèrement persuadée qu’il lui faut s’abstenir de laisser couler l’eau quand elle se brosse les dents, d'aller à l'école le vendredi, de manger de la viande, de produire, et de se reproduire pour sauver la planète et regarde avec commisération ceux qui continuent de prioriser les questions du développement, de la pauvreté, de l’exploitation, et de l’impérialisme. Quel impérialisme, d’ailleurs ? Obama a tout résolu !

Tout ceci s’est produit comme par hasard vers l’époque où eut lieu le rejet par  referendum du Traité Constitutionnel européen en France en mai 2005, suivi de sa révocation par le Traité de Lisbonne en février 2008. Souveraineté, suffrage universel et légalité, s’avérèrent soudain n’être plus que des mots creux quand on en vint aux choses sérieuses concernant l’avenir du capitalisme globalisé. Observation confirmée par le sabotage du Brexit concédé au peuple à contre-cœur par les classes dirigeantes au Royaume -Uni en 2016.

Plus importante encore sans doute fut la Crise des Subprime, en 2008, qui sonna le glas de la mondialisation économique : depuis cette date la croissance des échanges internationaux est bien plus faible que la croissance de la production mondiale, alors qu’elle caracolait en tête depuis 1945, et les défenseurs de la globalisation ont perdu leur base matérielle, pour s'investir doublement dans la fuite en avant idéologique et culturelle.

La guerre d'Ukraine depuis 2014 acheva la mutation idéologique, en entraînant une héroïsation schizophrénique dans l’opinion publique occidentale des pires nazis contemporains révélant la tartufferie largement partagée et ordinaire d’un monde qui fait de la chasse aux spectres des nazis des années 1940 une urgence morale.

Au terme d’un processus progressif et cumulatif qui remonte à 1919, l’Occident s’est définitivement réuni dans une quasi-nation, opposée à toutes les autres au nom de ses valeurs hypocrites, sous la conduite de son noyau anglo-saxon. Cela faisait bien longtemps d’ailleurs qu’on s'intéressait davantage dans les médias aux résultats des élections états-uniennes qu’aux siennes propres et aux péripéties de la famille Windsor qu’aux déboires de nos politiciens maison.

Ce nouvel empire démocratique et libéral revendique sa supériorité morale et civilisationnelle : c’est la nation de l’individualisme total qui triomphe sur toutes les anciennes structures collectives : nations historiques, classes sociales, religions, familles, etc.

Mais c’est contradictoirement aussi la nation inclusive de toutes les minorités – y compris d’ailleurs de celles qui foulent au pied les droits individuels de leur membres, car ces minorités servent de levier pour déstructurer les collectivités en question.

Le drapeau arc en ciel n'est pas loin d'être devenu son drapeau et le féminisme et les mouvement des droits civiques des LGTB ont été pris en otage par l’impérialisme au bénéfice des forces conservatrices du monde entier qui n’attendait que ça – et même à domicile.

Pendant ce temps des individus ambitieux provenant de tout le reste de la planète convergent vers l’Occident, pour lui servir de main-d’œuvre ou dans son mercenariat, par tous les moyens de transports imaginables, en prenant tous les risques : autre preuve médiatique de son excellence et de sa destinée manifeste à continuer à dominer le monde puisque les citoyens de ce monde votent avec leurs pieds pour y vivre et travailler dans les pires conditions !

Pour le dominer, l’Occident ne peut plus seulement utiliser cyniquement la canonnière et une supériorité technique qui n’existe plus. A l’instar de « l’idée européenne », son suprématisme raciste doit prendre le masque du progrès, le progrès moral s’entend. Il doit mener des croisades et éduquer les nouveaux indigènes, qui parfois se trouvent en son propre sein : par exemple parmi ceux qui n’ont pas encore compris le dernier changement en date des règles de ce monde gouverné par des règles, capricieuses et mobiles, de l’Empire occidental blanc post-chrétien maquillé en empire du moindre mal !

Le « jardin » occidental se donne aujourd'hui par la voix de Joseph Borell pour mission de mener une guerre sans limite contre la «  jungle », le reste du monde. Une vraie guerre avec de vrais soldats, ukrainiens pour le moment.

Il doit non seulement s’ériger en protecteur douteux des persécutés de l’éternelle barbarie des non-européens, mais de la planète elle même, qui n'en demandait pas tant, et qu’il a pourtant saccagé sans remords pendant cinq siècles !

Mais son avenir est maintenant fortement compromis par le retour du réel.

La sortie de cette impasse ne peut être trouvée aujourd’hui et demain, comme hier, que par la prise de conscience de la classe ouvrière d’Occident comme du reste du monde de sa force et de son rôle historique.

GQ 4 juillet 2023

Ps 7 juillet : l'échec des manifestations contre la guerre de Syrie provient aussi tout simplement du constat de l'échec patent de la série précédente de grandes manifestations pour la paix, malgré leur caractère massif et mondial en 2003, lié à l'échec et à la récupération du mouvement "alter"- mondialiste. En ce cas, c'est au fond une bonne chose que cesse un type d'action ritualisé mais inoffensif. Reste à trouver autre chose si on veut compter sur autre chose que la bonne volonté de la Chine ou de la Russie pour lutter contre l'impérialisme.

 
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