53ème Congrès de la CGT et démocratie syndicale – Par Jean-Pierre PAGE
/image%2F0946080%2F20221123%2Fob_9a6a7f_page-53.png)
Martinez et la direction de la CGT ont un sens élevé de la démocratie syndicale. Ils utilisent « Les Échos » et « Les Échos » les utilisent pour communiquer avec les adhérents de la CGT. Une semaine avant le CCN ce journal de la finance bien connu donnait la composition de la prochaine commission exécutive et la liste de ceux qui en seraient écartés.
L'auteure Leila de Comarmond est une nostalgique de la période Viannet/Thibault, elle en a même fait l'apologie dans un livre « les 20 ans qui ont changé la CGT » écrit sous la dictée de plusieurs dirigeants de la CGT dont elle est proche. Quant à celle où celui qui deviendra secrétaire général vous en aurez confirmation dans le prochain numéro des Échos. Bon, évidemment cela c'est sans compter sur le prochain congrès qui en principe doit décider et qui pourrait réserver des surprises.
C'est d'ailleurs pourquoi Martinez entend désigner lui-même les délégués. Pratiquer ainsi n'est jamais sans conséquences pour l'unité de la CGT mais pour Martinez il faut que ça passe ou ça casse.
On est donc fixé, c'est aujourd'hui l'existence même de la CGT qui est menacée, il faut donc répondre à la question de la CGT dont on a besoin. Ou une CGT version CFDT/CES/ dans une version wokiste et sociétale ou une CGT de lutte de classes.
C'est aussi simple que ça et cette fois on est au pied du mur, il faut choisir.
Jean-Pierre PAGE
Ancien secrétaire général de l’Union départementale CGT du Val-de-Marne, - Membre de la Commission exécutive confédérale de la CGT de 1982 à 2000, responsable du département international de la CGT de 1991à 2000
________________
La preuve :
Les Echos du 18 novembre dernier
Philippe Martinez exclut tout débat sur la désignation du futur numéro un.
Le climat reste tendu à la CGT, mais son secrétaire général, Philippe Martinez, parvient à contenir la fronde. Le comité confédéral national (CCN) de la centrale, composé des numéros un des fédérations et unions départementales, a examiné mercredi la liste des candidats à la direction du syndicat, qui sera désignée lors de son prochain congrès, fin mars.
Comme prévu à l'ordre du jour, la discussion a porté sur les absents parmi les 60 noms sélectionnés pour constituer la future commission exécutive de la centrale (CE). Mais elle a aussi porté sur la désignation par Philippe Martinez, sur le départ, de l'enseignante Marie Buisson pour lui succéder.
De nombreuses voix se sont élevées pour critiquer les modalités des choix tant de la CE que de la future numéro un. Chez les ultras, bien sûr, les Bouches-du-Rhône, le Val-de-Marne comme la Chimie n'ayant pas été retenus pour la CE. Mais aussi parmi les plus grosses fédérations et une dizaine d'unions départementales. Mais personne n'a répondu à l'interpellation du numéro un de la Métallurgie, Frédéric Sanchez, lorsqu'il a demandé s'il y avait des candidatures alternatives à celle de Marie Buisson.
Face aux attaques, cette dernière est encore restée silencieuse. C'est Philippe Martinez qui est monté au front. « En tactique interne, il a toujours été excellent », note un cégétiste. C'est ce qui lui a permis de se hisser au poste de numéro un en 2015. Il a encore une fois démontré son habileté. Restant maître des horloges, le Cégétiste n'a pas cédé une once de terrain .
Agitant le spectre d'une crise de succession comme au départ de Bernard Thibault, il a refusé d'engager des discussions sur les conditions et critères de désignation du prochain secrétaire général. Une seule concession - limitée - a été faite : la possibilité d'ouvrir la liste de la CE à quelques candidats supplémentaires. Mais rien ne dit que les changements seront connus pour le CCN de fin janvier. Ils pourraient n'être dévoilés qu'au congrès.
La réunion de mercredi aura en tout cas confirmé deux choses. La première est que l'organisation syndicale est aujourd'hui profondément divisée. La seconde est que pour l'instant, Philippe Martinez peut compter sur de nombreuses unions départementales. Cela peut-il suffire à installer sa successeure par un bras de fer alors que beaucoup d'organisations restent pour l'instant silencieuses. ?
En cas de vote en fonction du nombre d'adhérents, Marie Buisson n'est pas pour l'instant sûre de gagner et il y a un risque certain, si elle gagne, qu'elle soit mise ensuite en difficulté.
L'enseignante n'a pas encore fait le tour des organisations de la CGT et n'a rien laissé filtrer sur le bureau confédéral avec lequel elle veut diriger. Mais pour s'imposer, elle va devoir sortir de l'ombre de Philippe Martinez pour tenter de rassembler avant le congrès. Il lui reste quatre mois pour cela.
Mardi, lors du débat d'actualité au CCN, elle est pour la première fois sortie de son rôle de représentante des enseignants, plaidant en substance pour faire le lien entre les revendications salariales et la réforme des retraites. Elle a aussi insisté sur le fait que l'intersyndicale qui existe sur ce dossier est un point d'appui à préserver, selon un participant.