Quand le journal patronal Les Echos opposent les générations ... pour préparer la contre-réforme des retraites !
Et soit dit en passant la preuve est aussi faite que le sens profond de la contre-réforme c'est de rogner de manière significative les droits historiquement acquis par les travailleurs puisque c'est au sacrifice de TOUS qu'il est fait appel !
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SOURCE : Les Echos
La contribution des retraités à une réforme des retraites n'est jamais évoquée. Pourtant, ce serait une mesure juste et courageuse qui contribuerait à rééquilibrer la répartition des richesses entre les générations.
Travailler davantage, taxer davantage, s'endetter davantage (donc travailler ou taxer davantage mais plus tard) : tel est le triangle de solutions discutées pour le financement des retraites. La participation des retraités eux-mêmes à la réforme est une question taboue. Y aurait-il un argument décisif qui justifierait ce privilège d'être dispensé de l'effort national de solidarité ?
Les retraités vivent-ils, majoritairement, moins bien que le reste de la population ? Non. D'après l'Insee, en 2019, le niveau de vie médian des retraités vivant en France est supérieur de 3,3 % à celui de l'ensemble de la population (1.900 euros nets par mois par personne contre 1.840 euros). Y a-t-il, parmi les retraités, davantage de personnes pauvres que dans le reste de la population ?
Non. Les retraités sont moins souvent pauvres que le reste des Français : 8,7 % des retraités sont pauvres, contre 14,6 % de la totalité de la population et 19 % des jeunes de 18 à 29 ans. Les générations de personnes à la retraite ont-elles travaillé davantage que celles d'aujour-d'hui ? Non. Le taux d'emploi en 2022 est le plus haut enregistré (67,3 %), ce qui signifie que les Français d'aujourd'hui n'ont jamais, comme population, autant été au travail depuis 50 ans.
Un pacte intergénérationnel
La France que les retraités d'aujourd'hui transmettent à leurs enfants et petits-enfants est-elle plus forte et moins endettée que celle dont ils ont hérité de leurs parents ? Non. En quarante ans, la France est devenue le pays le plus désindustrialisé du G7 (13,8 % du PIB, contre 25,5 % en Allemagne, 19,7 % en Italie et même 14 % au Royaume-Uni), et la dette publique a été multipliée par six par rapport à la richesse nationale (de 20 % à 115 % du PIB). Le niveau actuel des pensions de retraite correspond-il à un niveau de cotisations payé pendant sa carrière qui validerait le raisonnement « J'y ai droit puisque j'ai cotisé toute ma vie » ?
Non. L'évolution du rapport démographique (trois cotisants pour un retraité au début des années 1980, contre 1,3 en 2020) fait que les retraités d'aujourd'hui ont beaucoup moins cotisé pour leurs parents que ce qu'ils demandent à leurs enfants et petits-enfants de cotiser pour eux (en ordre de grandeur, les taux de cotisation des régimes général et complémentaires sont passés d'environ 15 % dans les années 1980 à environ 30 % aujourd'hui).
L'application du raisonnement individualiste « J'ai droit à ce que j'ai cotisé » conduirait à baisser les pensions de l'ordre de 20 à 30 %. Enfin, les personnes à la retraite ont-elles connu la guerre ou le réchauffement climatique ? Non, ce dernier ne fait que commencer (+ 1,2 °C d'après le GIEC en 2020, avec une trajectoire actuelle d'au moins + 2 °C vers 2050 et + 4 °C à 5 °C vers 2080) et provoquera des conflits violents dans les décennies à venir.
Conclusion ? On n'a pas le droit de qualifier de juste ou de courageuse une réforme des retraites qui ne demanderait pas un effort substantiel aux retraités, au moins à ceux dont les pensions sont supérieures au salaire médian des actifs. Mieux : si beaucoup de retraités donnent du temps ou de l'argent (donations) à leurs enfants actifs, il serait juste, à l'échelle collective, d'instaurer un pacte intergénérationnel qui transférerait une part de la richesse nationale attribuée aux retraites vers la transition énergétique et l'éducation. Gageons que, pour l'avenir de leurs petits-enfants, les retraités l'accepteraient.