Après le 12 septembre Laurent BERGER découvre que le compte n'y est pas avec les ordonnances !

Publié le par FSC

Laurent Berger et ses alliés formulent à présent un jugement négatif sur les ordonnances loi travail.

Mais ce contenu et les orientations essentielles dont il est porteur est connu depuis plusieurs mois et notamment l'intention du nouveau pouvoir et du nouveau président de donner au patronat les moyens juridiques d'imposer son point de vue et ses intérêts dans le rapport aux salariés.

Dans la négation donc du rapport conflictuel entre les salariés et les détenteurs de capital.

Le dialogue social revendiqué par la CFDT et ses alliés n'étant dans le fonds que le masque de l'acceptation de la soumission aux objectifs du capital en se contentant des miettes que celui-ci veut bien accorder pour s'assurer de la paix sociale.

Et l'on ne peut s'empêcher de penser que la récente distance critique de la CFDT, de la CFTC et de l'UNSA doit davantage à la montée des luttes et le refus de nombreux travailleurs d'accepter la remise en cause des conquis exprimés notamment le 12 septembre dernier qu'à une ferme volonté de défense du monde du travail!

Nul doute que la montée en puissance du mouvement ne va pas manquer de donner encore plus de lucidité aux tenants ardents du "dialogue social".

Et plutôt que de s'en tenir béatement à la compréhension du pouvoir comme se conclue le texte ci-après c'est bien sur les luttes et leur amplification qu'il faut compter!

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SOURCE : Les Echos

la CFDT et l’Unsa lâchent Macron: Réforme du travail : le compte n’y est pas

LE CERCLE/TRIBUNE – Le gouvernement avait toute légitimité de légiférer par ordonnances pour réformer le marché du travail. Mais il l’a fait au détriment des salariés. Il peut encore – et il doit – changer de trajectoire.

La CFDT, la CFTC et l’Unsa portent une vision réformiste du syndicalisme. Elles militent pour que la négociation et le contrat soient au coeur de la régulation des relations de travail, à tous les niveaux et notamment dans l’entreprise, au plus près des salariés.

Face  aux mutations du travail et de l’économie, face aux transitions numérique et écologique, notre rôle est de sécuriser l’emploi, les conditions de vie et de travail, les parcours professionnels en construisant de nouvelles protections et de nouveaux droits pour les salariés.

Fort de ce point de vue réformiste, mis en pratique par nos militants depuis des décennies dans les branches et les entreprises, nous prenons ensemble la parole aujourd’hui.

Macron n’a pas tiré les leçons du passé

Emmanuel Macron avait annoncé dans son programme une réforme  du Code du travail par ordonnances. Les Français, en l’élisant comme président de la République, lui ont donné la légitimité et les moyens pour le faire. Nous respectons, évidemment, ce choix démocratique.

Mais nos organisations n’étaient pas demandeuses d’une nouvelle modification du Code du travail, alors même qu’aucun bilan n’a été tiré des quatre lois précédentes qui, dans les trois dernières années, l’ont bougé en profondeur. Elles n’y voient pas non plus la solution au besoin de création d’emploi : plus que le Code du travail, c’est l’activité économique qui génère les embauches.

Pendant tout l’été, dans la concertation menée par le gouvernement, nous nous sommes investis dans les concertations en faisant valoir, nos propositions, mais en pointant aussi les lignes rouges inacceptables. Nous avions dit qu’au final, nous jugerions sur pièces, c’est-à-dire sur les textes des projets d’ordonnance : nous y sommes.

Projet déséquilibré

En facilitant les licenciements – au point d’imposer à la justice prud’homale  une limitation des indemnités versées aux victimes de licenciements illégaux -, en imposant une instance unique de représentation des personnels dans les entreprises sans garantir les moyens qu’elle et ses élus auront pour exercer leurs missions, en ouvrant la voie à des négociations sans organisation syndicale dans l’entreprise jusqu’à 50 salariés, les projets d’ordonnance déséquilibrent le texte au détriment des salariés.

Ce déséquilibre détourne la loi d’une de ses fonctions protectrices : rétablir des conditions de justice, d’autant plus essentielles en matière de droit du travail. Car, de par le lien de subordination qui les relie, salarié et employeur ne sont pas dans une relation d’égalité et il revient à la loi et aux organisations syndicales, par leur présence dans les entreprises, de le compenser.

Nous le disons avec force : équilibrer les relations de travail est une question de justice sociale autant que d’efficacité économique. C’est aussi un élément de la confiance et du respect sans lesquels le dialogue social ne peut se développer.

Non, le dialogue social, la négociation collective ne sont ni un « coût à réduire » ni « du temps perdu », malgré ce qu’en pense une fraction rétrograde du patronat. Nous sommes persuadés que le dialogue social est un constituant essentiel du bien-être des salariés et de la performance économique d’une entreprise. C’est ce que nos équipes démontrent chaque jour dans les entreprises. C’est aussi ce qui fait que le syndicalisme réformiste a la confiance des salariés.

Le gouvernement doit le comprendre et ajuster les ordonnances et les décrets d’application qui viendront afin de donner les moyens à ce dialogue social.

 

Laurent Berger est secrétaire général de la CFDT. Luc Bérille est secrétaire général de l’Unsa. Philippe Louis est président de la CFTC.

 
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