50° Congrès de la CGT : syndicalisme rassemblé et identité de la CGT
Dans la Tribune de commentaires ouverte sur le site de la CGT on trouve un certain nompbre d'interventions très critiques concernant l'orientation du "syndicalisme rassemblé".
Ainsi en est-il du commentaire 138 de l'Union Nationale des Employés et Cadres Crédit Agricole CGT
et du commentaire 113 de DIAGNE Roland Fodé
********************************************
Commentaire 138
Tous les syndicats sont amenés à se prononcer sur le document d’orientation du 50ème congrès de la CGT. Force est de constater, à la simple lecture de la chronologie des événements sociaux figurant dans rapport d’activité, l’absence des luttes qui ont pourtant marqué l’année 2012, telles que Fralib ou Unilever… des luttes de terrain au plus près des préoccupations des salariés d’aujourd’hui et de demain. En fait, à y regarder de plus près, c’est ce mot « lutte » qui est quasiment absent du document d’orientation et induit notre sentiment général : le 50ème congrès de la CGT ne sera-t-il qu’un congrès de structures et pas de revendications ?
L’idée de syndicalisme rassemblé y est, elle, extrêmement présente : comment aujourd’hui imaginer se rassembler avec d’autres organisations syndicales sans perdre notre identité et renoncer à nos valeurs ? Comment s’allier à une CFDT, à une CGC toujours prêtes à entériner des reculs sociaux (est-il nécessaire de rappeler la signature dernière de l’ANI) ? Comment s’orienter vers un syndicalisme rassemblé, voulu par la direction confédérale, alors que, très souvent il est contesté par nos bases, parmi nos forces les plus vives, tant nos différences d’analyses et surtout d’objectifs se creusent entre les autres organisations syndicales et nous ?
Non, nous pensons que la CGT doit se rassembler pour rassembler autour d’elle, sur le terrain, par son travail d’analyse, d’explication et de formation civique et ouvrière, un nombre croissant de salariés, enfin correctement informés des mécanismes économiques prétendument complexes dont ils sont les victimes. Nous le savons bien, ce n’est que par la force du collectif que les salariés peuvent espérer contrer les orientations économiques décidées et choisies par nos patrons, afin d’imposer un partage plus équitable de la richesse produite. La compromission qui consiste à chercher des solutions sans oser bousculer l’ordre établi conduit peut-être à épargner, un temps, une minorité mais condamne, c’est certain, la grande majorité à toujours plus de précarité et de misère. De cette compromission là nous n’en voulons pas !!
La CGT se doit de revenir à ses valeurs et ses fondamentaux : syndicat de lutte nous sommes et syndicat de lutte, nous devons rester. C’est sur le terrain, au plus près des salariés qu’est notre place. Définir avec eux les moyens nécessaires à leurs besoins élémentaires dans une société qui change et évolue ; décider ensemble des actions à mener pour répondre à leurs attentes, c’est notre rôle. C’est en ramenant vers eux, les salariés, le débat autour de nos positions et analyses, pour valider une pensée différente, que nous donnerons aux jeunes générations les moyens de nous connaitre. Le syndicalisme, c’est décider ensemble des réclamations et revendications pour améliorer et faire progresser nos conditions de travail, nos salaires et la société au sens large.
Nos fondamentaux, c’est encore et plus que jamais l’abolition du capitalisme, responsable de tous les maux de la classe laborieuse. La défense du Code du Travail, des Conventions Collectives, de la Hiérarchie des Normes, la défense et l’amélioration des conditions de travail, une réelle et indispensable revalorisation des salaires, la réhabilitation du système de santé et des retraites, où chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins, l’arrêt du démantèlement et de la privatisation des services publics et leur redéploiement sur tous les territoires, sont l’essence même du syndicalisme CGT. Nous devons repenser complètement le monde actuel, dirigé par les grands propriétaires des moyens de production et d’informations, le MEDEF avec l’aval des gouvernements successifs, entre autres. L’exemple très récent du dernier ANI nous démontre clairement que le syndicalisme rassemblé n’est pas en bonne voie, sauf à trahir les travailleurs. Le gouvernement « du changement », comme celui de Sarkozy que nous avons contribué à chasser, cède aux chants des sirènes des grands patrons et accompagne ainsi les reculs sociaux. Cet accord sonne le glas du Code du Travail et de nos droits tels que nous les connaissons aujourd’hui. Il est urgent d’agir, en expliquant et en rassemblant, nous le savons bien !
