Génocide des Palestiniens : d’Éric Cantona à Francesca Albanese, la pression sur la Fifa et l’UEFA pour la suspension d’Israël s’accentue

Publié le par FSC

Tom Demars-Granja
L'Humanité du 24 septembre 2025

 

       La Fédération palestinienne de football a appelé, jeudi 18 septembre, à la suspension des équipes sportives et des joueurs israéliens des compétitions internationales.© Matteo Nardone/IPA/ABACAPRESS.COM

Face au génocide du peuple palestinien, un groupe d’experts nommé par l’ONU appelle à la suspension d’Israël des compétitions de football internationales. Alors que les soutiens d’une telle mesure se multiplient, de l’ex-international français Éric Cantona au Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, la Fifa et l’UEFA préfèrent s’enfermer dans leur inaction.
Les interpellations à l’encontre de la Fédération internationale de football (Fifa) et de l’Union des associations européennes de football (UEFA) redoublent d’intensité. La passivité des deux instances sportives face au génocide du peuple palestinien perpétré par Israël ne passe plus inaperçue. Un groupe d’experts nommé par les Nations unies (ONU) appelle, dans un communiqué publié mardi 23 septembre, à la suspension d’Israël des compétitions de football à l’échelle continentale et mondiale.
« Les instances sportives ne doivent pas fermer les yeux sur les graves violations des droits humains », ont lancé trois rapporteurs spéciaux ainsi que les membres du Groupe de travail sur les entreprises et les droits de l’Homme. « Les équipes nationales représentant des États qui commettent des violations massives des droits humains peuvent et doivent être suspendues, comme cela a eu lieu dans le passé », rappellent-ils.

« Pourquoi ce double standard ? »
Le cas de la Russie en est le symbole le plus récent. Lorsqu’il grimpe sur la scène de l’OVO Wembley Arena (Londres), mercredi 17 septembre au soir, la légende du football mondial Éric Cantona est venu pointer une évidence. En permettant à Israël de participer aux tournois internationaux, contrairement à la Russie, la Fifa et l’UEFA se rendent coupables d’un deux poids, deux mesures. Une réalité qui s’est vérifiée à de maintes reprises au cours des deux dernières années.
« Quatre jours après qu’elle a commencé une guerre en Ukraine, la Fifa et l’UEFA ont suspendu la Russie, a scandé l’ancien international français, à l’occasion de l’événement caritatif Together for Palestine. Nous sommes maintenant 716 jours après le début de ce qu’Amnesty International appelle un génocide, et Israël est toujours autorisé à participer. Pourquoi ce double standard ? »
Au lendemain de la fin avortée de la Vuelta – le grand tour de cyclisme espagnol, interrompu mi-septembre face à la participation d’Israël-Premier Tech -, le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez a pris les devants sur le sujet. Le dirigeant, fer de lance de l’opposition au génocide des Palestiniens en Europe, a suggéré d’exclure Israël des compétitions sportives « tant que la barbarie continuerait » à Gaza. La Fédération palestinienne de football a quant à elle appelé, jeudi 18 septembre, à la suspension des équipes sportives et des joueurs israéliens des compétitions internationales.

« Il ne devrait donc y avoir aucune discrimination contre les joueurs »
« Le boycott doit viser l’État d’Israël et non des joueurs individuels », poursuivent les experts, dont la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese. Le groupe rassemblé par l’ONU – mais qui ne s’exprime pas au nom des Nations Unies – insiste sur la charge symbolique des équipes nationales : ils représentent les États dans leur ensemble et donc des violations des droits humains que ces derniers peuvent commettre.

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« Nous avons toujours soutenu que les individus ne peuvent pas supporter les conséquences des décisions de leur gouvernement, expliquent-ils dans leur communiqué. Il ne devrait donc y avoir aucune discrimination ni sanction contre les joueurs en raison de leur origine ou de leur nationalité. » Interrogée par l’Agence France-Presse (AFP) à ce sujet, l’UEFA a indiqué qu’elle ne faisait aucun commentaire.
La Fifa n’était quant à elle pas en mesure de répondre dans l’immédiat, indique l’AFP. Le 16 septembre dernier, pour la première fois, une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU a accusé Israël de commettre un « génocide » à Gaza depuis octobre 2023, avec l’intention de « détruire » les Palestiniens. Les experts indépendants de l’ONU considèrent que les États où siègent les organisations internationales sportives, ainsi que ceux qui organisent des compétitions et ceux qui y participent avec Israël ne doivent « pas rester neutres face au génocide ».

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