60 000 morts à Gaza : des statistiques ?
L'Humanité du 11 août 25
Quand le crime devient trop grand, l’humanité se tourne vers la statistique. Plus de 60 000 personnes tuées à Gaza ; 500 000 en situation de malnutrition aiguë. Aussi vertigineuse soit-elle, la litanie des chiffres ne dit jamais l’origine de l’atroce.
À Gaza, la mort frapperait donc sans sniper pour tenir l’arme, sans pilote pour tirer le missile, sans blocus pour affamer ? Ainsi, l’horreur du siècle se mesure-t-elle à l’aune d’une arithmétique déshumanisante, d’un prisme humanitaire dépolitisant. Les multiples déclarations de la hiérarchie militaire et politique israélienne prouvent pourtant l’intention génocidaire.
Si Benyamin Netanyahou en porte la responsabilité, l’ensemble des crimes ne peuvent lui être imputés. Ils résident dans le projet colonial même. « Nous devons tout faire pour nous assurer que les Palestiniens ne reviennent pas. Les vieux mourront et les jeunes oublieront », écrivait déjà l’ancien premier ministre israélien, David Ben Gourion. Nous sommes alors en 1948, et la Nakba (la Catastrophe) pose les jalons d’une logique qui, loin d’être cantonnée à l’histoire, se poursuit aujourd’hui. Un premier nettoyage ethnique qui n’a jamais été appréhendé comme tel par la « communauté internationale ».
Pour poursuivre son projet, Benyamin Netanyahou a bénéficié d’un alignement des planètes rare en politique, né des massacres du 7 octobre perpétrés par le Hamas, de l’appui d’une coalition d’extrême droite, de la passivité des pays arabes et de l’Union européenne. De Joe Biden à Donald Trump, les États-Unis partagent quant à eux le projet israélien de remodelage de la région.
Ceux dont le verbe regorge de valeurs qu’ils voudraient universelles doivent faire cesser l’horreur en mondovision. Si l’injustice venait à l’emporter, le monde ne pourrait longtemps supporter le poids de ces dizaines de milliers de visages et de noms qui hanteront la conscience de l’humanité. Autant de crimes qui, s’ils restaient sans réponse, ouvriraient la porte à l’impunité généralisée.
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