Marianne Dunlop et Danielle Bleitrach : " URSS vingt ans après. Retour de l’Ukraine en guerre "

Publié le par FSC

Des lectures indispensables pour cet été…

Dans une France qui a peur du débat et s’effraie de toute pensée hors médiacratie comme d’un blasphème, oxygénez-vous… Certaines de ces récentes publications donnent lieu à des conférences… Nous avons réussi à vaincre plus ou moins le mur des mensonges à propos de Cuba, il faut continuer et imposer une autre image du monde que celle de l’idéologie dominante… Sans des lecteurs actifs nous n’arriverons à rien… La balle est dans votre camp. Construisons ensemble un collectif réel, sans concurrence d’auteurs, en profitant de tout ce qui se met en place, éditions, conférences, séminaires, avec le sentiment d’avancer ensemble pour changer l’image du monde et donc une alternative à celui qui se décompose sous nos yeux. Danielle Bleitrach

Danielle Bleitrach et Marianne Dunlop

« URSS vingt ans après.

Retour de l’Ukraine en guerre »

 

 

 

 

Qu’est-il advenu de l’Union soviétique, vingt ans après ? Loin de tout discours officiel, de la gloriole des « élites », c’est la parole des petites gens que nous avons recueillie dans toute une série de reportages en Crimée, au moment de son rattachement à la Russie en mai et juin 2014. Puis l’aventure s’est poursuivie à Odessa en octobre et novembre, peu de temps après le massacre dans la Maison des syndicats, puis en Moldavie, en Transnistrie et en Gagaouzie. Nous voulions connaître l’opinion de ceux dont les seules victoires, provisoi- rement acquises, se nomment « pain » et « abri pour dormir », étant entendu que tout est remis en cause le matin de chaque jour qui naît, quand la guerre est là, la pire des guerres la guerre civile… Ils ont dit ce que représentait l’Union soviétique pour eux, comment ils avaient vécu le Maïdan, la rébellion dans le Donbass et la catastrophe actuelle

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Interview paru dans La Croix du Nord

La croix du nord :[Portrait] Marianne Dunlop, une Arrageoise au pays des Soviets

http://www.croixdunord.com/portrait-marianne-dunlop-ukraine-98896.html

La femme de 63 ans a collecté des témoignages, de Yalta à Odessa, regroupés dans un livre, URSS : 20 ans après, retour de l’Ukraine en guerre.

Polyglotte (elle parle 10 langues), Marianne Dunlop enseigne la linguistique chinoise à l’université d’Artois.

Par Rédaction

Elle rêvait de se rendre à Sotchi (Russie) en février 2014. Finalement, c’est de sa télévision que Marianne Dunlop suivra la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver. Elle en conserve un souvenir ému : « Les grands écrivains, la conquête de l’espace, les symboles soviétiques… L’histoire d’un peuple passée au crible. Les Russes y ont mis les moyens. »

« Ce qui m’a le plus frappée, c’est l’attachement à l’héritage soviétique. À leurs yeux, l’URSS incarnait l’égalité. »

Maîtrisant à la perfection la langue de Tchekhov qu’elle a enseignée dans des lycées d’Avion, Lens ou Arras, elle suit avec une acuité particulière ce qui se joue sur la scène eurasienne depuis une dizaine d’années. Les « révolutions » orange en Ukraine, les troubles en Biélorussie, la guerre en Géorgie (2008), le Tibet, les JO de Pékin… Les versions données de ces événements par les médias russes qu’elles parcourent régulièrement tranchent avec les interprétations imposées par les chaînes d’informations françaises.

À défaut de Sotchi, Yalta !

« Depuis longtemps, je rêvais d’aller sur place pour me rendre compte par moi-même. Mais ça me paraissait improbable, chimérique », souligne-t-elle. Sa rencontre avec la sociologue Danielle Bleitrach va changer le cours des choses. À partir de 2009, Marianne lui adresse des textes traduits du russe. L’intellectuelle provençale s’en sert pour alimenter le blog qu’elle dédie aux questions géopolitiques.

Quand surviennent, en décembre 2013, les événements de la place Maidan à Kiev puis le départ du président ukrainien Viktor Ianoukovitch, Marianne s’inquiète : « Je ne dormais plus, me réveillant à 3 h du matin pour regarder les chaînes d’infos en continu comme Russie 24. Je pressentais la catastrophe ! » Aussi, lorsqu’en mars 2014, se produit la sécession de la Crimée démocratiquement décidée par ses habitants, la tentation est grande de se rendre sur les bords de la Mer noire. Marianne dans un rôle d’interprète et Danielle dans une posture d’enquêtrice partent, en juin, à la rencontre de la population criméene.

Sur place, elles multiplient les interviews : des ouvriers, des étudiants, des mères de familles, des musulmans, des Tatars, des communistes, des réfugiés du Donbass, des vacanciers se prêtent au jeu. Le succès était tel qu’ils « faisaient la queue comme à confesse », sourit Marianne. Sans doute le besoin de témoigner « sur ce qui se passe vraiment ici » !

Les échanges se font en russe et non en anglais pour éviter « d’être confrontée à la minorité qui se croit partie prenante de l’élite internationale ». Ces interlocuteurs leur disent la « corruption qui régnait en Ukraine du sommet d’un État failli jusqu’à sa base, la folie nationaliste ukrainienne fondée sur l’apologie du nazisme », la panique qui a gagné la population russophone de Crimée lorsqu’une « junte associée à l’extrême droite s’est emparée du pouvoir à Kiev à l’issue d’un coup d’État entériné par les États-Unis et l’Union européenne », la puissance d’oligarques détestés et leur propension à « l’humiliation des plus faibles ».

Leur crainte de subir le même sort que les populations du Donbass bombardées par le pouvoir central de Kiev. Et enfin cette sensation de sécurité qui règne dans la péninsule depuis qu’elle s’est placée sous la protection de la Russie dont la Crimée faisait partie intégrante jusqu’en 1954. « Ce qui m’a le plus frappée, c’est l’attachement de la population à l’héritage soviétique. À leurs yeux, l’URSS incarnait l’égalité, la solidarité et… la Paix », poursuit Marianne. Et de rappeler qu’effectivement, « en mars 1991, la population soviétique, par référendum, s’était, à une large majorité, prononcée pour le maintien de l’URSS ».

À l’époque, ces impressions, puis les observations enregistrées en octobre-novembre 2014 lors d’un second voyage qui les a conduits de Moldavie à Odessa (Ukraine du sud), sont publiées, chaque soir, sur le blog de Danielle. Elles constituent désormais la trame d’un ouvrage passionnant sorti le 1er mai dernier. Tout un symbole !

Jacques Kmieciak

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