Par la nationalisation des grands moyens de production, nous pouvons soustraire les travailleurs et les usagers de l’avidité sans fin des prédateurs en quête exclusive de profits, prêts à tous les chantages pour asservir celui qui produit sa richesse, le salarié, et à tous les mensonges pour abuser de ses clients. Les exemples de chantage ne manquent pas, CONTI, SANOFI, Arcellor-Mital, PSA GOODYEAR, etc… Combien de foyers plongés dans la détresse in fine ? Combien de morts et de maladies provoqués par les scandales pharmaceutiques et alimentaires ?
Parmi les grands moyens de production que nous devons libérer, figurent entre autres les banques, la seule création d’un pôle public et le ridicule projet de
loi bancaire avancé pour isoler les banques commerciales des humeurs des marchés ne sont pas satisfaisants : un service bancaire public, sous contrôle de l’état, des clients et des
salariés, est nécessaire et indispensable pour répondre aux besoins des usagers, des entrepreneurs, des collectivités locales et plus largement pour le financement de l’économie réelle
participant au développement des territoires.
Dans son document d’orientation, la CGT ne doit ni bannir de son vocabulaire le mot « lutte » sous peine de perdre le combat mené sans relâche par le
grand patronnât, ni craindre de nommer et reconnaitre les forces en présence. Ce combat que la CGT se doit de mener s’appelle « la lutte des classes », la classe de ceux qui ne
disposent que de leur force de travail pour survivre contre celle de dirigeants-propriétaires de capitaux au mieux produits par le travail des autres, au pire issus d’une spéculation sans
vergogne sur la misère du monde.
Et pour finir, que dire de la satisfaction affichée des effets de la loi sur la représentativité qui, nous le savons bien, a induit la mort de nombreux syndicats CGT en 2012 et qui continue lentement son œuvre, menaçant de nous réduire au silence absolu à terme, là où la
CGT était moins bien représentée. Ce n’est pas en laissant le champ libre à la seule expression de la compromission que la CGT gagnera le débat d’idée préalable au développement d’une force collective indispensable pour mener une lutte de classe efficace.
C’est par les valeurs qui nous unissent et nous rassemblent que nous devons retrouver :
un salaire à la hauteur de la situation
économique ;
des conditions de travail dignes ;
l’interdiction des licenciements
boursiers ;
la nationalisation des outils financiers de
l’économie (banques et assurances) ;
la réappropriation collective des moyens de
production ; etc…
Ce sont ces fondamentaux qui doivent guider nos orientations et nos actions. A s’éloigner de ses valeurs fondamentales, la CGT perdrait son identité et par là même le combat qui est sa raison d’être : « la lutte pour l’émancipation de la classe ouvrière ».
Union Nationale des Employés et Cadres Crédit Agricole CGT
************************************
Commentaire 113
LA CFDT METFIN AU... « SYNDICALISME RASSEMBLÉ » : QUELLE NOUVELLE STRATÉGIE DE LUTTE POUR NOTRE
CGT...?
DIAGNE Roland Fodé, membre des CE de la CGT Éduc’action Nord et de la Ferc
La CFDT, la CFTC, la CGC viennent de mettre fin au « syndicalisme rassemblé » en signant la « flexisécurité » des profits patronaux dictée
par l’Union Européenne (UE). Cette signature légalise la prise en otage des salariés et le chantage patronal suivant : « ou vous acceptez la baisse de vos salaires, la dégradation
de vos conditions de travail par l’augmentation des cadences de travail, ainsi que les contrats précaires ou nous délocalisons en Europe où ailleurs parce que nous autres les actionnaires
avons ‘besoin d’air’ pour maximiser nos profits ». C’est la fin du code du travail. Les « syndicalistes apolitiques » dirigeants de la CFDT qui se targuaient de n’avoir pas
appelé à «
voter contre Sarkozy » rallient ainsi ouvertement le MEDEF et « son » gouvernement socialiste, après avoir « égaré » dans les méandres
du « syndicalisme rassemblé » la centrale historique de lutte de classe du mouvement ouvrier à l’origine de toutes les conquêtes sociales et démocratiques du pays qu’est, depuis sa
fondation en 1895, la CGT.
