GAZA : Au 100e jour de la guerre à Gaza, la situation humanitaire empire
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SOURCE : Agence France Presse 14 janvier 2024
Au 100e jour de la guerre à Gaza,
La guerre est entrée dimanche 14 janvier dans son centième jour en dépit des appels internationaux à une trêve dans le conflit qui a plongé la bande de Gaza dans une crise humanitaire majeure.
« La mort, la destruction, le déplacement, la faim, la perte et le chagrin massifs de ces cent derniers jours entachent notre humanité commune », a estimé le patron de l’agence d’aide aux réfugiés palestiniens de l’ONU (UNRWA), Philippe Lazzarini, en visite dans le territoire côtier.
Il a par ailleurs souligné qu’une génération entière d’enfants de Gaza était « traumatisée », que les maladies continuaient à se propager et que la « famine » était en vue.
Les bombardements et les échanges de tirs incessants sur l’étroite langue de terre ont tué au moins 23.843 personnes, principalement des femmes, des adolescents et des enfants, selon le dernier bilan du ministère local de la Santé.
Le blocus israélien, renforcé avec la guerre, provoque de graves pénuries de vivres et de carburant dans toute la bande de Gaza où le système de santé s’effondre chaque jour davantage.
« Personne ne nous arrêtera »
Les craintes d’un embrasement régional grandissent après de nouvelles frappes contre les Houthis qui multiplient les attaques en mer Rouge contre des navires marchands qui seraient liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens.
Les Etats-Unis ont déclaré que leur forces avaient atteint un « site radar au Yémen » après que des sites de ces rebelles yéménites eurent été touchés par des frappes américaines et britanniques.
« Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni "l’Axe du Mal", ni personne d’autre », a martelé Benjamin Netanyahu lors d’une conférence de presse à Tel-Aviv, en référence notamment à la requête de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice accusant Israël d’acte génocidaire à Gaza.
Le chef d’état-major de l’armée israélienne Herzi Halevi a, lui, assuré dans la foulée que son pays mène une guerre « juste » pour défendre « son droit à vivre ici en sécurité ».
Crier
Samedi 13 janvier encore, l’armée israélienne a pilonné la bande de Gaza, où au moins 60 personnes ont été tuées, selon le ministère de la Santé local.
« Nous nous sommes mis à crier, je ne pouvais plus bouger, c’est quelqu’un qui m’a sortie des décombres et mise sur une charrette », raconte Nimma al-Akhras, une Palestinienne de 80 ans dont la maison a été détruite par les bombardements.
Devant l’hôpital al-Najjar de Rafah, à la frontière avec l’Egypte, des dizaines de personnes prient autour de dépouilles de proches.
Bassam Arafa, qui a fui le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande côtière, brandit la photo d’une fillette sur son téléphone: « cette petite fille, qu’est-ce qu’elle leur a fait? Elle est morte affamée, avec un morceau de pain dans la main ».
« Voici la résistance qu’ils visent à Gaza, ce sont juste des enfants. »
Répercussions « dévastatrices »
Un journaliste de l’AFP à Rafah a constaté samedi que les télécommunications avaient été partiellement rétablies au lendemain d’un communiqué de Paltel, principal opérateur palestinien, signalant une panne.
Paltel n’a pas confirmé la reprise du service mais a déclaré qu’une frappe israélienne avait tué deux de ses employés à Khan Younès alors qu’ils réparaient le réseau.
La pluie et le froid, qui se sont abattus sur la région, rendent encore plus difficile la survie au quotidien des familles, qui campent dans la cour du complexe médical al-Nasser.
« Mais où pouvons-nous aller », se lamente la quadragénaire Nabila Abu Zayed.
L’ONU estime que 1.9 million de personnes, soit près de 85% de la population, ont dû quitter leur logement.
Nombreux sont ceux qui cherchent un refuge à Rafah ou dans d’autres localités du sud de ce petit territoire alors que le ministère de la Santé local répète qu’il n’y a pas d’infrastructures pour les accueillir.
Son porte-parole accuse Israël de « cibler délibérément les hôpitaux (...) pour les mettre hors service » et met en garde contre des « répercussions dévastatrices ».
Les hôpitaux, pourtant protégés par le droit international humanitaire, ont été frappés dans le territoire à plusieurs reprises par l’armée israélienne.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), moins de la moitié des hôpitaux de la bande de Gaza fonctionnent, et ce, partiellement.