Laurent BERGER candidat à la direction de la Confédération Européenne des Syndicats ... sans doute pour continuer et aggraver son sale boulot

SOURCE : AFP et Les Echos
Berger (CFDT) candidat à la présidence de la Confédération européenne des syndicats
Laurent Berger est candidat à la présidence de la Confédération européenne des syndicats (CES), mais prévoit de rester secrétaire général de la CFDT, a dit sa confédération mardi, confirmant une information des Echos.
L'élection doit intervenir en mai, lors du congrès de cette organisation prévu à Vienne.
M. Berger ne va pas pour autant quitter la CFDT, ce poste n'étant pas exécutif, a souligné la confédération. La CES est dirigée par son secrétaire général, l'Italien Luca Visentini.
Créée en 1973, la CES est présidée actuellement par le Belge Rudy de Leeuw, à la tête de la Fédération générale du travail de Belgique FGTB-ABVV. Elle compte 90 confédérations réparties dans 30 pays, dont en France la CFDT, la CGT, Force ouvrière, la CFTC et l'Unsa.
Laurent Berger, 50 ans, à la tête de la CFDT depuis 2012, premier syndicat français en termes de représentativité depuis décembre 2018, se revendique de la ligne dite "réformiste", adepte de la concertation avec le patronat et les pouvoirs publics.
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REMARQUE :
Qu'on argumente, qu'on tergiverse : le sale boulot conduit aux mêmes résultats désastreux pour les travailleurs pour la bonne raison que seules les luttes ont depuis toujours contraint patronat et gouvernement à des "avancées sociales.
Et le sale boulot conduit toujours au déshonneur sous les flatteries accompagnées des reclassements avantageux et les louanges de la presse système !
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Par Michel Offerlé
Publié le 31 janvier 2019
En sociologie, le "sale boulot" désigne ce que les autres ne veulent pas faire, le médecin se déchargeant sur les infirmières et les aides-soignantes, les grands patrons sur leurs collaborateurs, en cascades.
On peut se demander qui, depuis trente ans, a fait le sale boulot dans les relations sociales en France. Négocier est devenu une manière plus légitime de pratiquer l'art du compromis afin d'obtenir des avancées sociales, actuellement improbables, ou, à tout le moins, d'accompagner par une politique de moindre mal les exigences des adversaires.
Depuis la fin des années 1970, la CFDT dans sa direction puis dans presque toutes ses composantes a progressivement effectué cette adaptation. Elle a restreint le périmètre de son répertoire d'action (la grève comme "vieille mythologie"). Elle a restreint l'ambition qui la portait à se dire plus qu'un syndicat et moins qu'un parti. Elle a tenté de capter l'attention d'un patronat diversement réformateur : dans un dialogue confidentiel et informel avec des grands patrons hors organisations patronales, ou avec le Medef de Seillière et de Kessler, au moment de la refondation sociale. Elle a donné des gages controversés aux gouvernements de droite et de gauche, au point d'être vilipendée lors de grands conflits sociaux où elle a pris la décision de sonner l'heure du repli et du compromis.
Son associé-rival, la CGT, n'est pas pour autant parvenu à résister par de tout autres moyens aux remises en cause du compromis social des années 1950.
Essor électoral
Est-ce le résultat de tout ce travail qui a conféré à la CFDT une première place, encore fragile, dans le champ syndical ? Cet essor électoral enregistrerait ainsi la mutation du salariat et la transformation des modes de gestion légitimes des rapports sociaux en France.
Paradoxalement, le mouvement dit des "gilets jaunes", aux antipodes des pratiques de la CFDT, a obtenu en quelques semaines un certain nombre d'avancées, mais sur des points qui sont beaucoup moins complexes que le travail syndical au quotidien.
Paradoxalement, l'exécutif qui pouvait avoir là un allié pour envisager des modalités de sortie de crise n'a guère écouté les propositions de la confédération.
Paradoxalement, les patronats ont, sauf exceptions, évité de réfléchir sur les reconfigurations possibles des rapports sociaux que permettraient des perspectives négociées de réformes non régressives.
Les dirigeants de la CFDT ne sont pas parvenus à gagner leur pari : faire reconnaître que le sale boulot n'était pas un boulot sale, mais un travail indispensable comme les autres "sales boulots" et casser l'équivalence entre traitement social et "social traître". Les coalitions ou "nébuleuses" réformatrices n'ont jamais pu en France produire des effets sans soutiens-adversaires radicaux et mobilisés.
Et si tous les cédétistes, prenant appui sur l'énergie collective actuelle, allaient peupler, avec tous les autres syndicalistes, individuellement, avec leur boîte à outils sophistiquée, les allées du "grand débat" ?
Michel Offerlé
Professeur émérite à l'Ecole normale supérieure, il a publié "Les patrons des patrons. Histoire du Medef" (Odile Jacob, 2013). Il a dirigé "La profession politique, XIXe-XXIe siècles" (Belin) et "Patrons en France" (La Découverte).