La théorie et la pratique du « syndicalisme rassemblé »
Le rapport d’activité que l’on peut lire dans le N° spécial de la NVO du 21/11/02 présenté par le Bureau Confédéral du 47éme congrès de la CGT théorisait
ainsi le « syndicalisme rassemblé » :
« Nous devons pour ce faire travailler à l’unité des centrales syndicales françaises sur les revendications nationales et
européennes, mais aussi poursuivre une coopération réfléchie
avec le mouvement associatif... » (p.6),
« ...travailler à établir d’autres rapports entre organisations
syndicales, en cherchant sur chacun des sujets en débat à
approfondir nos réflexions convergentes ou divergentes,
avec la volonté d’aboutir à des démarches ou des initiatives
les plus unitaires possibles, sans focaliser sur les désaccords...
» (p.15)
« …l’unité syndicale…un bien commun et non comme une
menace qui plane sur leur identité, car l’unité est la condition
irremplaçable pour que les salariés regagnent leur place dans la société et leur dignité. Les salariés aspirent à une plus grande lisibilité du mouvement
syndical en tant que tel dans l’entreprise, dans les négociations, dans les débats publics …Le niveau et la qualité des débouchés revendicatifs dépendent pour une large part de la recherche
de convergences effectives des organisations sur des objectifs communs » pour atteindre l’objectif de « l’affirmation
du fait syndical, en obtenant la reconnaissance de son rôle d’utilité publique dans chaque lieu de travail, chaque site, dans l’organisation sociale des
territoires, l’élaboration et l’évaluation des politiques publiques » (p.15).
Dans les faits la pratique a consisté à soumettre nos revendications, nos luttes, nos formes de luttes, notre communication et nos positionnements de classe, à
l’unité au sommet avec la CFDT. Point n’est besoin de passer en revue les défaites successives des mobilisations, des luttes des travailleurs
engendrées par la théorie et la pratique du « syndicalisme
rassemblé », qui n’a servi qu’au parrainage de l’entrée de notre CGT à la CES par la CFDT. À l’exception du CPE gagné par les luttes dures et continues des
jeunes, tous les grands rendez-vous de luttes sociales décidés par les attaques patronales et gouvernementales de la droite libérale et du PS libéral ont débouché sur des « journées
nationales d’actions unitaires » CGTCFDT basées sur des revendications alignées sur « le
plus petit dénominateur commun » dicté par la CFDT.
Et quand les travailleurs des boîtes engageaient des batailles défensives contre les fermetures, les délocalisations ou les licenciements, le
« syndicalisme rassemblé » était à juste titre perçu comme une rhétorique de sommet et de salon que les travailleurs manifestant en lutte stigmatisaient ainsi : « C’est
pas dans les salons et les fauteuils à Matignon, à l’Elysée ou au Medef que
l’on gagne, mais par la grève, la rue et le rapport des forces ».
Unir les travailleurs et les syndicats sur la revendication de la nationalisation des entreprises qui ferment et délocalisent
De la fondation de la CGT en 1895 aux grandes grèves générales avec occupation des usines et lieux de travail en 1936, la revendication des trois huit a été
motrice et fédératrice des combats sociaux : 8 heures de travail 8
heures de repos, 8 heures de loisirs. Les congés payés,
les augmentations de salaires de plus de 30%, les droits
syndicaux gagnés en 1936 sont subséquentes des multiples
luttes menées par les travailleurs avec comme
point d’appui fondamental cette revendication transversale
et unificatrice.
Aujourd’hui la principale arme patronale de soumission
du travail au capital, est le chantage à la délocalisation
des entreprises. Il s’agit d’utiliser les bas salaires d’ailleurs
pour faire baisser les salaires d’ici, salaires dont les niveaux sont un acquis des luttes âpres menées par les générations précédentes de travailleurs… Et ce à
une époque où le monde était divisé deux : un camp capitaliste et une camp socialiste. La concurrence mondiale entre patrons d’aujourd’hui met en concurrence les salariés sur toute la
planète pour imposer la dictature de
classe de la bourgeoisie.
À l’intérieur des pays impérialistes comme le nôtre le patronat
des secteurs non dé-localisables fait adopter des
lois racistes par les gouvernants pour maintenir les travailleurs
sans papiers dans les griffes du travail clandestin
pour tirer tous les travailleurs vers la précarité par le biais du chantage au chômage.
