Répression des pro palestinien : une étudiante turque arrêtée aux États-Unis

Publié le par FSC

Zubeyde Cacan
L'Humanité du 28 mars 2025

 

Rumeysa Ozturk, étudiante turque en doctorat à l'université de Tufts à Boston, a été arrêté pour avoir co-signé une tribune dans un journal de l'université dénonçant la gestion des manifestations contre la guerre à Gaza.© Scott Eisen / Getty Images / AFP

 

À Somerville, dans la banlieue de Boston, une étudiante turque, Rumeysa Ozturk a été arrêtée en pleine rue par des agents fédéraux en civils, mardi. Son visa a été révoqué en raison de son soutien présumé à la cause palestinienne. La vidéo de son interpellation a rapidement suscité une vague d’indignation.


En mars 2024, Rumeysa Ozturk, étudiante turque en doctorat sur le développement de l’enfant à l’université Tufts, avait co-signé une tribune dans le journal universitaire Tufts Daily, critiquant la gestion de son établissement face aux manifestations étudiantes contre la guerre menée par Israël à Gaza. Cette tribune dénonçait également la répression croissante des voix pro palestiniennes au sein des universités américaines. Ce mardi 25 mars, elle a été arrêtée et placée en détention par le Department of Homeland Security (DHS), qui l’accuse de « soutenir le Hamas ». De son côté, l’université Tufts a déclaré ne pas avoir été informée de la procédure ayant mené à l’arrestation de la jeune femme.


Un document judiciaire consulté par l’AFP mercredi 27 mars révèle que l’étudiante a déposé une requête pour exiger des explications sur son arrestation. Son avocate, Mahsa Khanbabai, dénonce des accusations sans fondement et critique vivement les conditions de son interpellation, qu’elle qualifie d’« enlèvement ». La vidéo de l’arrestation, largement diffusée sur les réseaux sociaux, a provoqué une vague d’indignation : « Rien dans ces images ne permet d’identifier des agents des forces de l’ordre ni l’agence dont ils relèvent. Cette scène devrait glacer le sang de tout le monde ».

Une répression ciblée des militants pro palestiniens


Dès le lendemain de son arrestation, des centaines d’étudiants ont manifesté dans le Massachusetts pour exiger la libération de Rumeysa Ozturk. Cette affaire s’inscrit dans un climat de répression croissant des mouvements pro palestiniens sur les campus américains. Depuis le début de son mandat, Donald Trump a renforcé la surveillance des universités, et accuse certaines d’entre elles de tolérer des discours « antisémites ». Mahmoud Khalil, militant palestinien et ancien étudiant de Columbia, a été arrêté le 8 mars dans sa résidence universitaire par les mêmes services avant d’être conduit dans un centre de détention de Louisiane.


Rapporté par Anadolu Ajansi, le Secrétaire d’État américain Marco Rubio a défendu ces arrestations, affirmant : « Nous avons révoqué son visa. Nous vous donnons un visa pour venir étudier et obtenir un diplôme, pas pour devenir un activiste social qui perturbe nos universités. » Il a ajouté : « Chaque fois que je trouve l’un de ces fous, je lui retire son visa », tout en ne fournissant aucune preuve liant la jeune femme à des actes de violence.


La Turquie a également réagi dans un communiqué. L’ambassade turque a déclaré suivre la situation de près et être en contact avec les autorités américaines pour lui apporter un soutien juridique et consulaire. L’affaire de Rumeysa Ozturk ravive les tensions et le débat sur la liberté d’expression du traitement des militants pro palestiniens aux États-Unis. Cette répression grandissante s’illustre aussi par l’arrestation, début mars, de Mahmoud Khalil, étudiant engagé à l’université Columbia, qui était l’une des premières victimes de la politique répressive mise en place par l’administration Trump, dont l’expulsion est actuellement contestée en justice
 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article