« Nos peuples français et algériens valent mieux que ceux qui les divisent »

L’amitié franco-algérienne va mal. En France, les dirigeants au pouvoir redoublent d’hostilité contre les Algériens à des fins de politique intérieure. Combien de fois avons-nous entendu un homme politique de droite dénoncer l’accord franco-algérien de 1968 ? Notre voisin est devenu le chiffon rouge de ceux qui agitent le fantasme raciste d’une invasion migratoire pour une minute de gloire sur des chaînes de télévision extrême-droitisées.

Ces embardées ont des conséquences concrètes dans la vie de millions de personnes. Plus d’un tiers des jeunes Français ont un lien avec la colonisation française en Algérie. Nos familles mélangent descendants d’immigrés, de pieds-noirs, d’appelés, de harkis et de juifs algériens par millions. Tant d’autres, par leur couleur de peau, subissent le racisme dès lors que la division du peuple français est pour certains une stratégie politique.

La France peut faire mieux. Elle doit regarder son passé avec humilité, à commencer par les massacres semés durant la colonisation. Elle doit aussi bâtir un espace d’entraide, en particulier face au changement climatique qui charrie déjà canicules et incendies de part et d’autre des rives de la Méditerranée. Nous pouvons bâtir des coopérations futures, comme la création d’une chaîne de télévision en plusieurs langues qui unirait nos peuples.
Ces lendemains franco-algériens devront être bâtis par les peuples. Il y a six ans, de part et d’autre de la mer, on se soulevait face à la caste, gilets jaunes ici, hirak là-bas. Nos peuples valent mieux que ceux qui les divisent.