La mondialisation libérale et son émanation sous continentale, la construction du bloc impérialiste prédateur qu’est l’Union Européenne (UE), organisent une
division du travail fondée
sur des délocalisations qui désindustrialisent les pays d’Europe selon les coûts de la force du travail, donc selon les salaires considérés par les Firmes
Transnationales (FTN) comme
trop élevés.
En fait il s’agit d’en finir avec la dite « société de consommation » (en réalité illusoire car à « crédit » le plus souvent) en mettant fin
aux « salaires trop élevés » des travailleurs dans les pays de l’UE pendant que les dividendes et les profits des patrons et des actionnaires explosent littéralement.
Le monde du travail dans nos pays, après avoir obtenu
des concessions sociales grâce aux luttes, bien évidemment,
mais également grâce à l’existence de l’URSS, est en train de subir la loi d’airain de la barbarie du capitalisme que K. Marx décrit ainsi :
« Le capital a horreur de l’absence de profit. Quand il flaire un bénéfice raisonnable, le capital devient hardi. A 20% il devient enthousiaste ; à
50% il est téméraire ; à 100% il foule au pied toutes les lois humaines et à 300% il ne recule devant aucun crime ». (Le Capital)
Voilà pourquoi il devient urgent et nécessaire d’opposer
la nationalisation à cette prise en otage des travailleurs
par les patrons et l’UE.
Nationaliser, c’est contraindre l’Etat à ré-intervenir dans les « affaires économiques » desquelles le libéralisme dominant l’exclut… sauf quand il
s’agit de sauver les banques, la bourse et la spéculation financière…
Forger l’unité de combat de la base au sommet des travailleurs et des syndicats du refus
Maintenant que le PS est revenu au pouvoir, la CFDT juge inutile de poursuivre sa stratégie de neutralisation des luttes par la soumission de notre CGT
c’est-à-dire le « syndicalisme rassemblé ». C’est pourquoi elle a décidé de parapher un l’accord dit de « sécurisation de l’emploi » en fait un accord qui permet au Medef
de... « faire la loi ». Les syndicats non signataires, CGT, FO plus la FSU, SUD/Solidaires, la CNT doivent s’unir dans les actions à la base jusqu’au sommet contre cette trahison
syndicale au service des patrons et de l’État de classe bourgeois. Il s’agit de construire un « front syndical du refus de la collaboration et de la servilité de
classe ».
C’est la voie et le moyen de renouer avec une réelle unité syndicale fondée sur la démocratie syndicale à la base, unité dont le monde du travail a besoin pour
renouer avec des luttes victorieuses
débouchant sur de véritables conquêtes sociales.
La CGT de la base au sommet doit développer une stratégie offensive de lutte pour entraîner y compris la base combative de la CFDT, comme ce qui se passe à
Florange, ainsi que l’ensemble des militants, des syndiqués et des travailleurs qui prennent conscience de l’inexistence de solution humaine dans le cadre de la « barbarie du système
capitaliste », et de la voie sans issue dans
laquelle mène le réformisme syndicale, qui ne cherche qu’à aménager le capitalisme… et encore !
Ensemble aucune lutte partielle des travailleurs ne doit se trouver isolée, toute lutte dans une branche, dans un secteur géographique doivent faire l’objet
d’une mobilisation unitaire des syndicats
du refus afin de construire le rapport des forces nécessaires pour gagner.
Ensemble il faut élaborer les revendications transversales qui fédèrent nos luttes et permettent leur développement jusqu’aux grèves reconductibles et la grève
générale pour que le patronat et le gouvernement comprennent que le chantage à la « dette, aux déficits, à la fuite des patrons » (pour échapper au fisc) doit cesser.
Ensemble travaillons à unir luttes à l’usine, à l’entreprise et luttes dans les quartiers populaires contre les divisions entre salariés et chômeurs, entre
travailleurs français et immigrés, entre travailleurs croyants (de toutes confessions) et non croyants, etc.
Pour préserver les conquêtes sociales et démocratiques gagnées par nos anciens pour une société de progrès et non de régression, ensemble revendiquons et
imposons la :
NATIONALISATION SANS INDEMNISATION DES ENTREPRISES QUI FERMENT ET DÉLOCALISENT