GAZA URGENCE

L’arraisonnement « en douceur » du Madleen par l’armée israélienne, aurait de quoi contenter les  philosémites, pour qui rien n’égale le »peuple élu » ! A un détail près : la capture du bateau est illégale puisqu’elle s’est effectuée dans les eaux internationales.

En dépit de la  vision stéréotypée d’un philo comme d’un anti-sémites - sachant que le premier peut être plus dangereux que le second - il faut reconnaître que la stratégie employée par les Israéliens pour empêcher le Madleen d’atteindre son but, Gaza, est loin d’être idiote. 

 Parmi les quatre options déjà prévues par les passagers du navire, le choix a porté sur ce qui mange le moins de pain :  on évite les violences extrêmes, telles que prodiguées depuis deux ans à l’encontre du peuple palestinien,et  on saisit l’opportunité de se redorer un peu le blason. D’une  pierre deux coups !

 D’un côté , on reste « souverain » et on campe sur ses positions. Personne ne saurait contrevenir à ce qui a été décidé : Gaza, c’est à nous , point barre! Pas question de laisser passer un bateau qui enfreint les volontés d’Israël.  Des célébrités, des  militants déterminés de plusieurs pays qui prétendent faire une démonstration politique et symbolique en humanitaire, des minus qui ont eu le culot de se faire de la pub’ avant le départ et durant la traversée,  on n’en a cure. Ils se prennent pour qui tous ces «  antisémites » qui osent parler de génocide, de nettoyage ethnique, alors qu’on mène une «  guerre », presque sainte,  contre l’ennemi juré, l’Amaleck Hamas !

 De l’autre côté, face à l’opinion publique qui commence à s’énerver sérieusement, il faut faire savoir qu’on sait être, en même temps, "bienveillants". On arraisonne « avec délicatesse » le bateau  et on renvoie chez eux les passagers,  sandwich en sus. Pas de bobo, pas de tueries par drones ou autres,  juste leur taper un peu sur les doigts à ces enfants gâtés, histoire de remettre les pendules à l’heure. Mise à part une mystérieuse poudre blanche répandue sur le bateau, mille précautions ont été prises tout en veillant à éclairer les esprits de ces gauchistes à la noix. ET avant de les abandonner à l’aéroport, projection d’un petit film sur les atrocités du 7 octobre. Situation bien gérée et la com’ bien soignée ! Comme quoi, quand ils décident de faire gaffe, ces Israéliens, ils peuvent !

 Il convient aussi de restaurer une image de soi, si mal en point ces derniers temps ! A une erreur et autre détail près ! Ce n’est pas le petit film, bien cadré et bien orienté , sur le 7 octobre qui va convaincre les passagers du Madleen du bien fondé des crimes de guerre et contre l’humanité commis depuis deux ans. Ce ne sont pas des parlementaires,  des hommes politiques et des célébrités « achetables ». Ni les atrocités commises par une partie des troupes, qu’avec facilité on range sous la bannière générique du Hamas, ni un petit séjour offert tous frais payés, notamment à Jérusalem, ne les feront changer d’avis.  Pas plus d’ailleurs que les dockers de Marseille et de Gênes qui viennent de bloquer l’envoi d’armes par fret maritime. Il y en a des qui ne s’en laissent pas conter, y compris en Israël où une petite minorité  proteste contre cet arraisonnement.

 On finit par être dur d’oreilles au sein du peuple élu qui ne lorgne que sur de présumés droits en oubliant ses devoirs. Les philosémites,  des antisémites camouflés ou plus souvent d’ex antisémites qui s’ignorent peu ou prou, devraient en prendre de la graine !

 In fine, l’Etat d’Israël ne devrait-il pas remercier les 12  passagers du Madleen qui l’obligent à prendre quelques précautions eu égard à leur statut et à l’impact international d’une action  politique (baptisée « croisière » par les médias français), certes symbolique mais courageuse.