"Maintien de l'ordre " : le pouvoir macronien mis en cause par des experts de l'ONU

Publié le par FSC

 

 

Des experts de l’ONU s’inquiètent du « maintien de l’ordre » à la française 

Sept rapporteurs spéciaux des Nations unies pointent un « manque de retenue dans l’usage de la force », « inquiétant pour l’État de droit ». Ils appellent la France à un « examen complet » de ses « stratégies et pratiques en matière de maintien de l’ordre ». 

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Vendredi 16 juin 2023

 

Paris, le 5 décembre 2020. « Comment appeler un gouvernement où les violences policières transforment la police républicaine en milice pour l’oligarchie au pouvoir ? »
© Gonzalo Fuentes/Reuters
Paris, le 5 décembre 2020. « Comment appeler un gouvernement où les violences policières transforment la police républicaine en milice pour l’oligarchie au pouvoir ? »
 

Une nouvel fois l’Etat français est rappelé à l’ordre par des experts de l’ONU sur sa gestion des manifestations. Des experts des Nations unies ont, dans un communiqué publié jeudi 15 juin, fait part de « leur inquiétude face aux allégations d’un usage excessif de la force lors des récentes manifestations contre la réforme des retraites et les projets de méga-bassines en France ».

La manifestation à Sainte-Soline fin mars, qui s’était soldée par un bilan catastrophique dont un pronostic vital engagé, est directement évoquée. « À Sainte-Soline (NDLR Deux-Sèvres ), la police aurait tiré au LBD (lanceur de balles de défense) 40 depuis des quads en mouvement et les secours auraient reçu l’interdiction d’intervenir pour secourir un blessé grave », rappellent-ils alors qu’ un nouveau rassemblement du mouvement écologiste, cette fois contre la LGV Lyon-Turin, vient d’être interdit par la préfecture. 

Les manifestations contre la réforme des retraites dans le viseur

Les manifestations contre la réforme des retraites - au cours desquelles « la répression des forces de l’ordre aurait fait des dizaines de blessés, dont des manifestants, des journalistes, des élus et des passants » - sont également au cœur du sujet. « La police aurait dispersé les foules à l’aide de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement, munitions que la France est le seul pays européen à utiliser lors d’opérations de maintien de l’ordre », s’inquiètent les auteurs de la note avant de pointer « la brigade motorisée “ Brav-M ” » qui « aurait menacé et frappé des manifestants ».

Face à l’argumentaire largement déployé par le gouvernement et les représentants de l’État sur la violence des manifestants, les experts se déclarent « conscients que des actes de violence isolés commis par certains manifestants ont blessé des membres des forces de l’ordre et endommagé des biens publics. Toutefois, tant le nombre de blessés enregistré que la gravité des violences rapportées sont alarmants », ajoutent-ils.

Les experts appellent la France à « respecter ses obligations internationales »

Au total, les sept Rapporteurs spéciaux des Nations unies (mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui ne s’expriment toutefois pas au nom de l’organisation) estiment que  « le manque de retenue dans l’usage de la force à l’encontre des membres de la société civile qui revendiquent de manière pacifique leur participation aux processus décisionnels concernant leur avenir, l’accès aux ressources naturelles, la protection des droits humains, la dignité et l’égalité, serait non seulement anti-démocratique, mais profondément inquiétant pour l’État de droit ».

Ils se disent à la « disposition des autorités françaises pour fournir des recommandations » et les appellent à « un examen complet de leurs stratégies et pratiques en matière de maintien de l’ordre ». Ils invitent également la France à « respecter ses obligations internationales » notamment « en prenant les mesures nécessaires pour enquêter sur les violences commises au cours de ces manifestations et traduire leurs auteurs en justice ».

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