Sortir de la crise franco-algérienne

ll y a deux ans, le président Macron et le président Tebboune avait créé une commission mixte d’historien chargé d’un travail de mémoire, de vérité et de réconciliation.

En rompant avec une tradition diplomatique française, le soutien aux décisions de l’ONU sur le Sahara Occidental, Macron à pris la responsabilité de fragiliser les relations entre les deux pays ; aucun désaccord avec le gouvernement algérien, qui doit d’abord répondre des ses actes devant le peuple algérien, ne saurait justifier une telle volte face.

En reconnaissant la souveraineté marocaine sur ce territoire, Macron ne pouvait ignorer que le pouvoir algérien le considérerait comme une provocation.

Quelques mois plus tard en qualifiant le régime algérien de « système politico-militaire construit sur la rente mémorielle », puis en disant à propos de l’incarcération de Boualem Sansal que « l’Algérie entre dans une histoire qui la déshonore », il a rendu le dialogue diplomatique inopérant pour espérer résoudre les nombreux problèmes des relations entre les deux pays.

L’extrême-droite et le ministre de l’intérieur Retailleau en profite, tentant d’entraîner Macron vers la dénonciation de l’accord de 1968 sur les droits des Algériens en France. Faisant ainsi de l’immigration le seul et unique problème et du renvoie d’un maximum d’algériens la solution.

Mais les ressortissants algériens représentent un tiers des occupants des centres de rétention ! Ce qui n’a pas empêché la France d’avoir accepté 200 000 visa algériens en 2024.

La vérité est que les liens humains entre les deux pays sont massifs. Il y a des millions de français qui ont un lien de cœur avec l’Algérie, des pieds-noirs aux descendants d’immigrés des trente glorieuses, des amoureux de Lili Boniche aux militants de l’indépendance vivant en France après la décennie noire, et bien sûr des millions de lien familiaux.

On ne nous parle que d’immigration, mais qui sait ce qui se négocie sur le gaz ? Sur les ressources minières ? Sur le Sahel depuis le départ de la France ?

Le refus de l’Algérie de délivrer des laissez-passer consulaire, empêchant ainsi les renvois de plus de 50 000 algériens sous OQTF, est souvent mis en exergue, sans dire que la situation s’était améliorée avant les propos de Macron sur le Sahara Occidental.

Et des témoignages locaux montre que certaines OQTF sont illégitimes. Ainsi, un médecin algérien en France découvre que sa mère de 95 ans qu’il a fait venir pour des soins sans jamais pouvoir faire régulariser sa situation, faisait l’objet d’une OQTF !

L’Algérie est un grand pays qui joue un rôle diplomatique mondial de premier plan, en lien avec les BRICS, les pays arabes, les pays musulmans, l’Afrique. Les échanges économiques entre les deux pays ont progressé jusqu’en 2024 et l’Algérie est le premier pays d’Afrique pour les exportations françaises. La France est le premier investisseur en Algérie hors hydrocarbure.

On peut évidemment être en désaccord avec tout ou partie de la politique et des pratiques du pouvoir algérien, mais en provoquant, puis en entretenant un conflit diplomatique avec l’Algérie, la France se met dans une impasse qui ne permet de résoudre aucun problème.

Les communistes Vénissians qui avaient organisé un voyage mémorable à Alger pour le 60^e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie sont très heureux de vous proposer une nouvelle rencontre avec Bernard Deschamps, ancien député communiste et ami passionné de l’Algérie, celui-là même qui avait joué un si grand rôle dans leur voyage.