L’ambassadrice de Palestine en France : « J’invite les autorités françaises à passer à l’acte »

Publié le par FSC

L'Humanité du 22 mai 2024

 

Salle de classe à Gaza.
(Photo; correspondance locale - Gaza, le 23 mai 2024)
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L’ambassadrice de Palestine en France, Hala Abou Hassira, juge que la reconnaissance portée par Madrid, Dublin et Oslo doit déboucher sur une décision similaire à Paris. Elle permettrait de favoriser une solution pacifique, le respect du droit international et le processus à deux États.

Quelle est votre réaction à la reconnaissance d’un État palestinien promise par l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, le 28 mai ?

Hala Abou Hassira


Nous saluons cette reconnaissance. C’est la preuve que les États membres de la communauté internationale restent engagés sur la solution à deux États. Elle corrige finalement une injustice qui dure pour les Palestiniens depuis des décennies. Cette décision permet de rappeler les principes du droit international et les résolutions des Nations unies.


Le premier étant le droit à l’autodétermination des peuples, c’est-à-dire à la liberté et à l’indépendance. Cette contribution protège aussi le processus à deux États comme la seule option pacifiste au moment où le gouvernement israélien bafoue le droit international et fait tout pour détruire cette solution.



Quel impact peut avoir cette décision ?

Hala Abou Hassira


Il s’agit d’un pas concret vers une perspective de paix. Car elle renforce une solution à deux États qui ne doit être que politique. Ce mécanisme peut nous amener à mettre fin à l’occupation, à l’apartheid et aux crimes commis à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Cette reconnaissance du peuple palestinien à exister, à son identité nationale et à bénéficier de droits égaux est aussi un acte fort pour obtenir un cessez-le-feu. Aujourd’hui, ces pays envoient un message contre la politique du deux poids, deux mesures.


On ne peut pas voter chaque année à l’Assemblée générale de l’ONU le droit du peuple palestinien à l’autodétermination sans le traduire concrètement. Israël, en tant que puissance occupante, ne dispose pas d’un droit de veto sur la reconnaissance de l’État de Palestine et sa création. Quand l’État d’Israël a été fondé, en 1948, le peuple palestinien n’a pas été consulté.



Dans ce rapport de force diplomatique, comment expliquez-vous l’absence de la France ?

Hala Abou Hassira


En cette journée fondamentale pour la justice internationale, j’invite les autorités françaises à passer à l’acte et à reconnaître l’État de Palestine. Il faut que la France soit en cohérence avec ses derniers votes au Conseil de sécurité de l’ONU, en soutenant l’adhésion de la Palestine comme État membre à part entière.


À l’Assemblée générale des Nations unies, la France a également appuyé que le statut de la Palestine soit rehaussé, avec l’octroi de nouveaux « droits et privilèges ». Il est temps d’acter cette reconnaissance en conformité avec la position française d’une solution à deux États. Le message envoyé serait fort : le droit international doit demeurer indivisible, universel et être appliqué par tous. Ce geste pourrait favoriser d’autres pays de l’Union européenne à adopter la même position.



Attendez-vous d’autres actions diplomatiques au niveau de l’UE pour un État palestinien et pour stopper les crimes à Gaza et en Cisjordanie ?

Hala Abou Hassira


Dans cette période extrêmement sombre pour les Palestiniens, nous appelons l’Europe à appliquer les principes du droit international à d’autres actes. Notre peuple subit des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des crimes de génocide et la violation totale de ses droits. À Gaza, il est en train d’être exterminé. La famine devient une arme de guerre pour les autorités israéliennes.


Sur l’ensemble du territoire, les Palestiniens subissent un nettoyage ethnique. Les colons terrorisent et attaquent, avec la protection de l’armée, chaque ville et chaque village, il faut donc utiliser l’ensemble des mécanismes pacifiques et juridiques offerts par le droit international.


Le premier de ces mécanismes est d’appliquer des sanctions contre l’État d’Israël pour toutes les violations commises et de suspendre l’accord d’association économique. Il faut également stopper toute coopération militaire et sécuritaire. Car, aujourd’hui, Israël applique le droit de la force.

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